Actions privilégiées : le pour et le contre

Les actions privilégiées sont un type d’actions qui présentent beaucoup de caractéristiques des obligations, mais avec quelques différences, dont nous allons parler dans un instant.

L’attrait principal des actions privilégiées pour les investisseurs, surtout ceux qui cherchent des alternatives aux faibles rendements de nombreux véhicules obligataires ces jours-ci, et qu’elles tendent à fournir des distributions plus élevées que les obligations.

En fait, le FNB iShares S&P/TSX CDN Preferred Common ETF a actuellement un rendement en dividendes de 4,56 %. Pour sa part, le FINB BMO obligations totales, qui piste un vaste échantillonnage du marché obligataire canadien de qualité supérieure, n’offre qu’un rendement de 3,42 %, et le S&P/TSX 60 a actuellement un rendement en dividendes d’environ 2,94 %.

Le rendement supplémentaire qu’offrent les actions privilégiées a l’air d’une panacée pour les investisseurs assoiffés de rendement, mais naturellement il y a un prix à payer. Mais avant de continuer voyons le pour et le contre des actions privilégiées.

Le pour

Le rendement, bien sûr : comme nous l’avons déjà mentionné, les actions privilégiées tendent à offrir un rendement supérieur aux obligations. À la différence des actions ordinaires, dont les dividendes peuvent varier en fonction des bénéfices de la société, les actions privilégiées ont habituellement des dividendes fixes, ce qui veut dire que les investisseurs ont une bonne idée de ce que sera le rendement.

Elles passent avant les actions ordinaires dans l’ordre de préséance : les actions privilégiées arrivent derrière les obligations et devant les actions ordinaires dans la structure du capital, ce qui veut dire que, bien que les dividendes des actions privilégiées ne soient pas considérés comme un impératif pour la société au même titre que le paiement de revenu aux détenteurs d’obligations, ils passent devant les dividendes des actions ordinaires lorsqu’une société distribue ses revenus. Les dividendes des actions privilégiées pourraient toutefois être différés si la société a des ennuis.

Le traitement fiscal : les dividendes des actions privilégiées canadiennes bénéficient du même traitement fiscal favorable que les dividendes des actions ordinaires, alors que le revenu des obligations et des fonds obligataires est imposé au taux d’imposition marginal entier.

Jusqu’ici tout va bien, non? Eh bien comme on va le voir, les actions privilégiées ont leur part de problèmes.

Le contre

Elles sont rachetables : certaines actions privilégiées ont des échéances très longues de 20 ans ou plus, alors que d’autres n’ont pas de dates d’échéance du tout. Beaucoup d’entre elles ont également des dispositions qui laissent l’organisme émetteur racheter les actions (habituellement cinq ans ou plus après qu’elles ont été émises et à la valeur nominale ou au prix où elles ont été émises).

Cela veut dire que si les taux d’intérêt baissent, la société émettrice peut décider de racheter les actions privilégiées existantes pour en émettre d’autre à un taux inférieur. D’un autre côté, si les taux augmentent, le détenteur des actions privilégiées pourrait se retrouver avec un avoir qui paie moins que le taux du marché pendant de nombreuses années ou à perpétuité, en réduisant de fait la valeur.

Elles n’ont aucun bénéfice tangible à tirer de la croissance de la société : à la différence des actions ordinaires, qui peuvent s’apprécier alors que les bénéfices de la société augmentent, les actions privilégiées offrent généralement un dividende fixe, ce qui veut dire qu’une croissance éventuelle de la société a un effet minimal sur le prix des actions privilégiées. Toutefois, si la société commence à dégringoler, le dividende de cette action privilégiée pourrait être menacé, ce qui nuirait à son cours.

Elles tendent à être émises par des sociétés extrêmement endettées : les sociétés émettrices les plus courantes relèvent des services financiers, des télécommunications et des services publics, qui utilisent les actions privilégiées comme un moyen fiscalement avantageux d’accroître leur capacité d’emprunt. Bien sûr, cette approche peut conduire à des ennuis pour les sociétés qui empruntent plus que leur bilan ne les y autorise, surtout pendant les replis boursiers. De plus, les investisseurs qui cherchent à construire un portefeuille d’actions privilégiées pour créer un revenu ont tout lieu de rencontrer des problèmes de diversification parce que le marché est dominé par les actions privilégiées des banques et d’autres sociétés financières.

Comme on le voit, le rendement supérieur et les avantages présentés par les actions privilégiées sont compensés par leur caractère rachetable, le taux d’intérêt et d’autres facteurs de risque dont elles s’accompagnent. Cela ne veut pas dire qu’elles n’ont aucun mérite comme source potentielle de rendement supplémentaire pour ceux qui investissent pour le revenu. Mais il est essentiel, si l’on en détient, de garder les yeux ouverts et d’être bien au fait des facteurs qui influent sur le marché.

Photo Bloomberg