Un homme d'affaire tenant des jumelles.
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Pour les clients en quête de revenu, il existe un vaste choix de fonds négociés en Bourse (FNB) sur le marché canadien. Toutefois, chaque stratégie vient avec ses avantages, ses inconvénients et ses risques propres. Et les conseillers et clients doivent bien les comprendre.

C’est ce qui ressort de l’étude Hunting For Exchange-traded Yield, publiée par Marchés mondiaux CIBC en août dernier. On y relève que les stratégies d’options d’achat et de vente couvertes font partie des produits dotés des rendements les plus élevés sur le marché. Ces FNB collectent les primes des options sur les titres qu’ils détiennent. Ces primes complètent le rendement en dividendes du portefeuille sous-jacent et génèrent un revenu supplémentaire fiscalement avantageux. En contrepartie, une partie du potentiel de hausse du portefeuille sous-jacent est plafonnée, selon le rapport.

Dans un article récent, Finance et Investissement faisait une revue de l’offre sur le marché de ce type de FNB. Le présent article parle des cinq autres types de FNB offrant un rendement élevé, selon les catégories établies par Marchés mondiaux CIBC.

FNB axés sur le dividende

Les FNB misant sur le facteur des dividendes ont un ensemble de critères de sélection pour inclure les titres de participation dont les rendements en dividendes sont les plus élevés et les plus constants, selon le rapport.

Certains FNB de dividendes comportent également des critères de qualité supplémentaires, afin que le versement de dividendes soit plus susceptible d’être durable. « Les FNB axés sur les actions canadiennes sont particulièrement intéressants en raison des avantages fiscaux associés aux dividendes admissibles », lit-on dans le document préparé par l’équipe de CIBC dédiée à la recherche sur les FNB, qui comprend Jin Yan.

Contrairement aux FNB qui collectent des primes provenant d’options d’achat ou d’options de vente, ces FNB participent pleinement à la hausse des actions sous-jacentes. Toutefois, ils ont généralement un biais envers les actions de valeur à grande capitalisation et surpondèrent les secteurs sensibles aux taux d’intérêt comme les services financiers, les pipelines et les services publics, rapporte le document.

Parmi les 53 FNB du genre qui existaient sur le marché en juillet dernier, leur rendement sur 12 mois variait de 2 % à 4,5 %. Leur actif total s’établissait à 22,2 milliards de dollars (G$).

Dans son analyse, CIBC présente une quinzaine d’entre eux qui avaient en juillet 50 millions de dollars (M$) ou plus en actif géré. Parmi ce groupe, leur ratio des frais de gestion variait de 0,11 % à 0,66 %. En juillet, les plus importants en termes d’actif géré étaient le iShares Canadian Select Dividend Index ETF et le Vanguard FTSE Canadian High Dividend Yield Idx ETF.

L’étude comprend également une liste de 15 FNB sectoriels à haut rendement. Ceux-ci comprennent un grand nombre de fonds de fiducie de placement immobilier, de fonds bancaires et de fonds d’infrastructure. « Comme pour les FNB à dividendes, il semblerait que les fonds axés sur les titres canadiens soient ceux qui ont le mieux réussi à attirer des actifs », notamment en raison de la fiscalité, selon l’étude.

Ces fonds sectoriels, plus concentrés, ont aussi des frais plus élevés, variant de 0,33 % à 1,26 % selon un tableau regroupant une quinzaine de fonds. En juillet, les plus importants de ce groupe en termes d’actif géré étaient le BMO Equal Weight REITs Index ETF et le CI Canadian REIT ETF.

FNB d’actions privilégiées

Les fonds d’actions privilégiées constituent une autre source de rendement relativement avantageux sur le plan fiscal, d’après l’étude de CIBC. En effet, les dividendes versés sont fiscalement avantageux et proviennent généralement de sociétés de qualité.

Toutefois, ces FNB, tout comme leurs titres sous-jacents d’origine canadienne ont tendance à être sensibles aux variations des taux en raison de la forte proportion de réinitialisations fixes et d’émissions provenant de secteurs plus cycliques.

En effet, le marché des actions privilégiées canadiennes est caractérisé par une proportion importante des actions privilégiées à taux révisable. Ces actions privilégiées ont des rendements qui se révisent périodiquement, avec un écart préétabli par rapport aux taux d’intérêt en vigueur.

« Nous estimons que plus de la moitié des avoirs de la plupart des FNB d’actions privilégiées canadiennes ont des caractéristiques de réinitialisation de taux. À notre avis, ces FNB remplissent un rôle utile en offrant un bon rendement, d’une manière relativement efficace sur le plan fiscal – et pour ceux qui sont convaincus que les taux d’intérêt augmentent, ces FNB sont raisonnablement susceptibles d’y être influencés par cette tendance », lit-on dans le rapport.

Or, les FNB ayant une proportion élevée de privilégiées à taux révisable comportent un risque supplémentaire lié aux taux d’intérêt. De plus, à l’instar de nombreux FNB axés sur les dividendes, le marché canadien des actions privilégiées est dominé par les émissions des secteurs plus cycliques de la finance et de l’énergie.

