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À partir du 28 février, les adolescents du Canada et des États-Unis pourront s’initier à l’investissement en se disputant plusieurs milliers de dollars de prix en espèces, en NFT et en récompenses dans le cadre de la deuxième édition du Défi des jeunes investisseurs, une initiative de trois étudiants montréalais.

« La compétition se déroule sous une forme ludique, mais on ne veut pas pour autant que les participants pensent que gérer son épargne est un jeu. On ne vise pas la spéculation mais l’épargne », déclare Charles Frédette. L’étudiant au baccalauréat en finance à HEC Montréal a créé ce concours il y a deux ans avec Philip Becker et Ryan Dollinger, deux amis fréquentant respectivement l’Université McGill et le Collégial international Sainte-Anne, afin de promouvoir la littératie et l’éducation financières.

La première édition, lancée en 2020, avait réuni près de 3500 participants du niveau collégial. Cette année, les organisateurs ont décidé d’ouvrir la compétition à tous les jeunes de 20 ans et moins. Ils visent ainsi atteindre 10 000 participants, ce qui ferait de l’événement la plus grande compétition d’investissement en Amérique du Nord, selon ses promoteurs.

Le concours, qui débute le 28 février, se compose d’une simulation boursière portant sur un portefeuille de 100 000 $ en actions et cryptomonnaies, et d’un « stock pitch » au cours duquel les participants doivent défendre leur compagnie cotée en bourse favorite devant un jury de professionnels de l’industrie financière.

Une occasion de se pratiquer

Les gagnants de la simulation boursière sont déterminés en fonction de la performance du portefeuille. Des prix sont également décernés au portefeuille le plus éthique, à la meilleure stratégie écologique d’investissement ou encore aux meilleurs participants de moins de 14 ans. La simulation utilise les données boursières en temps réel, ce qui permet aux concurrents d’être dans la position réelle des investisseurs mais sans les risques.

« Même s’il y a plusieurs initiatives gouvernementales en éducation financière au Québec, on manque d’occasions de se pratiquer, constate Charles Frédette. Ce concours permet aux ados d’apprendre comment gérer leur argent et de tester différentes stratégies d’investissement », souligne-t-il. L’inscription à la compétition est gratuite afin de permettre au plus grand nombre de participer. L’interface de l’application a été simplifiée par rapport à la précédente édition pour la rendre plus conviviale et le vocabulaire financier est expliqué.

Au-delà de l’excitation de voir son portefeuille fictif prendre de la valeur, l’objectif principal du concours reste d’inciter les jeunes à épargner. « Beaucoup de mes amis dépensent leur argent dans des affaires stupides, comme des bonbons ou le dernier téléphone cellulaire. À notre âge, on pense souvent qu’on a le droit de se faire plaisir, mais il faudrait aussi penser à épargner plus tôt », dit le jeune dans la vingtaine.

Épargner pour l’indépendance financière

Élevé par des parents comptables, Charles Frédette est tombé dans la marmite de la finance dès son plus jeune âge. Il avait 10 ans lorsque son père a commencé à l’initier à la gestion passive avec un petit portefeuille.

La plus grande leçon apprise au cours de ses premières années comme investisseur ? « Quand on achète un titre, il faut regarder la compagnie derrière, son histoire, ses dirigeants, ses résultats. Il faut se demander pourquoi on lui fait confiance. »

Au cours des dernières années, il a perdu plusieurs plumes et réussi quelques coups de circuit. Son meilleur : avoir acheté des actions de Wells Fargo au moment du scandale des comptes fictifs qui a frappé la banque américaine en 2016, alors que le milliardaire Warren Buffet se débarrassait des siennes. Un bon coup, puisque le changement d’équipe de direction effectué en 2019 a permis à la compagnie de redresser la barre. Elle déclarait un bénéfice net de 5,75 milliards de dollars, soit 1,38 dollar par action, au 4e trimestre 2021.

L’étudiant estime que grâce aux applications de courtage en bourse il est aisé pour les parents de créer un compte pour leur enfant et de l’aider à le gérer. « Plus on commence jeune, plus on augmente ses chances de devancer la retraite ou d’acquérir plus tôt l’indépendance financière, conclut-il. Et puis, on peut se permettre de faire des erreurs, car on a toute la vie devant soi pour se rattraper. »