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Besoins illimités, ressources limitées

À la question : « Quand aimeriez quitter pour la retraite et avec quel niveau de revenus? », beaucoup de particuliers seraient probablement tentés de répondre : « Dès que possible avec les meilleurs revenus possibles! » La pandémie a possiblement exacerbé ce sentiment. On devra toutefois considérer les ressources du particulier. Par ressources, on entend habituellement : (liste pas nécessairement exhaustive) :

  • Actifs déjà épargnés (REER, CELI, immobilier, etc.)
  • Capacité à générer des revenus (et pour combien de temps) avant la retraite (et pendant celle-ci?)
  • Santé du particulier et de ses proches (qui influencera fortement l’élément précédent)
  • Capacité d’épargne future
  • Participation potentielle à des régimes de retraite
  • Participation potentielle à des régimes d’accumulation (avec cotisation de l’employeur)
  • Présence de véhicules subventionnés (REEE, REEI, Fonds de travailleurs, etc.)
  • Présence d’un conjoint (avec les possibilités de fractionnement que cela peut entrainer)

Quoique ces différentes ressources soient toutes limitées de différentes façons, il est parfois possible d’augmenter celles-ci (en changeant d’emploi, en modifiant ses habitudes d’épargnes, etc.). Il y a toutefois une ressource qui ne pourra habituellement pas faire l’objet d’une augmentation : le temps.

L’ultime ressource limitée

Les Cowboys fringants illustrent parfaitement ce propos[1] :

Et l’homme ordinaire met sa montre à l’heure

Car soudainement le temps vient à manquer

Si jadis il n’était pas un facteur

Ce dernier devient précieux et compté

En planification de la retraite, le temps peut « manquer » de différentes façons. Notamment en phase d’accumulation, on ne compte plus les articles qui présentent l’effort d’épargne requis entre 25 et 60 ans par rapport à celui requis entre 45 et 60 ans pour arriver au même résultat illustrant ainsi le coût d’avoir attendu. On peut aussi mentionner un REEE ouvert trop tard faisant perdre partiellement le potentiel de subvention même en rattrapant. Enfin, on peut souligner les défis découlant d’avoir trop attendu avant de planifier sa retraite.

Une chroniqueprécédente, celle d’août 2020, traitait du concept de l’Espérance de vie ajustée sur la santé (EVAS). Il s’agit essentiellement des années moyennes restantes de vie en bonne santé.  On y soulignait :

« Si un homme de 65 ans peut s’attendre à vivre en moyenne 19,2 années, 25% de celles-ci seront vécues, en moyenne, en moins bonne santé. Si une femme de 65 ans peut s’attendre à vivre en moyenne 22,0 années, plus de 30 % de celles-ci seront vécues, en moyenne, en moins bonne santé. »

On peut conclure que pour l’homme de 65 ans précité, en moyenne 14,4 années des 19,2 qui lui restent seront des années durant lesquelles il sera en bonne santé. Pour la femme de 65 ans, en moyenne, 15,3 années des 22,0 qui lui restent seront des années durant lesquelles elle sera en bonne santé.

De ces chiffres, deux constats peuvent être tirés :

  • En moyenne, l’homme de 65 ans qui décide de travailler une année de plus vient de « sacrifier » 6,9% des années en bonne santé qu’il lui reste (une année divisée par 14,4), la femme de 65 ans qui décide de travailler une année de plus vient de « sacrifier » 6,5% des années en bonne santé qu’il lui reste (une année divisée par 15,3). Le terme « sacrifier » est évidemment lourd de sens mais vous comprendrez l’image. L’optimisation du temps en bonne santé qu’il nous reste semble donc primordial!
  • S’il semble difficile (impossible?) d’allonger le temps qu’il nous reste en ce bas monde, il est peut-être possible d’influencer (augmenter?) le poids relatif des « bonnes années » restantes sur les années restantes. Un plan de planification de la retraite devrait peut-être s’accompagner d’un plan de gestion (amélioration) de la santé!

 

En conclusion

En conclusion, le « bon temps » qu’il nous reste constitue définitivement une ressource limitée, nous pouvons travailler sur deux tableaux : Optimiser l’usage qu’on en fait et tenter de l’augmenter par la santé!

Martin Dupras, a.s.a., Pl.Fin., M.Fisc, ASC
Fellow de l’IQPF
ConFor financiers inc.
Septembre 2021

[1]Tiré de la chanson L’horloge