Des dessins d'hommes et de femmes d'affaire qui portent un pouce en l'air comme pour voter.
Yutthana Gaetgeaw / iStock

L’économie canadienne a dépassé les attentes avec un net rebond au troisième trimestre, grâce à une balance commerciale plus favorable qui a contribué à la reprise après une contraction provoquée par les droits de douane.

Le produit intérieur brut (PIB) réel a progressé de 2,6 % en rythme annualisé au troisième trimestre de 2025, selon les données de Statistique Canada publiées vendredi.

Ce résultat est nettement supérieur aux prévisions de la Banque du Canada et d’un sondage auprès d’économistes qui tablaient sur une croissance annualisée de 0,5 % avant la publication des données.

Les chiffres du troisième trimestre marquent également un rebond après une contraction de 1,8 % du PIB réel au deuxième trimestre, alors que les droits de douane américains pesaient lourdement sur l’économie canadienne.

Ces résultats ont été révisés à la baisse de deux dixièmes de point par rapport aux précédents rapports de Statistique Canada.

L’amélioration de la balance commerciale au cours du trimestre est l’une des principales raisons de cette croissance, a indiqué l’agence fédérale.

Dans une note à ses clients vendredi, Doug Porter, économiste en chef de BMO, a indiqué que si le taux de croissance global constituait une agréable surprise, les détails étaient plus mitigés, la hausse étant principalement due à un repli des importations.

Les exportations ont légèrement progressé de 0,2 % au cours des trois mois allant de juillet à septembre, après une forte baisse de 7 % entre avril et juin, lorsque les droits de douane américains ont pris pleinement effet. Les importations ont quant à elles chuté de 2,2 %, ce qui représente la plus forte baisse du secteur depuis le quatrième trimestre de 2022, ce qui a contribué à la hausse du PIB.

La croissance des dépenses d’investissement du gouvernement a également stimulé la croissance au troisième trimestre, a indiqué l’agence, notamment grâce à une augmentation de 82 % des dépenses consacrées aux systèmes d’armement par rapport au trimestre précédent.

Le marché de la revente de logements s’est également quelque peu dynamisé au troisième trimestre, malgré un ralentissement de la construction.

La croissance du dernier trimestre a été freinée par une baisse des dépenses des ménages, principalement due à une diminution des achats de véhicules particuliers, et par un ralentissement de l’accumulation des stocks manufacturiers.

La demande intérieure, qui englobe toutes les dépenses de consommation, des administrations et des entreprises, a légèrement reculé au troisième trimestre.

« Les données s’annonçaient volatiles ce trimestre, suite au choc commercial du deuxième trimestre. Il est donc important de s’attarder à la stagnation de la demande intérieure, qui confirme la morosité attendue », a prévenu Andrew Hencic, économiste principal de la Banque TD, dans une note.

Doug Porter a souligné que les révisions apportées vendredi aux résultats du PIB pour 2022, 2023 et 2024 montrent également une hausse de la croissance globale de 1,4 point de pourcentage pour ces années par rapport aux estimations antérieures.

Statistique Canada a averti que ses chiffres du PIB du troisième trimestre pourraient faire l’objet de révisions plus importantes que d’habitude en raison de la récente fermeture des services gouvernementaux américains.

Puisque l’organisme dépend des données douanières américaines pour ses calculs sur le commerce des marchandises, Statistique Canada a dû produire une estimation spéciale pour ses chiffres de septembre afin de remplacer les sources de données traditionnelles, compromises par la fermeture des services gouvernementaux.

L’agence fédérale a également annoncé vendredi que le PIB réel a progressé de 0,2 % en septembre, une légère hausse par rapport à ses estimations initiales, compensant largement le repli de 0,1 % enregistré en août.

Le secteur manufacturier a été le principal moteur de la croissance en septembre, tandis que le secteur des transports et de l’entreposage a connu un rebond grâce à la reprise des activités de voyage après la grève des agents de bord d’Air Canada le mois précédent.

Un repli marqué des dépenses des ménages

Les premières estimations de Statistique Canada pour octobre laissent cependant présager un début de quatrième trimestre difficile.

L’organisme prévoit une baisse du PIB réel de 0,3 % pour le mois, les résultats des secteurs de l’extraction de pétrole et de gaz, des services d’éducation et du secteur manufacturier indiquant des pertes. Ces chiffres préliminaires seront révisés lors de la publication officielle du PIB d’octobre en décembre.

Ces résultats du PIB du troisième trimestre surviennent avant la dernière décision de la Banque du Canada concernant le taux directeur, prévue le 10 décembre.

La banque centrale a abaissé son taux directeur d’un quart de point à 2,25 % en octobre, mais a laissé entendre qu’elle pourrait ne plus le baisser à moins que les données économiques ne s’écartent de ses prévisions.

La Banque du Canada prévoit une croissance modeste de 0,75 % annualisée pour le second semestre de 2025 et une reprise lente pour les années à venir.

Bradley Saunders, économiste pour l’Amérique du Nord chez Capital Economics, a indiqué dans une note que la croissance du troisième trimestre, tirée par les importations, masque une faiblesse sous-jacente de la demande intérieure.

Le repli des dépenses des ménages représente la plus forte baisse trimestrielle enregistrée en près de 20 ans, hors pandémie, a précisé Bradley Saunders.

« Le recul de la consommation des ménages et des investissements des entreprises, conjugué à la faible estimation préliminaire du PIB pour octobre, démontre que l’économie peine à retrouver son élan », a-t-il déclaré.

« En l’absence d’un net rebond en novembre, la croissance devrait être inférieure aux prévisions de la Banque du Canada », a ajouté Bradley Saunders.

Doug Porter a affirmé que le rebond du PIB au troisième trimestre devrait au moins faire taire les craintes de récession pour le moment, car les révisions apportées aux résultats du PIB des années précédentes témoignent d’une économie canadienne plus résiliente qu’on ne le pensait initialement.

« Pour la Banque du Canada, il y a beaucoup de messages contradictoires, mais le bilan global est meilleur que prévu, ce qui la place plus fermement dans une position de statu quo à la réunion du mois prochain », a-t-il déclaré.