Un clavier d'ordinateur dont deux touches ont été changées. Une représente le drapeau canadien, l'autre est rouge et il est incrit "inflation" dessus.
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La Banque du Canada espère voir un recul important de l’inflation d’ici le printemps prochain, mais elle compte poursuivre ses efforts pour ramener le taux d’inflation à 2 %, afin de ne prendre aucun risque.

C’est ce qu’a affirmé son gouverneur, Tiff Macklem, lors de son discours de fin d’année à Vancouver lundi.

« Oui, nous vivons une période d’ajustement difficile, avec l’économie qui ralentit. Nous nous attendons à ce qu’elle stagne », a mentionné Tiff Macklem, s’exprimant une semaine après que la banque a relevé son taux directeur d’un demi-point de pourcentage, à 4,25 %.

« Quand la neige fondra et que nous arriverons au printemps, nous devrions voir des preuves beaucoup plus claires que l’inflation recule », a-t-il précisé au moment de rencontrer la presse après son discours.

La banque a agi avec force sur les taux cette année, y compris la hausse des taux de la semaine dernière qui était plus élevée que certains observateurs ne l’avaient prévu, car le risque de ne pas en faire assez est plus grand que d’aller trop loin, a estimé Tiff Macklem.

« Si nous ne serrons pas assez la vis, l’inflation va rester trop élevée. Les Canadiens vont devoir continuer à vivre avec les difficultés qui viennent avec une inflation plus élevée », selon lui.

Influence géopolitique

Au cours de son discours devant le Business Council of British Columbia, Tiff Macklem a rappelé que les tendances géopolitiques pourraient aussi rendre la lutte contre l’inflation encore plus difficile à l’avenir.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie n’a pas seulement fait grimper les prix de l’énergie et l’inflation, a-t-il mentionné, elle a également souligné la vulnérabilité du commerce international. Il craint que cela puisse accélérer une poussée vers plus de protectionnisme, ce qui pourrait exercer une pression supplémentaire sur les prix.

Cette tendance récente marque un renversement des effets positifs que la mondialisation et l’augmentation de l’offre ont eus sur l’inflation, a souligné Tiff Macklem.

« Sur le long terme, il semble probable que nous n’aurons pas les mêmes forces désinflationnistes que nous avons eues au cours des 30 dernières années, a-t-il indiqué. Ces changements potentiels pourraient rendre plus difficile le retour de l’inflation à l’objectif de 2% et son maintien. »

Endettement élevé

À plus court terme, cependant, les hausses de taux d’intérêt pourraient avoir un effet plus rapide en raison de l’endettement élevé des Canadiens, chaque hausse de taux ajoutant une pression accrue.

Statistique Canada a rapporté lundi que les ménages devaient environ 1,83 $ pour chaque dollar de revenu disponible au troisième trimestre, approchant le record de près de 1,85 $ établi au troisième trimestre de 2018.

Tiff Macklem a reconnu que ces niveaux d’endettement élevés pourraient rendre les hausses de taux plus difficiles à encaisser, mais que le taux d’épargne élevé des ménages a également contribué à créer davantage de tampons pour potentiellement limiter cet effet pour le moment.

En faisant sa rétrospective de l’année, il a ajouté qu’en plus de la guerre en Ukraine, la banque avait été surprise par la façon dont la combinaison de perturbations importantes sur la chaîne d’approvisionnement et d’une économie en surchauffe jouait sur l’inflation.

En réponse, la Banque du Canada a renforcé ses capacités de collecte de données et d’écoute sur plusieurs fronts pour garder une vue plus détaillée de ce qui se passe dans le monde.

La banque en fait également plus pour communiquer avec les Canadiens, par le biais des médias sociaux et d’autres canaux, et réitère qu’elle est consciente que les hausses de taux créent une pression sur les ménages.

« Il est vraiment important que les Canadiens comprennent les décisions que nous prenons. Nous savons que plus les gens comprennent comment fonctionne la politique monétaire, en fait, mieux elle fonctionne », a affirmé Tiff Macklem.

Depuis mars, la Banque du Canada a augmenté son taux d’intérêt directeur sept fois de suite dans le but de réduire l’inflation et de ralentir l’économie.

Après avoir culminé à 8,1 % en juillet, le taux d’inflation annuel du Canada a ralenti pour s’établir à 6,9 % en octobre, ce qui demeure bien au-dessus du taux cible de 2 % fixé par la Banque du Canada.