Un homme avec un extincteur en train d'éteindre des flammes qui brûlent un signe dollar.
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On saura le 22 mars prochain si le dernier budget déposé par le gouvernement Legault avant l’échéance électorale semble avoir été conçu avec l’espoir d’attirer davantage de votes à la Coalition avenir Québec (CAQ) lors du prochain scrutin, mais on sait déjà qu’il s’apprête à expédier des chèques à l’ensemble de la population pour contrer la hausse subite et marquée de l’inflation.

À la veille du dépôt de son quatrième budget, le ministre des Finances, Eric Girard, s’est prêté lundi à la traditionnelle séance photo le montrant avec une nouvelle paire de chaussures à enfiler, cette fois des espadrilles « performantes » censées illustrer la bonne performance de l’économie québécoise. Mais il dit vouloir se garder de jouer les Père Noël, même à quelques mois du prochain scrutin.

En mêlée de presse, devant ses bureaux situés dans le Vieux-Québec, il a tout de même confirmé que son budget allait inclure des mesures d’aide financière ponctuelles destinées spécifiquement à compenser la hausse récente du coût de la vie. Cependant, contrairement à l’approche privilégiée en novembre dernier, en présentant son mini-budget, les mesures d’aide financières ponctuelles viseront la population en général et non des clientèles cibles.

On verra mardi comment se traduira la générosité du ministre, et quelle sera l’ampleur « des mesures d’application plus générale » annoncées, au moment où les contribuables sont de plus en plus inquiets devant l’inflation galopante et la perte de leur pouvoir d’achat.

En préparant son document, le ministre Girard dit avoir tenu à assurer une gestion responsable des finances publiques, donc non partisane, en présentant un cadre financier prudent. « On prend des décisions dans l’intérêt supérieur du Québec », a-t-il commenté.

Même si le mandat du gouvernement tire à sa fin dans quelques mois, le budget déposé mardi présentera une vision « à long terme », donc étalée sur plusieurs années, du financement des principales missions de l’État, au premier chef la santé et l’éducation.

L’automne dernier, on savait déjà que la reprise économique avait été très forte au Québec en 2021. Cette tendance à la hausse sera confirmée mardi.

Dans son mini-budget de novembre, pour contrer la hausse soudaine des prix à la consommation, Eric Girard avait promis un chèque de 275 $ (400 $ pour un couple) aux personnes seules ayant un revenu inférieur à 50 000 $, soit 3,3 millions de contribuables au total.

En novembre, on estimait alors que l’économie québécoise ferait un bond gigantesque de 6,5 % en 2021. Cette performance sera révisée légèrement à la baisse mardi, mais demeurera forte.

L’année précédente, première année de pandémie, le déficit du Québec atteignait un sommet historique à 15 milliards de dollars (G$). Depuis, il avait déjà fondu de moitié l’automne dernier, à 6,8 G$.

Eric Girard n’a pas dit lundi à combien s’élèverait le déficit pour l’année en cours, selon les plus récentes estimations du ministère des Finances, mais les nouvelles devraient être bonnes, puisque le déficit structurel (pluriannuel) se situera sous la barre des 3 G$, soit la moitié de ce que le ministère avait anticipé il y a un an.

« L’économie a très bien performé en 2021. Une performance exceptionnelle. Le Québec a mieux fait que le Canada, les États-Unis, l’Ontario », a énuméré le ministre, pas peu fier. De plus, le taux de chômage (à 4,5 % en février) demeure très bas, si bien que le Québec a renoué avec le plein emploi. Son problème consiste désormais à s’attaquer avec énergie à la pénurie de main-d’œuvre.

Malgré cette bonne performance, la lutte au déficit budgétaire ne sera pas une priorité. Le retour à l’équilibre budgétaire ne sera donc pas prévu avant 2027-2028. Le gouvernement Legault dit vouloir à ce chapitre ne pas faire de vagues, retrouver l’équilibre budgétaire de la manière « la plus douce possible ».

Cette approche prudente s’explique par le « haut degré d’incertitude » qui règne présentement sur la planète, en raison de la pandémie et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a précisé le ministre, qui tient à se garder une bonne marge de manœuvre, en cas de coup dur ou de récession.

Il évalue le risque actuel que le pays se retrouve en récession à 25 %. En temps normal, ce scénario ne dépasse pas les 10 %.