Dans notre industrie, nous allons constamment explorer les défis reliés au vieillissement de la population sous les angles de la protection des clients, de la perte de capacité de ceux-ci, du risque de longévité, de la transmission du patrimoine, etc.

Pourtant, alors que la moyenne d’âge des professionnels des services financiers flirte allègrement avec les 55 ans et que nous abordons régulièrement, comme industrie, les problèmes reliés au recrutement et au maintien en carrière de jeunes talents, nous n’avons pas ou peu réfléchi à la question des capacités de nos propres ressources. Ironique? Je ne sais pas…

Désamorçons tout de suite ici une critique que certains pourraient m’adresser : je ne cherche pas à jouer la carte de l’âgisme, de la mise à la retraite ou la mise à l’index des professionnels plus âgés. Nous avons tous en tête des exemples de professionnels ayant des décennies d’expérience qui continuent, même à un âge vénérable, de bien conseiller leurs clients.

Mais alors que nous pouvons et devons célébrer ces exemples, il ne faudrait pas oublier une autre réalité : celle où des conseillers n’ont plus la capacité ou les ressources pour bien accompagner leurs clients. En ce cas, ils représentent un danger pour leurs clients, pour eux-mêmes et pour l’industrie toute entière.

Il n’y a pas d’âge pour être dépassé me direz-vous. Vous avez raison.

Mais il y a une différence fondamentale entre un mauvais professionnel qui sera mauvais tout au long de sa carrière et que nous avons, collectivement, intérêt à sortir du circuit et un professionnel qui a eu un parcours honorable puis qui voit le temps faire son œuvre et ses capacités décliner.

Alors que dans le premier cas, nous n’aurons aucune difficulté à encadrer, avertir et sévir, le second peut apporter son lot de complications dans la manière dont il faut aborder le cas.

C’est une réflexion qui m’occupe depuis un certain temps. Elle n’est pas complète et je ne suis pas un spécialiste des questions reliées au vieillissement. Je me propose toutefois de partager avec vous certaines pistes de réflexions afin, peut-être, d’éveiller les esprits et de mettre à profit plusieurs têtes.

1- Quels sont les signes concrets que les capacités d’un représentant diminuent au point où la qualité de son travail en sera affectée?

2- Outre que de constater des erreurs ou manquements, y-a-t-il moyen d’intervenir plus tôt, en amont et en prévention?

3- Dans quelle mesure est-il possible pour le cabinet ou le courtier d’accompagner le conseiller afin de lui permettre de conclure sa carrière honorablement sans courir de risque?

4- Outre les manquements aux règles et procédures, quelles sont les lignes rouges à ne pas franchir pour le conseiller dont les capacités déclinent et qui devraient être surveillées?

Ces questions sont très génériques et peuvent possiblement trouver autant de bonnes réponses qu’il y aura de répondants. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer la difficulté d’intervenir en situation réelle.

En effet, le conseiller sujet de nos préoccupations aura son histoire, nous aurons possiblement beaucoup de respect pour lui et son parcours, il sera apprécié de ses pairs et de ses clients et nous ne voudrons pas le brusquer. Il sera donc délicat d’intervenir, d’où l’idée d’y réfléchir dès maintenant.

Autrement, nous nous retrouverons en réaction à un problème que nous aurions dû prévoir, ce qui n’est jamais idéal.