Revenu fixe : dénicher les occasions créées par la baisse des taux

Steve Locke, vice-président principal et chef de l’équipe des titres à revenu fixe à Placements Mackenzie, dit que la décision récemment prise par la Banque du Canada et plusieurs autres banques centrales de réduire leur taux directeur suggère aux investisseurs de s’attendre à ce que persiste une conjoncture à faible rendement.

« Les rendements obligataires pourraient encore baisser », dit Steve Locke alors que les grandes banques centrales, y compris sans doute la Banque du Canada, continuent à baisser leurs taux, « annulant ainsi ce qui était précédemment considéré comme les taux les plus bas dans les rendements obligataires. »

Cette tendance représente un défi considérable pour les investisseurs en quête de revenus. Au Canada, le rendement de l’Indice obligataire universel Canada FTSE TMX était de 1,7 % vers la fin de janvier, contre 2,2 % à la fin de décembre. « C’est l’une des plus grosses chutes de rendement en un mois que nous ayons vues depuis pas mal de temps », dit Steve Locke. (L’Indice obligataire universel Canada représente les titres à revenu fixe de qualité supérieure, où les obligations sont cotées BBB et plus.)

Quand on examine le monde entier, « les baisses des taux directeurs des banques centrales sont devenues routinières, dit Steve Locke. Ces derniers mois, pas moins de 13 banques centrales ont réduit leurs taux, notamment en Inde, au Pérou et au Danemark, ce pays ayant récemment baissé ses taux pour la troisième fois en deux semaines. Cette tendance est aussi partagée par la Banque centrale européenne, qui administre la politique monétaire pour la zone euro.

La BCE va plus loin, dit Steve Locke. Elle s’embarque dans son programme d’allégement quantitatif « anticipé et ambitieux » par lequel elle va acheter une gamme de titres à revenu fixe s’élevant à 60 milliards d’euros par mois au cours de la période allant de mars 2015 à septembre 2016. « De plus, la BCE a suggéré qu’elle pourrait, si nécessaire, prolonger ce programme. »

Ces banques centrales, y compris celle du Canada, agissent pour résoudre les problèmes d’une croissance économique lente ou inexistante et d’une inflation lente ou, dans certains cas, d’une déflation dans les pays et régions sous leur juridiction, dit Steve Locke. Dans le cas de la BCE, ses décisions sont dictées par des préoccupations sur la déflation et la stagnation économique dans toute la zone euro, dit-il.

« L’économie américaine est l’une des rares grandes économies dans le monde qui affiche une croissance solide », dit M. Locke. La Réserve fédérale américaine « continue de signaler la possibilité d’une hausse des taux », tout en reconnaissant les défis économiques des autres pays.

Même si la Fed hausse son taux directeur en 2015 comme on s’y attend généralement, « cette décision sera probablement lente et progressive, dit Steve Locke. Nous avons encore devant nous une conjoncture mondiale de taux d’intérêt historiquement faibles. »

Bien que le marché obligataire anticipe « une politique monétaire légèrement plus stricte » aux États-Unis, il commence à intégrer la probabilité d’une deuxième baisse des taux par la Banque du Canada, dit  Steve Locke. « La Banque centrale du Canada pourrait réduire le taux à un jour de 25 points de base supplémentaires lors de sa réunion de mars. » Cela réduirait son taux directeur (qui est le taux auquel les grandes institutions financières s’empruntent et se prêtent des fonds sur un jour) à 50 points de base.

Le 21 janvier, la banque centrale du Canada a surpris le marché en faisant baisser son taux cible à un jour de 25 points de base, le fixant à 75 points de base. « Cette décision n’avait pas été claironnée par la Banque du Canada, dit Steve Locke. Le marché obligataire a réagi rapidement en faisant baisser ses rendements tout le long de la courbe des rendements, les baisses les plus importantes se trouvant sur le devant de la courbe, dit-il. Une deuxième baisse a toutes les chances de se solder par une réaction moins spectaculaire. »

Le marché obligataire canadien, au diapason avec ses homologues mondiaux, récompense les obligations de très haute qualité. Il ajoute que cela s’est fait aux dépens des obligations aux rendements plus élevés, dans le cadre de ce qui a été une fuite vers la qualité sur le marché obligataire.

