Le choix de l’utilisation de fonds indiciels plutôt que de fonds activement gérés est important, ça ne fait aucun doute. Et bien que les fonds activement gérés comportent plus de variété en fonction des caractéristiques de chaque fonds, de leurs stratégies et ainsi de suite, les fonds indiciels ont aussi leurs différences, quoique certaines puissent être plus évidentes que d’autres.

Ici aussi, le coût est important

Parmi les plus grosses différences entre les fonds indiciels, il y a les frais qu’ils font payer. Des fonds qui sont par ailleurs pratiquement identiques, ce qui veut dire qu’ils pistent le même indice, peuvent néanmoins produire des rendements différents selon leurs frais, puisque les frais des fonds sont déduits de leur rendement. Donc, entre deux portefeuilles identiques, celui qui a les frais les plus bas, donc qui prélève sur les rendements le montant le plus faible, fournira un rendement total plus élevé aux porteurs de parts. (Les fonds indiciels peuvent aussi prêter certains de leurs avoirs pour générer des revenus au fonds et donc réduire l’impact de leurs frais.)

Pour illustrer cela, examinons les fonds qui pistent l’indice le plus utilisé : le S&P 500. Au Canada seulement, la base de données de Morningstar comprend huit différents fonds négociés en bourse qui pistent cet indice (sans compter les multiples versions d’un même fonds), et des douzaines d’autres qui se négocient aux États-Unis. Il y a aussi plusieurs fonds communs indexés au S&P 500, avec des ratios des frais de gestion qui couvrent toute la fourchette des possibilités. L’option la moins chère parmi les FNB cotés à la Bourse de Toronto est le fonds iShares S&P 500 Index (XUS) , qui a récemment réduit ses frais de gestion à 10 points de base (0,10 %) et devrait avoir un ratio de frais de gestion (RFG) aux alentours de 0,11 %. À l’autre extrémité de la fourchette, il y a des fonds communs comme le Fonds indice boursier américain CIBC , qui piste le même indice mais fait payer 118 points de base : plus de 10 fois les frais du FNB le moins cher.

On pourrait penser que cet écart dans les ratios de dépenses, qui s’élève à un peu plus d’un point de pourcentage, n’est pas très élevé. Après tout, que représente 100 $ de plus à payer par an sur un placement de 10 000 $? Mais cette différence de coût a un effet encore plus important sur le rendement d’un fonds lorsqu’il s’accumule dans le temps. Sachez que 10 000 $ investis dans le fonds CIBC il y a 10 ans vaudraient 15 556 $ aujourd’hui (au 15 juillet). Mais le même montant investi dans le Fonds indiciel américain TD – série E , qui a un RFG de seulement 0,35 %, vaudrait 16 755 $. Même indice, mêmes avoirs, mais la différence de coût s’est soldée par un écart de rendement d’environ 1 200 $ sur une décennie.

Les difficultés qu’il y a à pister un indice

Bien que le ratio des frais représente de loin la différence la plus importante entre des fonds qui pistent le même indice, il peut aussi y en avoir d’autres, parmi lesquelles le degré de proximité d’un fonds avec son indice. Par exemple, les gestionnaires d’un fonds qui piste un indice à petite capitalisation comprenant aussi des actions à micro-capitalisation (des actions de très petites sociétés qui peuvent être difficiles à acheter) peut décider qu’il n’est pas rentable d’essayer de posséder toutes les actions de l’indice et préférera avoir recours à une technique dite d’échantillonnage, dans laquelle le portefeuille est conçu pour émuler le rendement des actions difficiles à acheter, en utilisant plutôt des actions liquides qui ont un comportement identique. Les techniques d’échantillonnage peuvent varier d’un fonds à l’autre et contribuer à une autre différence essentielle avec les fonds indiciels : l’écart de suivi.

L’écart de suivi est le degré auquel un fonds indiciel ne parvient pas à reproduire le rendement de son indice de référence au cours d’une période donnée. L’échantillonnage est une source d’écart de suivi. La méthode de rééquilibrage du fonds peut en être une autre. Au fur et à mesure que le temps passe et que les composantes et les pondérations d’un indice changent, le fonds doit acheter et vendre des avoirs pour essayer de s’en rapprocher.

Disons que la technique d’échantillonnage se traduit par une légère sous-pondération d’une poignée d’actions qui se trouvent dans l’indice et qui, par hasard, ont un meilleur rendement. Dans ce cas, il se peut que le rendement total du fonds ne soit pas le même que celui de l’indice, et le fonds sera désormais encore plus sous-pondéré dans ces actions, ce qui occasionnera un écart de suivi. Dans un sens, le ratio des frais du fonds lui-même crée une forme d’écart de suivi parce que les frais sont déduits des rendements.

Comment peut-on savoir si un fonds est en proie à un écart de suivi? Une façon est de vérifier son rendement par rapport à celui de l’indice. L’écart entre les deux devrait être proche du ratio des frais de gestion du fonds. S’il est considérablement plus large, disons de 10 points de base ou plus, on peut en rejeter la faute sur l’inefficacité de la gestion. L’écart de suivi n’est pas nécessairement une mauvaise chose.

En fait, les fonds indiciels dont l’écart de suivi est élevé peuvent se surclasser par rapport à ceux dont l’écart de suivi est faible, et puis certains indices sont tout simplement plus difficiles à pister que d’autres, mais un écart de suivi est généralement considéré comme indésirable si l’on présume que les investisseurs dans les fonds indiciels désirent des rendements proches de l’indice.

Les différences indicielles subtiles

Un autre problème qu’il faut se rappeler quand on compare les fonds indiciels au sein de la même catégorie est qu’ils ne pistent peut-être pas le même indice. Par exemple, la plupart des FNB obligataires canadiens de base pistent l’Indice FTSE TMX Canada Universe Bond (précédemment appelé Indice obligataire universel DEX), toutefois, le FNB Vanguard Canadian Aggregate Bond VAB piste l’indice Barclays Capital Global Aggregate Canadian Float Adjusted Bond. La durée des deux indices est pratiquement la même à environ 7,2 ans, mais l’indice Universe comporte davantage de risques liés au crédit en détenant plus de 30 % de son portefeuille dans les obligations de sociétés, alors que l’indice Barclays détient un peu plus de 21 % en obligations de sociétés.

Ces différences peuvent devenir encore plus complexes lorsqu’on a affaire à des fonds d’actions qui pistent des indices penchant vers la valeur ou la croissance, parce que même si les indices mixtes incorporent ou rejettent habituellement certaines sociétés sur la base de leur capitalisation boursière, ceux qui se concentrent exclusivement sur les actions de valeur ou de croissance appliquent d’ordinaire leur propres filtres fondés sur des variables comme les données fondamentales des sociétés et le prix de leur action. Une société qui se qualifie pour un indice axé sur la valeur peut ne pas se qualifier pour un autre. Par conséquent, les fonds indiciels axés sur la valeur ou sur la croissance peuvent avoir des portefeuilles qui varient davantage de l’un à l’autre que ceux qui pistent un indice mixte, surtout si ce dernier comprend des actions extrêmement liquides.

Les fonds indiciels tendent à être des véhicules de placement assez simples, faciles à détenir et rentables. En vous instruisant sur la manière dont ils diffèrent de l’un à l’autre, vous pouvez contribuer à vous assurer qu’ils se comportent comme prévu.