Parmi les 18 FNB du genre qui existaient sur le marché en juillet dernier, leur rendement sur 12 mois variait de 4 % à 6 %. Leur actif total s’établissait à 7,5 G$. Parmi les 12 d’entre eux qui avaient plus de 50 M$ en actif en juillet, leurs ratios des frais de gestion variaient de 0,50 à 0,96 %. Les plus importants en termes d’actifs étaient le BMO Laddered Preferred Share Index ETF, le Horizons Active Preferred Share ETF et le iShares S&P/TSX Cdn Preferred Share Idx ETF-Com.

Certains FNB d’actions privilégiées offrent l’avantage supplémentaire d’une meilleure liquidité et de coûts d’exécution inférieurs à ceux du marché sous-jacent des actions privilégiées, relève l’étude de CIBC.

Par ailleurs, le marché des actions privilégiées canadiennes a subi des changements structurels, sous l’effet de l’introduction des billets avec remboursement de capital à recours limité (BRCRL) l’an dernier, souligne CIBC.

Ce nouvel instrument hybride, lancé pour la première fois par la Banque Royale du Canada, est une source de capital intéressante pour les émetteurs et a contribué à réduire l’offre d’actions privilégiées au cours des derniers mois. « Depuis l’année dernière, environ 10 % des actions privilégiées canadiennes ont déjà été rachetées. Cette diminution de l’offre est probablement à l’origine d’une grande partie de la surperformance de 5 % de l’indice des actions privilégiées S&P/TSX par rapport à l’indice composé S&P/TSX au cours de la dernière année environ », lit-on dans l’étude publiée en août.

Par ailleurs, le marché des actions privilégiées peut être plus volatil en cas de baisse des marchés.

FNB d’obligations à rendement élevé

Les obligations à haut rendement peuvent offrir des rendements similaires à ceux des actions, tout en étant un peu moins volatiles, et présenter des avantages en termes de diversification. En effet, ces fonds sont souvent exposés aux titres américains, soit un marché plus diversifié que celui du Canada, selon le rapport de CIBC.

Toutefois, étant donné que leurs distributions sont considérées comme un revenu, elles conviennent mieux aux comptes à imposition différée ou exonérés d’impôt. De plus, les auteurs de l’étude font valoir l’enjeu de la retenue d’impôt étranger, laquelle peut représenter un coût irrécupérable.

Ces FNB comportent également des risques, notamment ceux de l’exposition à des émetteurs de moindre qualité dont la notation fait que leur dette est considérée comme spéculative.

Parmi les 34 FNB du genre qui existaient sur le marché en juillet dernier, leur rendement sur 12 mois variait de 4 % à 6 %. Leur actif total s’établissait à 7 G$, notait la CIBC. Parmi les 10 d’entre eux qui avaient plus de 50 M$ en actif en juillet, leurs ratios des frais de gestion variaient de 0,51 à 1,03 %. Les plus importants en termes d’actifs étaient le BMO High Yield US Corporate Bond Index ETF, le Mackenzie Emerging Markets Local Cur Bd Index ETF et le iShares US High Yield Bd Idx ETF (CAD-Hedged).

FNB combinant différentes catégories d’actif

En juillet, on comptait 40 FNB ayant un actif cumulatif de 14,2 G$ dans ce type de FNB. Leur rendement sur 12 mois variait de 2 % à 6 %. Ces FNB combinant différentes catégories d’actif offrent un portefeuille diversifié de titres à revenu fixe et d’actions. Ils sont également offerts selon des allocations Équilibré, Conservateur et Croissance. Or, « la combinaison d’obligations et de titres de participation dans l’actif sous-jacent de ces FNB complique les déclarations fiscales », selon le rapport de la CIBC.

FNB alternatifs

Pour ce type de FNB, les stratégies des gestionnaires sont assez variées et, parfois combinent plusieurs catégories d’actif. Afin de générer du rendement, ces fonds utilisent l’effet de levier. Leur ratio bêta plus faible offre des avantages en termes de diversification du portefeuille, selon le rapport de CIBC.

Cependant, ces FNB alternatifs ont souvent des frais de gestion plus élevés et parfois des frais de performance intégrée supplémentaires (similaires à celles des fonds de couverture).

L’étude réfère au Picton Mahoney Fortified Income Alternative Fund (PFIA), dont le rendement sur 12 mois est supérieur à 6 %. Le fonds prend des positions acheteur/vendeur en obligations d’entreprises, tout en couvrant une partie de son exposition aux taux d’intérêt par l’intermédiaire de produits dérivés.

« Si les FNB alternatifs n’en sont encore qu’à leurs débuts, certains gestionnaires alternatifs, comme Picton Mahoney, ont une longue expérience de la gestion de fonds similaires. Ces FNB utilisent des stratégies semblables à celles des fonds de couverture dans un emballage de FNB et ont généralement recours à une certaine forme d’effet de levier, que ce soit sous la forme d’instruments dérivés, de ventes à découvert ou d’emprunts, dans le but de couvrir les risques de baisse ou d’améliorer le rendement », lit-on dans l’étude.

En plus de ses frais de gestion de 0,95 %, le PFIA perçoit également une commission de performance de 20 % sur les rendements excédentaires par rapport à son seuil high water mark et à son taux de rendement minimal (hurdle rate).

En juillet, on comptait 24 FNB alternatifs ayant un actif cumulatif de 2,1 G$ dans ce type de FNB. Leur rendement sur 12 mois variait de 2 % à 6 %.