Pl.Fin. : finie la procrastination dans les demandes de certificats à l'AMF

Lorsque les taux d’intérêt sont bas, pour un même montant investi dans l’achat d’une rente, les assureurs proposeront au client une prime mensuelle moins élevée. En effet, dans ce type d’environnement, les assureurs auront plus de difficultés à rentabiliser les placements qu’ils feront avec leurs portefeuilles d’investissement.

« Depuis 18 mois, les taux ont été un gros frein à l’achat des rentes. Les gens sont à peu près convaincus que les taux vont se mettre à monter, explique François Forget, planificateur financier et directeur administratif de Stratégie financière Impact. Ils n’ont peut-être pas tort, mais ils pensaient aussi que les taux allaient monter il y a deux, trois, quatre ans de cela!»

Pour tenter d’expliquer les conséquences du report de l’achat d’une rente, Daniel Laverdière, directeur principal, Planification financière et conseil, à la Financière Banque Nationale, a comparé deux situations : l’achat immédiat d’une rente dont les paiements annuels seront différés d’un an et le fait de reporter d’un an l’achat d’une rente dont les paiements commenceraient immédiatement. Dans les deux cas, le paiement commence au même moment, soit dans douze mois, mais dans la deuxième situation, le client doit placer les sommes en attendant d’acheter sa rente.

Dans le premier exemple, l’argent a été investi dans des bons du Trésor en attendant d’acheter la rente: « Lorsque les taux montent de 2 %, la rente achetée un an plus tard (…) devrait être de l’ordre de 10 % plus élevée que celle achetée immédiatement, note Daniel Laverdière. La corrélation entre la variation de la rente et les taux d’intérêt est de 96 %.»

En somme, en choisissant de placer son argent dans les bons du Trésor, le client risque de voir sa rente augmenter si les taux progressent, mais également de réduire, si les taux descendent durant l’année d’attente. Par ailleurs, ce n’est pas tant le fait d’attendre qui soit défavorable, c’est plutôt de risquer d’être longtemps dans les bons du Trésor qui n’offrent pas des rendements mirobolants en attendant que les taux montent, avertit Daniel Laverdière.

« Le client, qui a un profil équilibré et qui décide de stationner un gros montant d’argent dans des bons du Trésor pendant un an, n’enregistrera qu’un rendement minime durant cette période alors que son portefeuille équilibré original lui aurait peut-être rapporté 5 %, prévient-il. Si les taux ne montent pas, il pourrait perdre du rendement.»

Une deuxième option est de placer les sommes dans un fonds obligataire durant l’année d’attente. La corrélation entre la variation de la rente et celle des taux d’intérêt est alors moindre, soit 61 %. Dans cette situation, lorsque les taux montent de 2 %, la rente dont l’achat a été reporté d’un an devrait être 2 % plus élevée que celle achetée immédiatement. Le fait d’attendre n’a donc pas été très payant, rappelle Daniel Laverdière.

« De plus, les conseillers en placement savent très bien que si les taux d’intérêt montent, le portefeuille d’obligations risque d’être affecté, dit-il. On se retrouve alors avec moins de capital à la fin de l’année pour acheter une rente. Attendre une hausse n’aura donc apporté que peu de valeur ajoutée. »

Si le client opte pour placer son argent en actions canadiennes, la corrélation entre la variation de la rente et celle des taux devient carrément nulle : « On retrouve autant de hausses que de baisses dans le niveau de la rente… c’est la bourse qui décide! De toute façon, mon client qui pense acheter une rente est sûrement conservateur et ne mettra pas 100 % du montant en actions pour un an. Ça ne ferait pas de sens par rapport à son profil d’investisseur.»

Selon le planificateur financier, ce sont les caractéristiques intrinsèques de la rente qui devraient primer sur la situation des taux d’intérêt lorsqu’on évalue l’achat d’une rente : « Se fier au taux, ce n’est pas aborder le vrai problème, dit Daniel Laverdière. Lorsque j’achète une rente, je n’achète pas un taux, mais plutôt une couverture contre le risque de longévité.»

François Forget croit qu’on sous-estime l’utilité de la rente viagère, surtout dans le contexte économique actuel: « Il y a des conjonctures, comme celle dans laquelle on vit présentement, qui jouent beaucoup sur l’attrait des rentes. Attendre, d’accord, mais pour attendre quoi dans le fond? Dans un an le client sera plus âgé, la rente sera donc un peu plus généreuse, mais en attendant il continue peut-être de s’inquiéter.»

Photo Bloomberg