À ce stade, dit-il, « nous considérons qu’il y a de la valeur à se procurer sur le marché à rendement élevé et que les obligations à haut rendement et les obligations de sociétés de qualité supérieure aussi bien que les obligations provinciales offrent un rendement équitable ». En 2015, « il est probable que ce ne seront pas les obligations fédérales qui décrocheront le gros lot ».
À Placements Mackenzie, Steve Locke et son équipe gèrent un vaste éventail de mandats, notamment le produit obligataire phare Fonds canadien d’obligations Mackenzie et le Fonds d’obligations stratégique Mackenzie, qui peut détenir jusqu’à 25 % d’obligations à rendement élevé.

À la fin de 2014, le Fonds canadien d’obligations Mackenzie, avec 210 avoirs, avait 46 % en obligations de sociétés, 31 % en obligations provinciales et municipales, et 23 % en titres adossés à des hypothèques du gouvernement fédéral et régis par la Loi nationale sur l’habitation.

Par rapport à son point de repère, l’Indice obligataire universel Canada FTSE TMX, le Fonds canadien d’obligations Mackenzie a une position de surpondération dans les émetteurs d’obligations de sociétés, a presque la même pondération que l’indice dans les obligations provinciales, et une sous-pondération dans les obligations fédérales. La durée du fonds (qui mesure la sensibilité des cours obligataires aux changements de taux d’intérêt et qui est calculée en années) est de 7,2 ans contre 7,5 ans pour la médiane. « Nous augmentons la durée de ce fonds depuis quelque temps, en prévision de la tendance actuelle vers des rendements plus bas », dit Steve Locke.

L’équipe obligataire de Mackenzie étoffe depuis peu la pondération des titres provinciaux dans ce fonds. « L’objectif est de provoquer une hausse du rendement, d’ajouter de la liquidité au portefeuille et d’accroître sa durée », dit Steve Locke. L’équipe trouve une valeur relative au Québec et en Ontario. Le gros des avoirs provinciaux ont des échéances de 10 ans ou plus, ajoute-t-il.

Au sein de sa pondération de 46 % aux obligations de sociétés, le Fonds canadien d’obligations Mackenzie a une position surpondérée dans les titres émis par le secteur financier, à 22,5 % du fonds contre 13,4 % dans l’indice repère. « Les banques émettent beaucoup de titres sur ce marché et nous avons trouvé de la valeur dans les billets de premier rang des banques canadiennes », dit Steve Locke, ajoutant que ces émissions ont aussi contribué à accroître le profil de liquidité du fonds.

Les sociétés émettrices du secteur énergétique représentent 6 % du fonds, contre 4,3 % de l’indice. « Nous n’avons pas changé nos avoirs énergétiques, bien que les écarts sur ces titres soient en train de s’élargir », dit Steve Locke, qui ajoute que les avoirs énergétiques du fonds « sont de haute qualité, et nous sommes parfaitement à l’aise de les posséder ».

Enfin, pour ce qui est du Fonds d’obligations stratégique Mackenzie, Steve Locke remarque que ce portefeuille « de base plus » a actuellement 13,5 % d’obligations à rendement élevé, son maximum mandaté étant de 25 %. L’été dernier, la pondération en obligations à rendement élevé de ce fonds était de 21 %, note-t-il, « et nous l’avons réduite au troisième trimestre de 2014 ».

L’équipe cherche désormais à étoffer de façon sélective ses avoirs en titres à haut rendement, dit Steve Locke. « Certains émetteurs à rendement élevé représentent une relativement bonne valeur et demeurent un moyen important de diversifier un portefeuille à revenu fixe. »