Une silhouette d'ours sur un fonds de graphique de marché haussier.
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Afin de rassurer les marchés face au coronavirus, la Banque centrale américaine a pris des mesures drastiques les 15 mars dernier. La Fed a ainsi décidé de ne pas attendre sa réunion monétaire prévue en milieu de semaine a abaissé ses taux à zéro et annoncé le rachat de 700 milliards de dollars (G$ US) de titres (500 G$ US de bons du Trésor et de 200 G$ US de titres hypothécaires).

Si le président américain Donald Trump, qui exigeait une telle baisse depuis des mois, a immédiatement approuvé cette mesure, celle-ci n’a pas eu l’effet escompté sur les marchés.

Visiblement insensibles aux efforts des banques centrales, les marchés américains ont ouvert en forte baisse lundi. Le S&P 500 a perdu 8,14 % déclenchant le mécanisme d’interruption des échanges de 15 minutes pour la troisième fois en quelques jours. L’indice américain a continué sa descente à plus de 10 % après la reprise des transactions.

« Même si les réponses politiques ou monétaires sont certainement adaptées, le problème est que personne n’a de visibilité sur la crise sanitaire, sa durée et surtout sur la durée de la récession », a commenté Christopher Dembik.

 Une baisse généralisée

Le S&P 500 n’est évidemment pas le seul à avoir connu cette débandade. Le Dow Jones a reculé de 10,57 %, alors que le NASDAQ a cédé 6,12 %. L’indice TSX de la Bourse de Toronto a chuté en avant-midi de 10,24 %

Sur le marché des devises, le dollar canadien a accusé une baisse. Il se négociait à 71,62 ¢ US, en baisse par rapport à son cours moyen de 71,94 ¢ US de vendredi.

À mi-séance les Bourses européennes continuent de chuter. Les cours du brut perdent de l’ordre de 10 % et le dollar cède près de 2,5 % contre le yen. En France, le CAC 40 a chuté de 10,79 % passant sous la barre des 3700 points, un point que l’indice de référence n’avait pas franchi depuis juillet 2013.

Sans surprise, parmi les valeurs les plus touchées par cette panique, on retrouve nombre de compagnies aériennes comme American Airlines (-14,53 %), Delta Air Lines (-16,66 %), United Airlines (-21,61 %) et Boeing (-15,54 %)

« Le marché a complètement ajusté ses attentes, considérant que dans tous les cas, nous ne sommes pas en mesure de gérer la crise du point de vue épidémique », a souligné auprès de l’AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

 Des mesures efficaces?

Malgré ce manque de réaction des marchés, la Fed a précisé qu’elle maintiendrait ses taux jusqu’à la fin de la crise. À noter que c’est la deuxième fois depuis le début du mois de mars qu’elle procède à une baisse surprise, ce qu’elle n’avait pas fait depuis la crise des subprimes en 2008.

L’abaissement des taux est une mesure plutôt efficace, comme nous le montre l’histoire, pour soutenir l’économie lorsque celle-ci fait face à une crise « classique ». Toutefois, cela ne semble pas être le cas pour lutter contre cette crise inédite.

« Les marchés comprennent que la récession est presque garantie. Les autorités aident en injectant de l’argent, mais ne peuvent la stopper », estime Jasper Lawler, analyste pour London Capital Group.

Malgré cela, on peut certainement s’attendre à d’autres mesures du genre dans les semaines et mois à venir.