Un homme en costume avec une loupe posé contre l'oeil gauche.
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Alors que les fonds communs affichaient des rachats nets de 35 milliards de dollars (G$) de janvier à novembre 2022, les fonds négociés en Bourse (FNB) inscrits à la cote au Canada ont enregistré des créations nettes de 35 G$ pour l’année 2022, pour lesquels les fonds indiciels ont attiré le plus d’actif. Il s’agit d’un des faits saillants de l’année dernière, découlant d’une analyse de l’année de Banque Nationale Marchés financiers (BNMF) et de Valeurs mobilières TD. En voici quelques éléments.

Les FNB plus populaires que les FCP, mais…

Les créations nettes des FNB par rapport aux rachats nets affichés dans le secteur des fonds communs de placement (FCP) en 2022 cachent une autre tendance, révèle BNMF. En effet, si on inclut les résultats de 2021, sur une base de deux ans, les ventes nettes dans les FCP restent importantes. Elles sont ainsi évaluées à 76 G$.

« Même au rythme actuel, les FNB ont encore un long chemin à parcourir avant de devenir l’outil de gestion d’actifs dominant. Cela dit, dans des marchés volatils comme ceux-ci, la liquidité intrajournalière des FNB, ainsi que leur faible coût et leur transparence, sont attrayants pour les investisseurs institutionnels, les particuliers et les conseillers », lit-on dans l’analyse de BNMF.

Les FNB d’actions indiciels dominent, mais…

Parmi les FNB d’actions, les fonds indiciels dominent le classement sur le plan des créations nettes. « Il est vrai que les FNB à faible coût, pondérés en fonction de la capitalisation boursière et offrant une large exposition dominent toujours le classement. Au total, la catégorie des FNB pondérés en fonction de la capitalisation boursière a recueilli 6,8 G$, soit 50 % du total des flux nets d’actions », indique la BNMF.

Or, les auteurs de la note observent une légère baisse de la part des FNB pondérés par la capitalisation boursière dans le total des flux de FNB d’actions.

« Au cours des cinq dernières années, l’empreinte des FNB pondérés par la capitalisation boursière a diminué, passant d’une moyenne de 65 % des créations nettes de FNB d’actions de 2018 à 2020 à environ 55 % au cours des deux dernières années civiles. Les FNB thématiques (y compris les FNB ESG (environnement, social et gouvernance)), les FNB de dividendes/revenus et les FNB sectoriels occupent une part croissante de l’espace d’esprit des investisseurs », lit-on dans la note écrite par Daniel Straus, Tiffany Zhang et Linda Ma.

Valeurs mobilières TD analyse également la petite histoire des FNB d’actions indiciels en 2022, laquelle catégorie a affiché 12,6 G$ de nouveaux actifs en 2022, selon leur catégorisation. « Environ 75 % de ces entrées ont eu lieu au premier trimestre de l’année, lorsque la Réserve fédérale américaine (Fed) maintenait encore le taux des fonds fédéraux à environ 0,25 % à 0,50 %. Les FNB passifs ont connu des sorties de fonds en juin, juillet et septembre, lorsque les banques centrales ont relevé rapidement les taux d’intérêt », lit-on dans la note écrite par bon nombre d’analystes de Valeurs mobilières TD, dont Andres Rincon, directeur et chef des ventes et stratégies de FNB.

Les FNB d’actions indicielles les plus populaires en 2022 comprennent le FNB Horizon S&P/TSX 60 (HXT CN) et le FNB Vanguard S&P 500 (VFV CN), qui ont tous deux enregistré des entrées de plus de 1 G$, relève Valeurs mobilières TD. Le FNB BMO MSCI USA ESG Leaders Index (ESGY/F CN) a enregistré les plus importantes sorties de fonds, soit 768 M$, la plupart de ses actifs ayant été transférés vers ses parts non couvertes en dollars canadiens (ESGY CN), selon la note.

Les FNB d’actions à gestion active gagnent du terrain

En raison de la mauvaise performance des marchés boursiers, certains investisseurs se sont tournés vers les FNB d’actions gérés activement. « Par conséquent, les FNB gérés activement ont enregistré des entrées nettes de 6,3 G$ au cours de l’année. En 2022, le FNB d’actions canadiennes durables NBI (NSCE CN) s’est classé en tête avec plus de 1,0 G$ d’entrées, suivi du portefeuille de FNB d’actions Vanguard (VEQT CN) et du portefeuille de FNB d’actions de base iShares (XEQT CN) », lit-on dans l’analyse de Valeurs mobilières TD.

Un intérêt pour les FNB d’options d’achats

Les FNB d’options d’achat couvertes ont accumulé 3,95 G$ en 2022, selon Valeurs mobilières TD. Les trois FNB qui ont accumulé le plus d’actifs sont les FNB BMO d’options d’achat couvertes canadiennes et les FNB BMO d’options d’achat couvertes américaines.

Au Canada, les FNB à options ont atteint un actif sous gestion de 17 G$ répartis entre 129 produits, observent pour leur part les analystes de BNMF. Les FNB d’options d’achat la stratégie dominante avec plus de 90 % de la part de marché des FNB basés sur des options.

