pixelbliss / 123rf

Incertitude. C’est le mot qui décrit le mieux le paysage mondial alors que l’année 2020 touche à sa douloureuse fin. Mais il s’agit peut-être aussi d’un contexte que les investisseurs peuvent mettre à profit pour explorer les opportunités au cours des mois à venir.

John Reynolds, EVP et gestionnaire de portefeuille chez Templeton Global Equity Group (lié à Franklin Templeton Investments Corp.) à Londres, constate que si l’incertitude est effectivement présente sur plusieurs fronts – le Brexit, le contexte politique américain, l’impact de la COVID-19 – une période de plus grande stabilité pointe probablement à l’horizon.

« Lorsque vous avez davantage de certitude, vous vous trouvez dans un contexte plus favorable pour l’achat d’actions », a-t-il commenté.

À l’instar de John Reynolds, Martin Fahey, vice-président principal et chef de l’équipe Mackenzie Investments Europe, à Dublin, était prudemment optimiste.

Bien que certains des impacts économiques découlant des restrictions liées à la COVID-19 sont susceptibles de persister, a-t-il noté, la perspective d’une protection généralisée découlant d’une campagne de vaccination devrait néanmoins améliorer les perspectives de l’économie mondiale.

« Les consommateurs ont accumulé massivement des économies au cours des neuf derniers mois », a noté Martin Fahey.

« Ils ont maintenant désespérément besoin de dépenser de l’argent », ce qui indique, selon lui, un « rebond de consommation raisonnablement grand ».

Martin Fahey, qui gère les fonds mondiaux de petites et moyennes capitalisations de Mackenzie, prévoit que ce rebond se produira aux deuxième et troisième trimestres, et qu’il sera soutenu par des politiques budgétaires assouplies.

En ce qui concerne les facteurs de risque négatifs, Martin Fahey est d’avis que de nombreux pays adopteront des budgets plus serrés, qui seront probablement combinés à des impôts plus élevés. Il a vu des propriétaires d’entreprise se préparer à vendre leurs participations afin d’éviter des hausses d’impôts sur les plus-values.

« Vous commencez déjà à en voir les retombées sur les investissements », a-t-il déclaré, en évoquant la forte augmentation des fusions et acquisitions.

Parmi les autres tendances susceptibles d’avoir un impact sur l’investissement, citons la hausse des prix des produits de base et un dollar américain plus faible, a indiqué Martin Fahey. Des tendances qui pourraient créer des conditions plus favorables pour les entreprises non américaines.

Occasions d’investissement

Les actions britanniques se négocient à escompte par rapport aux actions européennes, ce qui rend certains titres attrayants, a noté John Reynolds.

Par exemple, le constructeur de maisons neuves, Persimmon plc, basé au Royaume-Uni, est « une entreprise très bien positionnée » qui continuera de croître, quel que soit le résultat du Brexit, a affirmé John Reynolds.

Celui-ci s’intéresse également à la prise de position dans des sociétés bien gérées de type « FTSE 250, FTSE 350, qui ont plus de concentrations nationales que d’exposition internationale ».

Martin Fahey a toutefois relevé que les ventes de logements effectués au cours de l’année avaient été soutenues par une suspension temporaire des taxes foncières qui prendra fin en mars 2021.

John Reynolds était prudemment optimiste quant à la tendance envers les véhicules électriques, qui s’est dégagée avant les récentes perturbations. Il croit que de nouvelles directives européennes strictes sur les émissions pourraient mener à une aubaine, en particulier pour les petites et moyennes entreprises qui soutiennent les infrastructures connexes, par exemple en construisant des points de recharge pour véhicules électriques ou en développant des logiciels d’infrastructure de réseau.

John Reynolds a conseillé la prudence autour des entreprises qui ont bien fonctionné pendant les périodes de mise sur pause de l’économie. Les épiceries, par exemple, pourraient ne pas être en mesure de maintenir leurs gains lorsque l’ensemble des restrictions seront levées.

John Reynolds éviterait par ailleurs de miser sur certaines entreprises plus traditionnelles qui sont susceptibles de devoir lutter pour s’adapter aux changements structurels. C’est le cas des constructeurs automobiles conventionnels. Les banques pourraient également traverser une période plus difficile.

« Les sociétés énergétiques ont été légèrement plus attractives, a-t-il évoqué, mais font face à une transition raisonnablement importante. » Cela crée des occasions pour acheter des entreprises jugées davantage « sûres » dans ce secteur, dotées de bilans solides et qui investissent pour devenir plus propres.

Brexit

Andrew Bailey, gouverneur de la Banque d’Angleterre, a déclaré en novembre qu’un Brexit sans accord aurait des retombées économiques plus négatives que la COVID-19.

« Je pense qu’il a raison, et cela, pour un certain nombre de raisons », a estimé Martin Fahey.

« Premièrement, cela va entraîner une perturbation massive de la chaîne d’approvisionnement », a-t-il dit.

Martin Fahey s’attend également à voir une livre sterling plus faible, ce qui augmentera les coûts des nombreuses importations au Royaume-Uni, y compris les produits alimentaires. Ajoutez à cela ce qui devrait être une augmentation importante du chômage, un déficit en flèche et le possible départ de nombreuses entreprises de services financiers basées à Londres vers d’autres pays européens, et le tableau s’assombrit.

« Vous mettez tous ces facteurs ensemble, et un Brexit dur va se révéler très négatif pour le Royaume-Uni », a ajouté Martin Fahey.

Mais toutes les retombées, bien que significatives, finiront par s’atténuer, a indiqué John Reynolds. « Je pense que nous sommes au début de la fin de ce processus, a-t-il précisé. Cela a contribué à unifier l’Europe et, à plus long terme, apportera plus de certitudes. »

Martin Fahey abonde dans le même sens, notant que l’accent mis par l’Europe sur les industries vertes soutiendra également une future reprise économique. « Je pense que les perspectives sont bien meilleures que l’actualité ne le suggère », a-t-il déclaré.

Après avoir échoué à parvenir à un accord avant la date butoir auto-imposée le week-end dernier, le premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se sont entendu pour prolonger les discussions cette semaine afin d’éviter un Brexit sans accord le 1er janvier.

Cet article a été commandité. Il a toutefois été rédigé sans la contribution du commanditaire.