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Cet avantage peut être d’obtenir un produit ou un service d’une plus grande qualité, d’une durabilité accrue, de répondre à des critères éthiques, esthétiques ou particuliers ou encore d’être livré dans un délai ou un format hors norme.

Nos clients ne font probablement pas exception à cette règle.

Mais alors que dans la large majorité des autres domaines de la consommation ou de la prestation de services le marché est libre de se réguler lui-même et de fixer ses prix en fonctions de l’offre et de la demande, notre réalité est plutôt différente en matière d’investissement.

Réglons tout de suite un élément bien simple : nous sommes tous d’accord pour que le client obtienne le meilleur prix possible.

Attaquons maintenant le nœud du problème : l’obtention de ce meilleur prix possible dépend du coût des produits et services qu’obtiendra le client, lesquels dépendent d’une multitude de facteurs.

Le coût du produit en lui-même, la rémunération du gestionnaire, celle du courtier et du conseiller, les frais d’opération, de plate-forme ou de conformité, les frais légaux et comptables, les taxes et j’en passe. Chacun de ces éléments a un impact sur le coût final du produit et des services obtenus par le client.

Chacun de ces éléments est pourtant, dans bien des cas, un maillon essentiel d’une chaîne permettant aux clients d’investir leur argent sur les marchés et de ne pas y laisser leur chemise.

Et chaque acteur de chacun de ces éléments cherchera à obtenir un traitement suffisant pour les efforts et l’expertise déployés, ce qui est parfaitement légitime.

Mais voilà que depuis plusieurs années déjà, le débat sur les frais fait rage et prend beaucoup d’espace dans l’industrie ainsi que chez les investisseurs.

Ce débat est sain en soit puisqu’il mène les investisseurs à se questionner sur la valeur des produits et services qu’ils obtiennent pour le prix payé et pousse les acteurs de l’industrie à réduire des marges qui étaient parfois, disons-le franchement, un peu trop larges par endroit.

Cela dit, la persistance du débat et, dans certains cas, sa virulence mènent parfois à des excès qui minent les progrès obtenus.

À ne chercher que le meilleur prix, on met de côté des éléments essentiels tels que la qualité, l’excellence et la transparence qui sont pourtant tout aussi bénéfiques au client que l’obtention d’un faible prix, sinon plus.

Ce débat, il est mené depuis longtemps par certaines associations de défense des consommateurs, certains lobbys ou certains joueurs de l’industrie et a fini par faire des adeptes jusqu’au sein de certains régulateurs.

Je le répète : il est sain de débattre de ce qu’est un juste prix pour le client et d’exiger qu’il l’obtienne. Mais nous entrons possiblement dans une époque où la plus grande part du chemin a été parcourue et où chaque réduction de prix additionnelle pourrait avoir un impact sur la qualité des produits ou des services obtenus.

L’autre risque étant que, pour justifier un prix plus élevé, certains acteurs laisseront miroiter une offre de service accrue alors qu’en réalité, ce ne sera que poudre aux yeux.

Au-delà du débat, la réalité sur la chasse aux frais

Au-delà de ce débat, existe une réalité encore plus concrète.

Dans le cadre de son processus d’inspection des courtiers du Québec ces dernières années, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a tracé une nouvelle ligne engageant la responsabilité de ceux-ci en matière de frais.

En effet, bien qu’il n’existe aucune norme prescriptive ou précise sur les obligations du conseiller ou du courtier en matière de choix des produits d’investissement les moins coûteux pour le client, l’AMF a imposé à certains courtiers de rembourser aux clients les frais supplémentaires encourus lorsqu’ils étaient investis dans une série de fonds plus onéreuse que celle à laquelle ils auraient eu droit.

Par exemple, un courtier qui aurait laissé un client investi dans une série A d’un fonds alors qu’il aurait pu se qualifier pour une série moins onéreuse du même fonds est susceptible d’être blâmé et forcé de rembourser le client pour la différence qu’il a payé en trop.

Que ce soit le manufacturier qui ait réellement empoché la différence n’y change rien. C’est le courtier qui a dû payer la note.

À notre connaissance, la position de l’AMF se base sur l’obligation générale de connaissance du produit et de convenance. Une telle interprétation n’est certes pas dénuée de tout sens mais est quand même audacieuse et très intrusive considérant l’approche par principes de la réglementation.

À notre connaissance, il n’y a pour le moment que l’AMF qui ait adopté cette ligne rigide pour les courtiers qui ne distribuent pas que des produits maison.

S’il est à souhaiter que le client paie toujours le juste prix (et le plus bas possible) pour un produit donné, il demeure important que l’industrie puisse évoluer dans un cadre clair qui ne porte pas à interprétation. Si le régulateur souhaite emprunter la voie de la sanction, il devrait obtenir un changement réglementaire clair avant d’aller de l’avant.

Et dans un monde où certains courtiers font affaire avec plusieurs dizaines de manufacturiers, lesquels ont tous leurs programmes de réductions de frais, de rabais ou de séries à prix réduits avec des critères variables et changeants à travers le temps, il devient difficile de s’assurer que tous les clients ont, en tout temps, accès à la série aux plus bas frais possible.

L’industrie doit se mobiliser pour se doter d’outils permettant d’y arriver. Ce n’est que lorsque les courtiers, les manufacturiers, les intermédiaires comme Fundserv et les fournisseurs de solutions logicielles avanceront ensemble qu’une réelle solution sera possible.