Deux personnages tentant de redresser une flèche vers le haut.
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Depuis le creux du 23 mars, les indices boursiers américains sont en hausse. Et bien que l’on définisse généralement un marché haussier, comme un marché ayant connu une hausse de plus de 20 % des indices suivant un creux, il est encore un peu tôt pour utiliser ce terme, confie Vincent Fournier, Gestionnaire de portefeuille chez Claret en entrevue avec Les Affaires.

« Tactiquement on a atteint un certain seuil où on a monté de 33 % récemment donc on peut dire que oui on est dans un certain marché haussier. Mais on ne peut pas conclure qu’on va être dans un marché ou un environnement haussier à long terme », précise-t-il.

Les pertes sont loin d’avoir été récupérées, ajoute-t-il. Si on parle d’un rebond de 33 % et d’une chute de 36 % du haut du marché à son creux, il ne manque pas que 3 points de pourcentage pour revenir au niveau d’avant la crise.

« Étant donné que le dénominateur est plus bas à partir du bas, il faut remonter beaucoup plus pour remonter la pente, rappelle l’expert. C’est une définition très simple : si un indice passe de 100 à 50 on peut conclure que c’est une descente de 50 %. Mais pour remonter de 50 à 100, il faut qu’il monte de 50 points, c’est une hausse de 100 %. »

En plus de cela, Vincent Fournier s’attend également à quelques soubresauts, et ce pour plusieurs raisons. Par exemple, les cinq plus gros titres du S&P 500 (Microsoft, Apple, Amazon, Facebook et Google) représentent à eux seuls 20 % de l’indice américain. La dernière fois que l’on a vu un tel niveau de concentration s’en sont suivi des périodes plus difficiles pour ces titres.

Il rappelle également que les taux d’intérêt sont très faibles, il prévient donc les investisseurs de ne pas s’attendre à de très grosses performances au niveau des revenus fixes.

Un rebond qui s’explique

Vincent Fournier cite plusieurs raisons pour expliquer le rebond que l’on peut constater actuellement dans les marchés.

La chute est essentiellement due à un déséquilibre entre acheteurs et vendeurs. Les hedge fund et les investisseurs sur marge ont été forcés de vendre via des appels de marge. il s’agit de gros joueurs qui sont obligés de vendre sans avoir de contrôle sur le montant qu’ils doivent vendre. Une fois que cela est épuisé, on a retrouvé un équilibre entre acheteurs et vendeurs, ce qui peut expliquer une partie du rebond.

Une autre partie s’explique par les mesures prises par les banques centrales et les gouvernements. Ceux-ci se sont concertés pour répondre à la situation avec des actions d’une ampleur sans précédent.

Pour donner une idée, Vincent Fournier rappelle que le bilan de la Réserve Fédérale américaine (Fed) est passé de 6 % à 18 % dans la crise de 2008-2009 et a augmenté encore un peu par la suite pour corriger les effets de la crise.

Sauf qu’aujourd’hui on estime que le bilan de la Fed pourrait passer jusqu’à 30 % du PIB et même aller jusqu’à 50 %.

« La Fed achète pour 620 000 $ d’actifs par seconde présentement. Et on pense que l’effet du gouvernement et de la banque centrale amène un montant d’à peu près 35 % de plus dans le PIB cette année », précise Vincent Fournier.

Ces différentes actions devraient faire en sorte que l’économie en 2021 soit plus saine, conclut-il.