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Le PIB américain a augmenté de 2,3 % en 2019. Si ce taux est décent et marque la 11ème année d’une expansion historiquement longue, cela reste en dessous du taux de croissance constant de 3 % prévu par l’administration Trump, révèle un article récent du Business Insider.

Ces prévisions, pour le moins optimistes, étaient basées sur la conviction que la réduction d’impôts élaborée et adoptée par le président Donald Trump à la fin de 2017 augmenterait le taux de croissance tendanciel de l’économie. Sauf qu’en réalité le 3 % promis n’a été atteint que peu de temps avant de retomber. Difficile dans ce cas-là, de parler de tendance.

Pourtant le président américain et son équipe économique affirmaient que leurs réductions d’impôts, particulièrement la baisse du taux d’imposition des sociétés de 35 % à 21 %, lanceraient un cycle vertueux permettant une croissance durable supérieure aux 2 % des dernières décennies. L’idée était que la baisse d’impôt inciterait les industries à investir davantage en gros équipements ce qui stimulerait la capacité de production de l’économie.

Cette idée n’est pas née dans la tête du président américain et de son équipe, mais a été popularisée par les économistes Art Laffer et Rober Mundell. Ceux-ci affirment que des réductions d’impôts ciblées sur les investisseurs « se répercutent » sur l’ensemble de l’économie, en augmentant la croissance, les salaires et en générant davantage de recettes fiscales ce qui permet de compenser le coût initial de la réduction d’impôts.

Sauf que, pour le moment, les effets désirés se font attendre. Contrairement à ce qui était prévu, les investissements réels des entreprises ont diminué pendant trois trimestres consécutifs, le pire résultat depuis la dernière récession, relève Business Insider.

Pas totalement inutile

Bien que la baisse des impôts n’ait pas eu les effets escomptés, celle-ci n’a pas été totalement inutile et est davantage à considérer d’après les théories économiques de Maynard Keynes.

Ce dernier affirme que dans les périodes où la demande du secteur privé est insuffisante pour atteindre le plein emploi, le gouvernement devrait intervenir et compenser temporairement la demande perdue par des dépenses déficitaires. Ces soubresauts budgétaires donnent un coup de fouet temporaire aux économies en utilisant, pour un temps limité, la demande du secteur public pour compenser la demande du secteur privé qui est à la traîne.

C’est ce qu’a fait la réduction d’impôt en 2018. Les dépenses publiques ont ajouté un peu moins d’un point à la croissance du PIB en 2018, mais à la fin de l’année, cette impulsion s’était estompée et le taux de croissance est passé d’environ 3 % à environ 2 %.

Ces réductions d’impôts n’ont donc pas joué le rôle attendu par l’administration du président Trump, mais elles ont probablement joué un rôle clé pour ramener le taux de chômage à son niveau le plus bas depuis 50 ans, soit 3,5 %.

Pour obtenir les effets désirés par le président Trump et faire en sorte de stimuler la croissance économique structurelle, il faudrait davantage envisager un vaste programme d’investissement public, affirme Jared Bernstein, Fellow Senior au Center on Budget and Policy Priorities, dans le Business Insider.

Rien ne peut garantir que cela stimulera la tendance, mais cela aurait beaucoup plus de chances de le faire que des réductions d’impôts régressives, selon l’expert.