Une image de la devanture de la Banque de Montréal.
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Le bénéfice du troisième trimestre de la Banque de Montréal a été affecté en partie par les coûts des indemnités de départ et l’augmentation des provisions pour créances douteuses, et la banque se prépare à une période prolongée de tensions économiques.

« Alors que nous regardons vers l’avenir, nous sommes tous conscients des vents contraires macroéconomiques auxquels le secteur est confronté », a observé mardi le chef de la direction, Darryl White, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

« Ces forces externes influencent l’environnement dans lequel nous évoluons tous, et je pense qu’elles pourraient persister pendant un certain temps encore. »

Ces vents contraires comprennent des taux d’intérêt élevés qui ralentissent certaines demandes de prêts et la conclusion de transactions, une forte concurrence entre les banques canadiennes au chapitre des taux hypothécaires et des inquiétudes plus larges concernant un ralentissement économique général.

Compte tenu des difficultés, Darryl White a souligné que la banque accélérait ses efforts d’efficacité et se concentrait sur une gestion disciplinée des dépenses et des risques.

Les coûts liés aux mises à pied ont totalisé 223 millions de dollars (M$) avant impôts au cours du trimestre, bien que la banque n’ait pas divulgué le nombre d’employés qui ont dû quitter l’institution.

La Banque de Montréal n’est pas la seule à réduire ses dépenses. La Banque Royale du Canada a indiqué, la semaine dernière, lors de la publication de ses résultats, qu’elle avait déjà supprimé 1 % de son effectif, ce qui représente quelque 800 postes. La Royale prévoit encore supprimer un à deux pour cent de son effectif cette année, ce qui pourrait se traduire par la suppression de plus de 1800 emplois supplémentaires cette année.

La hausse des coûts des indemnités de départ à la Banque de Montréal sera probablement le fait d’un trimestre, a affirmé le directeur financier, Tayfun Tuzun, lors de la conférence téléphonique.

La banque s’attend toutefois à inscrire une charge de dépréciation de 45 M$ au prochain trimestre, dans le cadre de la réduction de son empreinte immobilière.

La Banque de Montréal a également comptabilisé 83 M$ en provisions juridiques au cours du dernier trimestre, liées à des règlements avec les organismes de réglementation américains. Les sanctions découlent de violations de tenue de registres après que des employés ont utilisé des textos personnels et l’application WhatsApp pour communiquer avec des clients.

Profits et revenus en hausse

Malgré les charges et les vents contraires, la banque a affiché un profit de 1,45 G$, soit 1,97 $ par action, pour le trimestre clos le 31 juillet, contre 1,37 G$, ou 1,95 $ par action, un an plus tôt.

Les revenus ont totalisé 7,93 G$, comparativement à ceux de 6,10 G$ du même trimestre l’année dernière, alors que la banque continue d’intégrer les activités de Bank of the West, qu’elle a acquis pour 16,3 G$ US.

Sur une base ajustée, la Banque de Montréal affirme avoir gagné 2,78 $ par action, un résultat en baisse par rapport à celui de 3,09 $ par action d’il y a un an.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 3,13 $ par action, sur la base des estimations compilées par la société de données sur les marchés financiers Refinitiv.

Cette performance inférieure aux attentes est attribuable, en grande partie, aux indemnités de départ et aux frais juridiques, a affirmé l’analyste Meny Grauman, de la Banque Scotia, dans une note à ses clients.

Les résultats ont montré des tensions dans le secteur bancaire américain, particulièrement évidentes en ce qui a trait aux marges bénéficiaires liées aux intérêts, une tendance que d’autres banques ont également signalée ce trimestre, a-t-il souligné.

« La seule bonne nouvelle ici est que la pression sur les marges de la Banque de Montréal aux États-Unis n’est certainement pas la pire que nous ayons connue ce trimestre », a poursuivi Meny Grauman.

La provision pour pertes sur créances de la Banque de Montréal s’est élevée à 492 M$, en hausse par rapport à celle de 136 M$ du troisième trimestre de l’exercice précédent.

Ces plus fortes provisions surviennent alors que les inquiétudes augmentent quant à la santé des consommateurs sous le poids de taux d’intérêt plus élevés, mais le directeur des risques de la banque, Piyush Agrawal, a noté que les clients hypothécaires résistaient bien jusqu’à présent.

« Nous continuons de considérer le risque lié à une hausse des taux comme modeste », a indiqué Piyush Agrawal lors de la conférence téléphonique.

« Les taux de délinquance et les pertes restent faibles et, sur la base des données des deux derniers trimestres, les clients qui renouvellent sont en mesure d’absorber l’impact de la hausse des taux d’intérêt. »

Les activités bancaires personnelles et commerciales de la Banque de Montréal au Canada ont généré un bénéfice de 915 M$, en baisse par rapport à celui de 965 M$ du même trimestre à l’exercice précédent, la hausse des revenus attribuable à l’augmentation du revenu net d’intérêts et à la hausse des revenus autres que ceux d’intérêts ayant été plus que contrebalancée par des dépenses plus élevées et une provision pour pertes sur créances plus élevée.

Aux États-Unis, les activités bancaires personnelles et commerciales de la banque ont rapporté 576 M$, après avoir généré 568 M$ un an plus tôt, grâce à un dollar américain plus fort.

Les activités de gestion de patrimoine de la Banque de Montréal ont rapporté 303 M$, soit moins que les 324 M$ obtenus un an plus tôt, tandis que les activités de marchés financiers de la banque ont rapporté 310 M$, un résultat en hausse par rapport aux 262 M$ du même trimestre l’an dernier.

La division des services d’entreprise de la banque a enregistré une perte de 650 M$, contre une perte de 754 M$ un an plus tôt.