Vie universelle: victime des attentes et des taux d'intérêt

« Au Canada, il y a une baisse des ventes de vie universelle, et ce, à travers l’industrie, indique Marie-Élaine Gaudreault, directrice principale Marketing et formation chez l’Industrielle Alliance. Selon des chiffres de LIMRA Canada, les ventes au deuxième trimestre de 2014 étaient à peine positives par rapport à la même période en 2013. Pour ce qui est du premier trimestre de 2014, elles étaient en baisse par rapport à 2013.»

Comme dans beaucoup de produits permanents, la baisse des taux d’intérêt a aussi fait des victimes en assurance vie universelle où les assureurs ont dû augmenter leurs primes tout en éliminant des options de placement jugées trop coûteuses à maintenir. Moins attrayants et moins abordables, ces produits ont été délaissés par certains clients.

« On observe que les ventes de vie universelle se sont déplacées vers les vies entières, soutient Marie-Élaine Gaudreault qui observe cette tendance depuis au moins quatre ans. Certains clients se disent qu’au prix où la vie universelle est, ils préfèrent opter pour une vie entière traditionnelle, une vie entière participante ou une assurance temporaire offrant une possibilité de conversion en assurance permanente plus tard.»

Plusieurs clients se seraient alors tournés vers les assurances vie entière avec participation, un produit qui comble le besoin d’assurance permanent tout en offrant une possibilité de croissance à travers les participations versées par l’assureur.

« Ce sont deux assurances qui génèrent des valeurs, note Mathilde Lavoie-Morency, directrice Commercialisation des produits chez MICA Services financiers. Ces deux produits peuvent convenir à une clientèle similaire, mais le coût de l’assurance et la façon dont la valeur s’y accumule sont très différents. Une vie entière avec participation va être plus chère en coûts d’assurance qu’une vie universelle alors que la valeur accumulée dans la vie universelle sera beaucoup plus volatile que celle d’une vie entière.»

Les chiffres des ventes d’assurance vie entière bénéficieraient clairement de l’apport positif des vies entières avec participation, précise Jo-Anne Cliche, chef de produits Vie chez Desjardins: « Il faut faire attention, les chiffres de LIMRA regroupent les vies entières et les vies entières avec participation. Si on décortique ces chiffres, ce sont les vies entières avec participation qui ont connu une croissance phénoménale. Pour la vie entière traditionnelle, c’est le statut quo.»
Parfois mal comprise par les conseillers et mal expliquée aux clients, l’assurance vie universelle s’est révélée beaucoup plus coûteuse qu’initialement escomptée par plusieurs. Au contraire, peu de clients qui ont fait l’achat d’une assurance vie entière dans les années 1990 ou 2000 sont mécontents.

« Il y a même beaucoup de clients qui ont reçu des montants importants à la suite de démutualisation de certaines grosses compagnies d’assurance, ajoute Mathilde Lavoie. De plus, les rendements offerts par les vies entières participantes sont très intéressants et très stables. Ces produits ont offert une valeur successorale très intéressante.»

L’assurance vie universelle serait aussi victime du succès du compte d’épargne libre d’impôt (CELI) qui représente un abri fiscal semblable: « Avant, les gens maximisaient leur REER et utilisaient la vie universelle puisque le taux de rendement de sa portion placement croissait à l’abri de l’impôt, explique Jo-Anne Cliche. C’est exactement le rôle du CELI qui est un véhicule d’épargne très accessible. Ce n’est pas la seule chose qui a réduit les ventes de vie universelle, mais c’est l’une des raisons.»

Est-ce que les assurances vie universelle sont appelées à disparaître? Pas nécessairement, c’est plutôt des produits plus faciles à comprendre et à expliquer qui devraient apparaître sur le marché, selon Jo-Anne Cliche: « J’ai l’impression qu’on ira vers la simplification des produits puisque, après-tout, c’est le représentant qui doit expliquer le produit à son client.»

Photo Bloomberg