La croissance s’est établie au rythme annualisé de 4,5 %, après avoir connu une appréciation de 3,7 % au cours du trimestre précédent.

Cette performance, étonnamment vigoureuse, soulève une question: combien de temps le Canada peut-il soutenir une telle progression?

Les Canadiens, encouragés par les faibles coûts du crédit, la vigueur du marché du travail et la hausse des salaires, ont joué un grand rôle dans l’élan de l’économie puisqu’ils ont ouvert leur portefeuille, a précisé jeudi Statistique Canada.

Les dépenses des ménages se sont distinguées dans le rapport de l’agence fédérale, progressant de 4,6 % sur une base annuelle, au deuxième trimestre. Cela succédait à leur hausse de 4,8 % des trois premiers mois de l’année.

L’analyste Krishen Rangasamy, économiste principal à la Banque Nationale, ne croit pas que la cadence actuelle puisse être maintenue encore bien longtemps.

« Nous ne sommes pas un marché en émergence », a-t-il noté, en référence au taux de croissance de 4,0 % de l’économie canadienne pour la première moitié de 2017.

« Les économies avancées peuvent afficher (de tels taux) occasionnellement, mais on ne peut pas s’attendre à ce que ce genre de croissance soit soutenue pour une économie avancée. »

La robuste croissance témoignait des gains soutenus de l’économie cette année. Ces plus récents chiffres surviennent alors que plusieurs observateurs s’attendent à ce que la Banque du Canada hausse son taux d’intérêt directeur de nouveau dans les prochaines semaines.

Ces prédictions sont de plus en plus valables et la situation fait même dire à certains qu’une hausse du taux directeur pourrait survenir dès la prochaine annonce de la banque centrale, prévue pour la semaine prochaine.

Selon M. Rangasamy, l’éventuelle hausse de la banque centrale est une des raisons clés lui faisant croire que la croissance va ralentir dans la deuxième moitié de l’année.

En effet, une hausse des taux d’intérêt aurait pour effet de convaincre les ménages d’amasser moins de dettes, ce qui pourrait amoindrir l’effet attribuable à des années de crédit particulièrement peu coûteux, a-t-il expliqué.

L’allure de la création d’emplois enregistrée au premier semestre devrait elle aussi ralentir, a poursuivi l’analyste, particulièrement parce que les 186 000 emplois créés pendant cette période représentaient la meilleure performance à ce chapitre depuis 2010.

La Banque Nationale prévoit une croissance de 1,8 % pour le troisième trimestre, et de 2,0 % pour les trois derniers mois de l’année.
Les piliers de la croissance

L’économie connaît toute une séquence jusqu’à maintenant en 2017. Il faut remonter six ans dans le passé pour trouver un trimestre où la croissance a été aussi forte que celle du deuxième trimestre, elle s’était alors établie à 5,7 %.

Si le PIB canadien affiche une telle performance, c’est notamment grâce aux consommateurs, qui sont « les piliers de la croissance », a estimé Frances Donald, économiste principale chez Manuvie.

Et les dépenses des ménages ne devraient pas diminuer de sitôt, parce que certaines données démontrent que les Canadiens ont aussi mis de l’argent de côté au cours du trimestre.

« Il reste de l’essence dans le réservoir des consommateurs », a illustré Mme Donald, qui a attribué la résilience des dépenses à la robustesse de données fondamentales comme la croissance des emplois et des salaires.

Les économistes s’attendaient en moyenne à une croissance économique de 3,7 % pour le deuxième trimestre, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters. La Banque du Canada avait pour sa part prévu qu’elle serait de 3,0 % dans son plus récent rapport, publié en juillet.

Évoquant la robustesse de l’économie, la banque centrale avait haussé, en juillet, son taux directeur pour la première fois en près de sept ans, le faisant passer de 0,5 % à 0,75 %.

Plusieurs économistes s’attendaient à ce que la banque le hausse de nouveau en octobre. Mais les données de jeudi ont suffi pour convaincre Avery Shenfeld, économiste en chef à la Banque CIBC, de changer d’idée. Il s’attend maintenant à ce que la Banque du Canada prenne cette décision dès la semaine prochaine.

« La banque pourrait manifestement faire valoir que l’économie n’a tout simplement plus besoin de taux aussi bas pour générer une croissance économique décente », a écrit M. Shenfeld dans une note de recherche.