Une femme assise à un bureau devant un ordinateur. Elle porte des écouteurs et semble prendre des notes.
damircudic / iStock

De nombreux travailleurs canadiens, particulièrement ceux qui travaillent à distance, paient une « taxe COVID-19 », correspondant au nombre d’heures supplémentaires travaillées depuis le début de la pandémie, révèle une nouvelle étude d’ADP Canada et Angus Reid.

Cette taxe touche 30 % de tous les travailleurs canadiens interrogés, mais elle impacte davantage les travailleurs à distance. Près de la moitié (44 %) d’entre eux affirment qu’ils travaillent plus d’heures qu’avant la pandémie. En avril 2020, ils étaient deux fois moins nombreux (21 %).

Parmi ces 44 % de répondants, un employé sur dix déclare travailler au moins un jour supplémentaire (8 heures et plus) par semaine.

Seulement 15 % des répondants déclarent travailler moins d’heures, tandis que 38 % ne signalent aucun changement.

Faut-il s’en étonner, le niveau de stress est également en hausse. Il est ainsi passé de 34 % en avril 2020 à 41 % en avril 2021.

Même si les heures se font plus longues, 42 % des travailleurs à distance se sentent plus productifs et plus d’un tiers (37 %) notent une augmentation de la qualité de leur travail. Cela représente une augmentation significative comparativement à avril 2020, où 19 % et 21 % des employés à distance avaient signalé respectivement une augmentation de la qualité de leur travail et de leur productivité, avec la mise en place du télétravail.

Toutefois, ils sont aussi 46 % à se sentir moins impliqués dans leur travail depuis le début de la pandémie en raison de ce stress supplémentaire.

Conciliation famille et travail

L’enquête montre également que les employeurs tentent davantage de faciliter la conciliation travail et famille. Plus de la moitié (53 %) des répondants profitent d’horaires adaptés quand ils doivent s’occuper de responsabilités personnelles pendant les heures de travail.

« Il apparait que de nombreuses entreprises ont adopté des heures de travail flexibles ou des modèles de travail hybrides, déclare Ed Yuen, vice-président à la stratégie et au développement des affaires chez ADP Canada. Bien que plusieurs de ces politiques représentaient un avantage il y a encore quelques mois, elles sont désormais monnaie courante. »

Près de la moitié (46 %) des 1 501 travailleurs sondés déclarent que leurs employeurs ont adopté des initiatives pour soutenir la santé mentale et le bien-être au travail pendant la pandémie.

Plus motivés et engagés

L’ouverture des employeurs à l’égard de la conciliation travail-famille a un impact important sur la motivation au travail d’une forte majorité (89 %) de travailleurs, révèle un autre sondage mené par Léger pour le compte de Concilivi, une initiative du Réseau pour un Québec Famille, qui propose une certification pour les entreprises en matière de conciliation travail-famille. C’est légèrement plus (85 %) qu’en mai 2020.

Le sondage révèle également que 90 % des répondants ont mentionné un impact important sur leur satisfaction au travail (+ 3%) tandis que 85 % soulignent une plus grande propension à rester plus longtemps à l’emploi de l’entreprise (+ 5 %).

« Si, dans certaines circonstances, le télétravail peut être en soi un outil qui facilite la conciliation, on constate qu’au quotidien, lorsqu’il faut simultanément s’occuper d’enfants qui font l’école à distance ou prendre soin d’un parent âgé, cela peut devenir une source de stress supplémentaire. C’est pourquoi nous ne sommes pas surpris de voir que la plupart des indicateurs qui touchent à l’importance de la conciliation travail-famille sont en hausse, car un plus grand nombre de personnes ont été exposées à ces difficultés », affirme Corinne Vachon Croteau, responsable du Sceau Concilivi au Réseau pour un Québec Famille.

Avec la pandémie, la fatigue, la détresse psychologique et les problèmes de santé mentale sont à la hausse. La moitié des parents et proches aidants (49 %) se disent plus souvent trop fatigués pour participer à des activités familiales après leur journée de travail. Ils sont 35 % à se sentir si vidés émotionnellement lorsqu’ils rentrent du travail qu’ils ne peuvent participer aux activités familiales.

Formaliser les mesures

Signe encourageant, 71 % des répondants considèrent que leur employeur est très ou plutôt favorable à la conciliation travail-famille. De plus, 66 % disent arriver à concilier famille et travail très ou plutôt facilement, et 62 % affirment que les mesures de conciliation travail-famille offertes par leur employeur sont suffisantes compte tenu de leurs besoins.

Toutefois, seulement 44 % des travailleurs indiquent que les mesures qui leur sont proposées sont clairement définies, écrites et diffusées à tout le personnel. À cet égard, 84 % indiquent trouver important que les mesures soient formalisées, comparativement à 79 % mai 2020.

Les mesures de conciliation travail-famille se classent au deuxième rang des critères de choix d’un emploi, tout juste derrière le salaire et les avantages sociaux. « En période de pénurie de main-d’œuvre, miser sur l’incontestable pouvoir d’attraction et de rétention de la conciliation travail-famille ne peut être qu’une stratégie gagnante », souligne Mme Vachon Croteau.