Photo du bâtiment de la Réserve fédérale américaine
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Depuis mardi, le premier fonds négocié en Bourse (FNB) américain de bitcoins se négocie. Il s’agit du ProShares Bitcoin Strategy ETF (BITO US), un FNB construit à partir de produits dérivés sur bitcoin et non un FNB de cryptoactif physique. Il arrive plus de huit mois après le premier FNB canadien.

Cet événement historique a été remarqué dans les médias et chez différents observateurs de l’industrie, dont ceux de Banque Nationale Marchés financiers et Valeurs mobilières TD. Voici quelques éléments provenant des rapports qu’ils ont publiés.

D’abord, la première souligne que le ratio de frais de gestion du BITO US est de 95 points de base. De plus, ce FNB investit principalement dans des contrats à terme sur bitcoin, « mais peut également investir dans des FNB et des options d’investissement étrangers qui détiennent directement des bitcoins ». On comprend donc que ce fonds pourrait détenir des fonds canadiens de bitcoin physique, à l’instar d’autres fonds d’investissement américain qui s’accordent cette latitude afin d’avoir une exposition au bitcoin physique.

Valeurs mobilières TD s’était déjà exprimée sur la position de la Securities and Exchange commission (SEC) concernant sa préférence pour les FNB de cryptoactifs basés sur les contrats à terme. Voir l’article suivant : FNB de bitcoins américains : l’hésitation de la SEC analysée.

Le courtier fournit davantage de matière à penser. D’abord, le mot « stratégie » dans son nom « implique que l’émetteur peut avoir la capacité de gérer les positions à terme en cas d’événements extraordinaires, ou même d’investir dans d’autres titres liés au bitcoin (c’est-à-dire des FNB de bitcoins canadiens). « Cette étiquette  » stratégie  » est courante dans d’autres produits à terme aux États-Unis (…) et fournit effectivement au fonds plus d’alternatives pour atteindre sa stratégie d’investissement dans le cas où la stratégie de roulement des contrats à terme est impossible à atteindre », lit-on dans une note dont les auteurs sont sous la direction d’Andres Rincon, director, chef des stratégies et des ventes de FNB chez Valeurs mobilières TD.

Ensuite, la SEC a privilégié les FNB de contrats à terme pour quelques raisons, notamment la surveillance réglementaire existante des bourses de contrats à terme qui n’est pas apparente dans les Bourses de cryptomonnaies, et la garde éprouvée des contrats à terme par rapport à celle des portefeuilles numériques. Toutefois, les FNB de cryptoactifs basés sur les contrats à terme doivent composer avec d’autres risques, dont le risque lié à la courbe des contrats à terme évoqué dans l’article déjà cité.

De manière simple, la forme de cette courbe fait que les FNB basés sur des contrats à terme tendent à sous-performer à long terme par rapport aux FNB basés sur des contrats physiques. Ce risque, qui s’ajoute à d’autres, « s’est déjà manifesté dans la performance des FNB de Bitcoin à terme au Canada », observent les auteurs de Valeurs mobilières. « C’est aux investisseurs de décider si [le fait de favoriser leur protection plutôt que leur portefeuille est] la bonne ou la mauvaise approche », ajoutent-ils.

Par ailleurs, l’arrivée du nouveau FNB américain de bitcoins devrait améliorer la liquidité des contrats à terme sur le bitcoin. « Cela devrait augmenter la liquidité des contrats à terme sur Bitcoin au CME, ce qui devrait favoriser la négociabilité des FNB de bitcoins physiques et basés sur les contrats à terme. Les mainteneurs de marché des FNB basés sur des contrats à terme devront également se couvrir en utilisant le bitcoin sous-jacent, ce qui se traduira par davantage de flux institutionnels dans les Bourses de bitcoins », soulignent les auteurs.

Selon eux, en démocratisant le bitcoin auprès de nombreux investisseurs aux États-Unis par l’intermédiaire d’un FNB, la SEC a réussi à solidifier davantage les marchés des cryptoactifs.

Enfin, Valeurs mobilières TD est déçue que la SEC n’ait pas tenu compte assez de l’expérience canadienne en matière de lancement du FNB de cryptoactif. En effet, le lancement du premier FNB au monde, en février, a conféré à Purpose un avantage concurrentiel sur ses rivaux. Car ce fonds est rapidement devenu celui qui est le plus négocié et qui a attiré le plus d’actif. Les régulateurs canadiens n’ont pas répété l’expérience, approuvant le même jour trois FNB d’éther.

« Ayant eu l’avantage d’observer l’expérience de lancement de FNB de cryptomonnaies au Canada, il aurait été juste de supposer que la SEC choisirait d’approuver plusieurs FNB de bitcoins en même temps. Cela n’a pas été le cas », lit-on dans la note de Valeurs mobilières TD.