Un cadenas posé sur une carte informatique.
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L’idée derrière le système bancaire ouvert est de permettre aux clients, qui y consentent, de partager leurs données bancaires avec d’autres entreprises de technologie financière (fintech), ce qui permettra à ces firmes de développer des produits et services novateurs. En septembre dernier, le ministre des Finances, Bill Morneau, a formé un comité consultatif qui devra lui fournir des conseils quant aux mérites du système bancaire ouvert.

À quoi devrait s’attaquer le comité? avons-nous demandé à M. Dewitt. «La sécurité et la gouvernance doivent rester au sommet de la liste des préoccupations du gouvernement. En créant un cadre réglementaire standardisé, les gens pourront avoir confiance dans le système», répond l’expert qui était à Montréal récemment dans le cadre d’une conférence sur les Fintechs. «Ils doivent aussi se poser la question sur la possession des données des usagers et leur vie privée. Ils doivent aussi se questionner sur la manière d’évaluer les bienfaits des projets une fois que le cadre sera adopté.»

Même si le partage des données nécessite des précautions, l’ouverture du système bancaire est une bonne chose pour le consommateur, insiste M. Dewitt. Le faire permettra aux consommateurs d’avoir de meilleurs produits et services, selon lui. Par exemple, avec les informations sur vos dépenses de carte de crédit, une application pourrait vous envoyer des mises en garde lorsque vos dépenses discrétionnaires s’écartent de vos objectifs budgétaires.

La réflexion derrière le système bancaire ouvert s’inscrit dans le contexte plus large entourant la propriété des données que les gens génèrent. «Tandis que nous, être humain, nous dirigeons vers un monde digital, on doit se demander à qui appartiennent les données que nous générons, explique M. Dewitt. Est-ce que ça appartient aux réseaux sociaux que nous consultons? Est-ce que ça appartient aux institutions financières où nous avons nos comptes? Si vous croyez qu’elles appartiennent aux usagers, la question est de savoir comment on leur donne le pouvoir de les utiliser lorsqu’ils le souhaitent. Il faut que les banques rejoignent ce mouvement qui est centré sur l’intérêt du consommateur.»

Augmentation de la concurrence

Les grandes banques canadiennes pourraient être les grandes perdantes d’un mouvement vers le système bancaire ouvert, selon un rapport de Moody’s Investors Service. L’augmentation de la concurrence qui s’en suivrait pourrait réduire la rentabilité du réseau de détail bancaire, qui profite d’un marché d’oligopole, toujours selon Moody’s Investors Service.

M. Dewitt qui aide les banques à prendre le virage du système bancaire ouvert en développant des applications internes pour ses clients pense, au contraire, que les institutions financières canadiennes ont tout intérêt à prendre ce virage. «Je pense que ceux qui participent au système bancaire ouvert répondront mieux aux besoins de leurs clients et susciteront plus d’engagements.»