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L’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec (CPA) se réjouit particulièrement des mesures mises de l’avant pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre, notamment le crédit d’impôt pour la prolongation de carrière, dont pourront dorénavant bénéficier les travailleurs dès l’âge de 60 ans, et le nouveau parcours d’immigration pour une intégration réussie, doté d’une enveloppe de 730 M$ sur cinq ans.

Il salue également la volonté du gouvernement de poursuivre la mise en œuvre du Plan d’action pour assurer l’équité fiscale en annonçant pour 2019-2020 des mesures visant notamment à renforcer les mécanismes de divulgation obligatoire, à améliorer les règles relatives aux prête-noms et à accroître la transparence corporative.

L’Ordre des CPA regrette toutefois qu’aucune mesure visant la simplification de la fiscalité n’ait été annoncée et que le gouvernement n’ait pas encore concrétisé son intention annoncée en décembre dernier de définir formellement le niveau optimal de la Réserve de stabilisation, qui atteindra 9,7 G$ au 31 mars 2019. Une réflexion sur les conditions et paramètres à respecter pour y avoir recours s’impose alors que des signes de ralentissement économique pointent à l’horizon, selon Nathalie Houle, présidente du conseil de l’Ordre.

Pénurie de main-d’œuvre : des mesures insuffisantes

 Les mesures pour inciter les travailleurs à rester plus longtemps sur le marché de l’emploi des entreprises québécoises, même si elles sont bien accueillies, sont insuffisantes pour parer à la pénurie de main-d’œuvre à court terme, estime pour sa part Raymond Chabot Grant Thornton.

« Ce sont des mesures porteuses pour nos entreprises, mais nous nous serions attendus à plus pour accroître leur compétitivité, particulièrement sur le plan fiscal, et pour accélérer l’intégration en emploi des talents étrangers », a affirmé l’associé en fiscalité, Luc Lacombe.

La firme comptable est aussi d’avis que d’autres baisses d’impôt seront nécessaires pour que les entreprises québécoises retrouvent l’avantage fiscal qu’elles avaient par rapport aux États-Unis. Avec un taux d’imposition à 4 % pour toutes les PME du Québec d’ici 2021, elles ne pourront non plus se distinguer face aux autres provinces. « Notre firme continue de revendiquer l’abolition de l’impôt sur la première tranche de 500 000 $ de revenus imposables des PME. Elles doivent pouvoir utiliser ces économies pour produire davantage, innover et recruter plus de talents ici, comme à l’international. Si le gouvernement élargissait l’amortissement accéléré de 100 % dès la première année sur tous les investissements d’entreprises, comme c’est le cas aux États-Unis, cela aurait un effet des plus positifs pour la compétitivité de nos entreprises », soulève M. Lacombe.

Enfin, même si Québec a assoupli la Loi sur les impôts pour rendre équitable les transferts d’entreprises intergénérationnels, contrairement au fédéral où le problème demeure entier, la firme tient à rappeler que des conditions très contraignantes perdurent et ne favorisent toujours pas la reprise familiale. « Le fait de contraindre le propriétaire cédant à effectuer un transfert complet et non partiel de l’entreprise et à ne plus avoir aucune participation après la vente pour lui permettre de ne pas être imposé sur le gain en capital de la transaction est un frein à la pérennité de nos entreprises familiales et à l’entrepreneuriat québécois », affirme Éric Dufour, vice-président régional et leader national en transfert d’entreprise de RCGT.

Des décisions budgétaires plus transparentes

 De son côté, le Comité des politiques publiques (CPP) de l’Association des économistes québécois se réjouit de voir que plusieurs de ses recommandations présentées lors des consultations budgétaires ont été prises en compte. Le CPP avait proposé au gouvernement d’améliorer la transparence des décisions budgétaires, notamment en ce qui concerne la réserve de stabilisation, le Fonds des générations et le processus continu de révision des programmes.

Selon le CPP, le gouvernement explique très clairement dans son document ce qu’est la réserve de stabilisation, ce qui facilitera la compréhension de la population. Le gouvernement estime qu’une récession d’ampleur moyenne se traduirait par une perte de revenus de 8,1 G$. Le fait que la réserve atteigne 9,7 G$ démontre la prudence du gouvernement face à un ralentissement possible.

L’information sur le déficit de maintien des actifs a aussi été fort appréciée par le CPP.

L’organisme émet toutefois quelques bémols. Si le gouvernement maintient sa stratégie de remboursement de 10 G$ de la dette avec les sommes accumulées au Fonds des générations, le CPP constate qu’il reste toujours muet sur les pertes de revenus de placement en découlant. Quant au compte rendu demandé sur l’avancement des travaux de la révision des programmes, le Budget n’en fait aucune mention. Finalement, le CPP déplore que sa proposition de créer un poste de Directeur des affaires fiscales et budgétaires n’ait pas été retenue.

Accélérer la transformation numérique

Pour sa part, le CEFRIO salue les mesures liées à la transformation numérique. Selon l’organisation, ces engagements permettront notamment de soutenir les PME dans l’accélération de leur transition vers l’Industrie 4.0, particulièrement au niveau de l’adoption de l’intelligence artificielle (IA), ainsi que l’amélioration de la performance de la livraison des services aux citoyens.

Les données des mesures et enquêtes du CEFRIO sont claires : les Québécois ont très largement adopté le numérique. Plus de 92 % des foyers sont connectés à Internet et son utilisation est désormais profondément ancrée pour une multitude d’usages et comportements, de la recherche d’information au commerce électronique et aux transactions bancaires, en passant par la communication, la formation ainsi que le maintien à domicile des aînés par les technologies.

Ces mesures sont aussi bien reçues par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. « Nous nous réjouissons des efforts importants de soutien à l’innovation, notamment les investissements additionnels en intelligence artificielle qui permettront d’accélérer le déploiement de ces solutions dans les entreprises de la région métropolitaine. Le budget favorisera également l’innovation dans plusieurs industries phares de la métropole par un appui ciblé au secteur manufacturier et à Génome Québec », déclare Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM.

La fin du programme RénoVert : déception à l’APCHQ

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) déplore l’abandon du programme RénoVert, une des mesures clés des dernières années en matière d’aide à la rénovation écoénergétique. L’APCHQ aurait plutôt souhaité son renouvellement, voire même le rendre permanent, en plus de l’étendre à la rénovation du parc locatif privé.

« Nous sommes déçus de voir que malgré l’impact positif du programme pour l’économie, pour l’environnement et pour la lutte contre le travail au noir, le gouvernement ait choisi d’y mettre un terme. Nous sommes persuadés qu’il reste un immense potentiel d’amélioration énergétique des immeubles résidentiels et ce programme suscitait un réel engouement pour investir davantage en ce sens », soutient Luc Bélanger, président-directeur général de l’APCHQ.