La situation n’a pas manqué de faire chuter l’action de Sprott (SII, TSX), qui a glissé d’un sommet de 9,67 $ en avril 2011 à un creux de 2,40 $ le 31 décembre 2013.

Face à cette tourmente, les dirigeants de la société nichée et indépendante ont dû rapidement changer de cap. En gros, ils ont fait des acquisitions, embauché de nouveaux gestionnaires, lancé de nouveaux produits et amélioré le service à la clientèle.

«Nous avons notamment consacré nos énergies à lancer des fonds qui ont de nouveaux mandats, dit James Fox, président de Sprott Asset Management (SAM). Nous avons ajouté des gestionnaires de portefeuille dont l’objectif premier est de produire de l’alpha, et nous avons l’intention de continuer à le faire.»

«La nouvelle gamme de produits est une belle occasion de faire des ventes croisées, ajoute Laurent Biron, vice-président régional des ventes au Québec. L’avantage, c’est que Sprott est plus connue que ses fonds.»

nouvelle vision

Autre retournement notable, le gestionnaire milliardaire Eric Sprott, a cédé son poste de chef de la direction de SAM à John Wilson le 5 mars 2014. Arrivé chez Sprott en 2012, John Wilson était auparavant chef des placements chez Cumberland Private Wealth Management. Il est connu pour sa gestion disciplinée du risque. Les fonds améliorés qu’il gère ont levé 700 M$ en deux ans.

Ce changement est vu d’un bon oeil par les observateurs, qui étaient d’avis que Sprott avait besoin de renouveau, voire d’une nouvelle culture. L’arrivée de John Wilson semble présager une baisse de la volatilité et un accent sur les résultats.

«L’objectif de l’ensemble de nos fonds est de générer de l’alpha pour nos clients à long terme, explique James Fox. Bien que nous sachions qu’il y aura des hauts et des bas, si un fonds ou un gestionnaire ne parvient pas à performer, nous examinerons toutes les options, y compris un changement de gestionnaire ou la fusion ou la fermeture du fonds.»

Une chose cependant n’a pas changé : les fonds de ressources naturelles restent un élément clé de la firme. Sprott cherche même à se positionner à l’international dans la gestion des métaux précieux. Deux mandats ont été signés en 2013 avec des clients asiatiques.

«Depuis mon entrée en fonction en décembre 2013, la moitié des ventes réalisées ont porté sur l’or et les métaux précieux, dit Laurent Biron. Beaucoup de conseillers se rendent compte que nous sommes un acteur clé dans le secteur des ressources naturelles, qui pourrait rebondir.»

Signes d’embellie

Les initiatives mises en avant pour corriger les facteurs problématiques et pour persister avec ceux qui fonctionnent semblent porter leurs fruits, puisque le vent a commencé à tourner au 2e trimestre 2014. L’actif sous gestion a bondi de 11 % durant la période et s’établit à 7,8 G$. Une performance attribuable aux bons rendements des fonds communs et des fonds de couverture. Presque tous les produits ont enregistré une performance positive, et les fonds de ressources naturelles ont mené le bal.

Ces bons résultats ont fait monter le cours de l’action, qui a clôturé à 2,80 $ le 8 septembre dernier.

Malgré cette embellie, certains observateurs pensent qu’il est trop tôt pour crier victoire. Fabien Major, par exemple, souligne que les fonds Sprott n’ont pas tous surpassé l’indice au 1er trimestre. «Comme les produits indiciels ont des frais très bas, dit-il, la valeur ajoutée est cruciale pour la gestion active.»

Fabien Major pense que Sprott doit faire mieux. «Et la firme doit faire vite, dit-il. Car si on retombe dans un marché baissier d’ici trois ans, beaucoup d’acteurs vont saigner.»

En revanche, James Fox se montre confiant et parle de nouveaux produits et de possibles acquisitions. «La firme a plus de 350 M$ de capital à investir», dit-il.