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Le représentant a adopté une stratégie de placement à risque élevé qui ne convenait pas à sa mère. Axés sur une grande concentration de titres de sociétés pétrolières, gazières et minières, ces titres spéculatifs faisaient partie d’une stratégie à long terme, jamais mise à jour.

La gestion de ce portefeuille reflétait plutôt un désir; non de convenir à la défunte, mais surtout de profiter à la succession composée du représentant et de sa sœur.

De plus, ce représentant effectuait des transactions discrétionnaires dans le compte de sa mère.

Enfin, il a signé le nom de sa mère sur les formulaires d’ouverture de compte pour « gagner du temps ».

Plusieurs aspects de ce dossier me choquent ;

  • Ce représentant à une longue expérience puisqu’il est dans le domaine financier depuis 2003, il a travaillé comme directeur de succursale adjoint en 2007, puis directeur de succursale en 2012. Il était aussi responsable des contrats d’options.
  • Plusieurs mises à jour avec des stratégies de placement de plus en plus risquées, dont des négociations d’options de niveau 4 (le plus risqué); à l’époque, Madame avait 80 ans et vivait depuis 9 mois dans une habitation sécurisée pour personnes âgées.
  • Avec cette mauvaise gestion, les comptes de sa mère ont subi une perte totale de 617,740 $ soit 91 % du portefeuille.
  • Madame détenait sept comptes ;
    1. Un compte au comptant
    2. Un compte sur marge en dollars canadiens;
    3. Un compte d’options sur marge en dollars canadiens;
    4. Un compte d’options su marge en dollars américains;
    5. Un CELI
    6. Un FERR
    7. Un REEE…

Tous ces comptes pour une veuve à la retraite âgée de plus de 75 ans ? D’autant plus que Madame avait clairement exprimé son désir de détenir des placements offrant une croissance forte et sûre, et visant à limiter les placements à haut risque à 10 % de son portefeuille.

Les objectifs n’étaient clairement pas appropriés pour Madame qui était vulnérable et avait besoin d’un revenu régulier et constant pour l’aider à payer ses soins médicaux et ses frais de subsistance. Or, il s’avère que le portefeuille contenait une concentration de titres des secteurs minier, pétrolier et gazier qui s’est élevée de 59 % à 99 %, augmentant considérablement le risque.

Que s’est-il passé ?

  • Ces placements inadéquats n’ont pas été signalés par la Conformité;
  • Le nombre et la nature des comptes ouverts n’ont pas soulevé de questions ;
  • L’intimé n’avait aucune autorisation écrite pour effectuer des opérations discrétionnaires dans les comptes, et ceux-ci n’étaient pas désignés comme des comptes carte blanche.

Il est crucial que les superviseurs ouvrent tout grand leurs yeux et leurs oreilles, dès qu’il s’agit de personnes âgées et vulnérables. La reconnaissance d’un problème passe souvent par la connaissance de ses employés. Dans ce cas-ci, l’intimé a manqué à son devoir de protection envers sa propre mère, et la firme a manqué à son devoir de protection envers une personne vulnérable. Manifestement, personne n’était au courant de la situation de la mère de ce directeur de succursale, et les indicateurs (nombre de comptes, placements inadéquats…) n’ont pas fait sonner d’alarme dans le processus de vérification.

Personne n’a pris la peine d’interroger Madame sur le nombre de ces comptes, par exemple, ou sur ces transactions inhabituelles et inappropriées. Le fait que son fils soit un employé de la firme ne le protège pas d’une enquête ou à tout le moins d’un questionnement.

Dès que l’on révise des comptes de personnes âgées, il faut apporter une attention particulière à la situation financière et surtout s’interroger sur les capacités de compréhension des clients.

Comme superviseur, il faut poser des questions, aller plus loin que la simple révision des comptes, des objectifs et de la situation financière. Les personnes âgées vulnérables ont besoin de protection et d’écoute, et ce cas illustre bien que; malgré toutes les publications, webinaires et bonnes résolutions, il y a encore un gros travail à faire pour les protéger.