Le recul du taux de chômage canadien pourrait faire monter le taux directeur
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Plusieurs analystes ont estimé vendredi que le rapport sur l’emploi pourrait suffire à convaincre le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, de hausser de nouveau son taux d’intérêt directeur, plus tard ce mois-ci. La banque centrale a déjà haussé son taux directeur à deux reprises depuis l’été, des décisions attribuées à la vigueur de l’économie.

« Il semble que même si la croissance économique canadienne a ralenti un peu dans la deuxième moitié de l’année, le marché du travail continue de progresser », a observé l’économiste Robert Kavcic, de la Banque de Montréal.

« Nous savons que la Banque du Canada a renoué avec les hausses de taux et elle se fie beaucoup aux données en ce moment, pour ce qui est de déterminer du moment des hausses et de la rapidité à laquelle elles vont avoir lieu. »

« Alors il est assez évident que ceci est un vote pour une hausse certaine en mars, si cette hausse n’est pas devancée à janvier. »

Malgré tout, M. Kavcic hésite un peu à prédire hors de tout doute une hausse des taux d’intérêt lors de la rencontre prévue le 17 janvier.

Il s’attend à ce que M. Poloz étudie minutieusement les résultats du sondage de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises canadiennes, qui seront dévoilés lundi. La banque centrale voudra peut-être attendre que quelques mois de plus se soient écoulés en 2018, afin de pouvoir analyser l’incidence des changements apportés aux règles sur les prêts hypothécaires, a ajouté M. Kavcic.

Cependant, d’autres experts croient que le rapport du mois de décembre suffira à convaincre la banque centrale de bouger plus tôt que tard.

« Les données canadiennes ont entamé 2018 avec panache, le rapport sur l’emploi en décembre présentant un autre gain spectaculaire », a observé l’économiste Nick Exarhos, de la Banque CIBC, dans une note de recherche destinée à ses clients.

« Nous croyons que le rapport d’aujourd’hui est suffisant pour convaincre M. Poloz de hausser les taux plus tard ce mois-ci. »

Dans son plus récent rapport mensuel sur le marché de l’emploi, Statistique Canada a indiqué que le taux de chômage avait reculé à 5,7 % en décembre, par rapport à celui de 5,9 % du mois précédent. Il atteignait ainsi son plus faible niveau depuis 1976, année à laquelle ces données ont commencé à être colligées.

L’économie a créé un total net de 78 600 emplois le mois dernier, dont 23 700 emplois à temps plein, a précisé l’agence fédérale.

Pour l’année 2017 dans son ensemble, l’emploi a progressé de 2,3 % _ son plus fort taux de croissance en 15 ans. Dans les 12 derniers mois, l’économie a créé 422 500 emplois, dont 394 200 emplois à temps plein, selon le rapport de Statistique Canada.

En décembre 2016, le taux de chômage se situait à 6,9 %, a rappelé le rapport. La dernière fois que le taux de chômage avait été de 5,8 % remontait à octobre 2007.

Recul du chômage au Québec

Du côté des provinces, le Québec et l’Alberta ont affiché les plus importantes améliorations le mois dernier, chacune des deux provinces créant plus de 26 000 emplois. Le taux de chômage québécois a chuté de 0,5 point de pourcentage à 4,9 %, tandis que celui de l’Alberta a reculé de 0,4 point à 6,9 %.

Les chiffres de décembre marquaient un 13e mois consécutif de gains pour l’emploi au Canada. Cependant, environ la moitié de ces variations positives se situaient à l’intérieur de la marge d’erreur de l’enquête.

Pour l’ensemble de 2017, l’emploi dans le secteur des biens a grimpé de 3,5 %, tandis que celui dans le secteur des services a progressé de 2,0 %.

L’enquête de Statistique Canada a en outre montré que le nombre de travailleurs âgés de plus de 55 ans a grimpé de 5,3 % au cours de la dernière année. Cela est supérieur au taux de croissance de la population de ce groupe d’âge, qui était de 2,9 %. Le nombre de travailleurs âgés de 25 à 54 ans a grimpé de 1,6 % en 2017.

Dans un rapport distinct, l’agence fédérale a indiqué que le déficit commercial du pays s’était creusé à 2,5 milliards de dollars (G$) en novembre, alors qu’il avait été de 1,6 G$ le mois précédent, parce que la croissance des importations a été supérieure à celle des exportations.