« Leurs flux nets ont été positifs chaque année depuis le lancement du premier FNB « d’option d’achats couverte » en 2010 et leur rythme de créations nettes s’est accéléré au cours des trois dernières années, les investisseurs recherchant un revenu et une perception de sécurité dans ce marché volatil. En 2022, les FNB basés sur les options ont accueilli des flux entrants de 4,4 G$, soit le plus haut record de entrées nettes jamais enregistré dans l’histoire relativement longue de la catégorie », lit-on dans la note de BNMF.

Attrait pour les FNB de titres à revenu fixe

Sur le plan des FNB de titres à revenu fixe, ceux-ont ont affiché des créations nettes de 19 G$ en 2022, soit un record annuel. Ce montant correspond à 54 % des créations nettes annuelles des FNB canadiens, selon BNMF.

« Le fonds XBB (FNB de l’indice obligataire universel canadien FTSE/TMX) par l’un des plus anciens FNB d’obligations au monde, ayant été créé en 2000. Il n’a jamais eu une performance aussi négative que celle de l’année dernière », écrivent les auteurs de BNMF.

Les FNB d’indices obligataires universels canadiens offrent maintenant des rendements moyens supérieurs à 4 %, un point d’entrée beaucoup plus attrayant qu’au début de l’année, poursuivent les auteurs.

« Cela pourrait être l’une des raisons pour lesquelles les investisseurs continuent de choisir les FNB d’obligations universelles comme principal véhicule d’exposition ; une autre force motrice de l’afflux de FNB à revenu fixe cette année pourrait être la vente à perte, pour des raisons fiscales, d’obligations individuelles dépréciées, en particulier celles de longue durée », lit-on dans la note de BNMF.

Les FNB de comptes à intérêt élevé pris d’assaut

Par ailleurs, à la fois BNMF et Valeurs mobilières TD soulignent que l’année 2022 a été fructueuse pour les FNB de liquidités, dont l’actif sous-jacent sont des comptes à intérêt élevé détenus chez des banques ou des caisses (credit union).

« Ensemble, les neuf FNB de gestion de trésorerie cotés au Canada ont recueilli des actifs de 8,8 G$ en 2022. Le plus grand bénéficiaire dans cet espace a été le FNB d’épargne à intérêt élevé CI (CSAV CN) avec des entrées de fonds de 3,2 G$, suivi du FNB d’épargne à intérêt élevé Purpose (PSA CN) et du FNB d’épargne à intérêt élevé Horizons (CASH CN) avec des entrées de fonds de 2,0 milliards de dollars et de 1,4 G$, respectivement », écrivent les auteurs de Valeurs mobilières TD.

Contrairement aux FNB traditionnels à revenu fixe dont les prix baissent lorsque les taux d’intérêt augmentent, les distributions des FNB de liquidités augmentent proportionnellement au taux de financement à un jour de la Banque du Canada, tandis que leur valeur liquidative reste stable comme un compte en espèces traditionnel, observe BNMF.

« La catégorie a enregistré des entrées positives chaque mois en 2022, portant ses entrées sur l’ensemble de l’année à un montant record de 8,8 G$, soit plus du double de ses actifs de fin d’année en 2021, d’après BNMF. Les flux entrants se sont accélérés depuis le mois d’août, peut-être parce que la Fed a rassuré les investisseurs sur le fait que le seul pivot qu’elle prévoit est la hausse des taux d’intérêt. »

Une histoire de faibles frais

Banque Nationale Marchés financiers note que plus de 60 % de l’ensemble des actifs et plus de 80 % des créations nettes de 2022 se situent dans les FNB dont les ratios des frais de gestion (RFG) s’établissent dans la fourchette de zéro à 30 points de base (pb). « La plupart des FNB passifs à indice large restent populaires et peu coûteux. »

Dans la fourchette des FNB dont le RFG est de 60 à 80 pb, on enregistre des entrées nettes importantes, car les FNB ESG, d’options d’achat couvertes, de secteurs et de dividendes sont dans ce secteur. Dans les fourchettes des FNB dont le RFG est de 90 pb à plus de 100 pb, on retrouve des FNB à « faible effet de levier », des FNB sectoriels d’options d’achats couvertes et des FNB alternatifs, selon BNMF.

« Contrairement à l’année dernière, où toutes les tranches de frais ont attiré des flux entrants, les fourchettes de 30 à 40 pb et de 50 à 60 pb ont toutes deux subi des rachats, car de nombreux FNB à faible volatilité, à facteurs multiples et à actions privilégiées, qui étaient en mode de rachat, ont tendance à avoir des RFG dans ces fourchettes », écrivent les auteurs de BNMF.

Selon leur analyse des créations nettes et des rachats, les investisseurs adoptent une approche en haltère de l’investissement, selon laquelle ils consacrent une grande partie de leurs portefeuilles à des produits indiciels à faible coût, le reste étant alloué à des FNB plus risqués et plus coûteux, selon BNMF.