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La faiblesse des taux d’intérêt et l’incertitude provenant des marchés financiers figurent parmi les préoccupations des conseillers et de leurs clients. Comment y font-ils face? Bobby Eng, vice-président, chef de la distribution institutionnelle de fonds négociés en Bourse (FNB) chez Franklin Templeton, fait état de ses observations auprès des conseillers ainsi que de tendances qui touchent le marché canadien des FNB. Voici un résumé d’un entretien avec lui.

Finance et Investissement (FI) : Quelles sont les principales préoccupations des conseillers et de leurs clients ?

Bobby Eng (BE) : L’incertitude et la volatilité des marchés. Les conseillers doivent parler à leurs clients afin de gérer leurs attentes par rapport à ceux-ci. Si on regarde en Amérique du Nord, les marchés sont en hausse de 18-20 % depuis le début de l’année. On a eu des rendements de plus de 10 % l’an dernier.

De plus, les taux d’intérêt sont faibles et les taux d’intérêt réels sont négatifs et cela constitue un défi pour l’éternelle quête de rendement des clients. Cette préoccupation qui était présente par le passé se poursuit encore cette année. Il est parfois difficile d’obtenir du rendement en provenance du marché obligataire. Les clients vont donc souvent vers des catégories d’actif non traditionnelles, comme les obligations à haut rendement, les prêts bancaires de premier rang, le crédit privé, l’immobilier et peut-être même les fonds de couverture.

Enfin, l’inflation est également un défi. Est-ce qu’elle est là pour de bon ou elle ne fait que passer ? Je n’ai pas de boule de cristal pour répondre à cette question.

Les conseillers analysent ces éléments, tentent de repositionner leur portefeuille et regardent du côté des catégories d’actif non traditionnelles pour y parvenir. Par exemple, l’énergie et les matériaux peuvent être pertinents, tout comme la consommation de base dans un contexte inflationniste.

FI : Comment les conseillers composent-ils avec l’attrition naturelle de leur bloc d’affaires, à savoir le fait qu’une portion de leur client décaisse chaque année ?

BE : La vaste majorité des conseillers à qui j’ai parlé ont eu des années records, grâce aux marchés notamment. Beaucoup de professionnels ont augmenté leur bloc d’affaires en accueillant de nouveaux clients et de nouveaux actifs. Cette pandémie, aussi folle qu’elle ait été, a été bonne pour notre industrie. Nous avons été très chanceux sur ce plan.

Pour combattre cette attrition, les gens font une transition de leur bloc d’affaires vers la gestion de portefeuille discrétionnaire. Cela évite de devoir composer avec un client à la fois pour les transactions. Ils peuvent faire des transactions en bloc.

Les FNB ont tendance à bénéficier de cette tendance ainsi que d’autres présentent dans l’industrie, comme l’adoption des comptes à honoraires [basés en fonction de l’actif géré].

FI : Quelles sont les principales tendances que vous observez dans le marché des FNB pour les prochaines années ?

BE : Sur le plan des créations nettes de FNB, l’année 2021 a encore une fois battu tous les records et je m’attends à une autre année record en 2022. Je ne vois pas de ralentissement dans l’utilisation de FNB et dans la croissance des FNB.

On voit également beaucoup d’intérêt des investisseurs dans les FNB gérés activement. Il y a 10 ans, l’actif des FNB gérés activement était d’environ 3 G$ et maintenant, de plus de 73 G$. À l’époque, on trouvait 46 à 47 produits sur le marché canadien et aujourd’hui, c’est plus de 500 FNB.

En 2020, 60 % des produits lancés avaient une forme de gestion active. Depuis le début de 2021, c’est environ la moitié des FNB qui le sont. Il est vraiment clair qu’on va voir plus de produits du genre. Et nul doute aussi que les investisseurs vont être plus nombreux à les adopter et les utiliser, non seulement les investisseurs individuels, mais aussi les conseillers et les investisseurs institutionnels.

FI : Quelles tendances percevez-vous dans l’utilisation de FNB par les conseillers pour les prochaines années ?

BE : Utiliser des FNB pour avoir une exposition au marché des titres à revenu fixe a une tonne de bon sens. C’est très difficile d’acheter les obligations sous-jacentes d’un FNB de titres à revenu fixe, notamment parce que c’est un marché de gré à gré. Avec un FNB, vous pouvez acheter un panier d’obligations, avec un faible écart cours acheteur-cours vendeur et un faible ratio des frais de gestion. Ça rend leur vie beaucoup plus facile.

De plus, pour plusieurs conseillers leurs clients sont canadiens et leurs épargnes sont donc en dollars canadiens. Toutes choses étant égales, leur préférence est de négocier des FNB canadiens, même s’ils peuvent négocier des FNB américains.

FI : L’augmentation du nombre de produits fait que le risque de fermeture d’un fonds est plus grand. Comment vous gérer ce risque chez Franklin Templeton ?

BE : Il y a toujours de la consolidation dans les produits, que ce soit dans les fonds à bêta intelligent, les fonds passifs ou les fonds actifs. Ça fait partie du cours naturel d’une entreprise : au fur et à mesure que l’organisation grandit, il y a des fermetures de fonds. C’est mieux de fermer un fonds que de maintenir un fonds qui n’a pas de traction dans le marché.