Un doigt touchant un écran interactif faisant apparaître des circuits informatiques.
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Le manque d’investissement technologique dans le secteur de l’assurance vie est un thème récurrent. Nombre de personnes blâment le secteur et le manque d’intérêt des assureurs, mais en réalité le problème est davantage complexe, selon un rapport de recherche publié par Celent.

Le défi fondamental des assureurs vie est la durée de vie de leurs produits. Chez les autres assureurs, quand un nouveau système est mis en place, ils n’ont généralement pas besoin de faire de conversion. Les polices se terminent sur l’ancien système et se renouvellent sur le nouveau. En assurance vie, ce n’est pas aussi facile.

« Les assureurs vie sont confrontés à un horizon beaucoup plus long que les autres types d’assureurs puisqu’ils ont dans leurs systèmes des polices qui peuvent avoir été vendues il y a 75 ans, et des polices vendues aujourd’hui qui pourraient être en vigueur pour 75 autres, créant un problème de 150 ans », constate Celent dans son rapport.

La complexité des données à long terme, parfois peu fiables, stockées sur des systèmes vieillissants complique le monde technologique des assureurs vie et rente.

Cela fait des années que ces entreprises font en sorte de maintenir leur infrastructure vieillissante, tout en remplaçant leurs systèmes patrimoniaux et assurant la migration de leurs données vers une plateforme moderne pour répondre à ce problème de temporalité. Mais ces considérations sont devenues du jour au lendemain, une urgence.

Les clients, qui font également affaire avec d’autres assureurs ont des exigences plus élevées et en raison de la pandémie et de la distanciation sociale, il n’est plus possible d’envisager de continuer les rencontres en face à face. « Des outils de première ligne numériques intégrés et des flux de travail automatisés sont désormais requis pour optimiser le processus de vente », note Equisoft dans un communiqué de presse.

« Plusieurs assureurs sont au pied du mur en ce qui concerne la nécessité de se doter d’un nouveau système central. Il leur sera très difficile de demeurer concurrentiels en utilisant une technologie qui n’est plus prise en charge, dont le code n’est plus en usage, qui repose sur une architecture complexe et coûteuse, et qui dépend d’employés approchant l’âge de la retraite ou l’ayant dépassé », ajoute Keith Raymond, analyste principal, assurance-vie et rentes, Amériques chez Celent.

Malgré l’environnement actuel complexe, nombre d’entreprises ont réussi à faire ce grand pas en avant dans la mise-à-jour du back-office ou travaillent pour y arriver, constate Celent à la suite d’entrevues réalisées avec des personnes clés de onze assureurs en Amérique du Nord.

Bien que la tâche soit difficile, le rapport de Celent montre que la plupart des entreprises interrogées sont enthousiastes face à cette modernisation. Et bien que le rapport souligne qu’il est presque impossible pour la plupart des entreprises, de créer une analyse coûts-avantages indépendante pour une mise-à-jour back-office qui se traduit par un retour sur investissement positif, les assureurs décident d’aller tout de même de l’avant.

Parmi les 11 assureurs interrogés, dix ont obtenu un retour sur investissement négatif, ou géré un retour sur investissement positif uniquement en combinant le projet avec d’autres initiatives dans le cadre d’un programme.

Un seul assureur a été en mesure de fournir un retour sur investissement positif. Et même dans ce cas, le rendement était modeste et dépendait d’un certain nombre de facteurs clés.

Toutefois, Celent estime que les assureurs vie qui n’ont pas encore fait le pas devraient se dépêcher, car leurs concurrents n’ont pas attendu et ont décidé d’investir même si la probabilité de rendements positifs était très faible.

Ces entreprises ont compris le risque de stagner dans le passé et la nécessité d’une plateforme moderne et soutenue, conclut Celent.