Quatre enfants en train de jouer dans une école maternelle.
olesiabilkei / 123rf

Un gouvernement libéral vient de remettre sur le métier un ouvrage qu’il avait complété en 2006 et qu’un gouvernement conservateur a déchiré, mais le budget fédéral déposé lundi offre très peu de détails sur ce programme national de garderies. Impossible donc de savoir combien Québec va tirer des 30 milliards de dollars (G$) sur cinq ans annoncés dans le budget.

De cette enveloppe, 2,8 G$ iront à des programmes fédéraux déjà en place pour les communautés autochtones. Restent 27,2 G$.

L’objectif de la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, est de reproduire, avec cet argent, le modèle québécois des Centres de la petite enfance (CPE) ailleurs au pays et de s’assurer ainsi d’une offre suffisante de places en garderies à 10 $ par jour.

Comme le Québec a déjà son réseau, il aura une compensation financière, mais on ne sait pas quel ordre de grandeur atteindra ce nouveau transfert.

Le tout est encore à négocier, ont répété les fonctionnaires dépêchés pour expliquer les détails du budget aux journalistes durant le huis clos de lundi.

« Le budget de 2021 propose de mettre en place un accord asymétrique avec le Québec qui permettra d’apporter d’autres améliorations à son système », peut-on lire dans le budget.

Lorsque la somme sera déterminée, devra-t-elle forcément servir au système de services de garde du Québec où il manque quelque 50 000 places en ce moment?

L’argent d’Ottawa sera-t-il accompagné de conditions?

« Pendant 20 ans, le Québec l’a fait tout seul. Maintenant, le fédéral sera là pour aider le Québec, pour aider à l’expansion des garderies. En ce qui concerne les détails, on doit les discuter », a simplement répondu la ministre Freeland lors d’un point de presse tenu à l’intérieur du huis clos.

Et elle a ajouté qu’elle s’attend à ce que parmi les discussions fédérales-provinciales qu’elle aura à mener dans ce dossier, celles avec le gouvernement québécois soient « les plus facile ».

Un calendrier et un vœu

Le premier geste que posera Ottawa grâce à ses 27,2 G$ sera de réduire de moitié les frais moyens de services de garde. Ce sera fait « d’ici la fin de 2022 », précisent les documents budgétaires. « Ces cibles s’appliqueraient partout à l’extérieur du Québec, où les prix sont déjà abordables grâce au système provincial bien établi », peut-on lire.

Une fois cette première enveloppe dépensée, dans cinq ans, le gouvernement fédéral prévoit verser 8,3 G$ par année pour maintenir le programme. Cette somme additionnée à des engagements pris au préalable pour soutenir, entre autres, les garderies dans les communautés autochtones portera la contribution annuelle d’Ottawa à 9,2 G$ par année à partir de 2025-2026.

Le budget Freeland souligne la nécessité de « valoriser » le travail des éducatrices et se désole des « faibles salaires » qu’elles touchent. Ottawa suggère d’offrir des « possibilités de formation », mais ne dit pas comment, par ailleurs, on interviendrait pour valoriser ce travail.

La ministre Freeland n’a pas offert plus de précisions, en point de presse. « On comprend que ça coûte cher et c’est un des éléments qu’on va discuter avec les provinces et territoires », a-t-elle dit de la nécessité d’augmenter les salaires.

Une promesse renouvelée

Ce programme national de garderies, les libéraux le font miroiter depuis les années 1980.

« Ce combat d’un demi-siècle témoigne de la difficulté et de la complexité de cette tâche. Mais, cette fois-ci, nous allons y parvenir », a promis la ministre Freeland lorsqu’elle s’est levée en Chambre pour livrer le discours du budget.

« Le présent budget est notre carte et notre point de départ », a-t-elle ajouté.

« En tant que votre ministre des Finances et en tant que mère sur le marché du travail, je fais cette promesse aux Canadiens aujourd’hui: nous y parviendrons », a assuré la ministre qui déposait là son tout premier budget.