Un homme devant trois énormes tapettes à souris, dans lesquelles sont coincés des billets de banque.
peshkov / 123rf

Le profil de risque est toujours un élément à prendre avec des pincettes. Lors des longues périodes de marchés haussiers, les clients ont souvent tendance à surestimer leur tolérance au risque et vice-versa.

Malgré la non-consistance de cette notion, dans les formulaires de connaissances du client, les conseillers doivent définir la tolérance au risque de leur client en une seule question en se basant sur les réponses de leur client.

La construction du portefeuille dépend ensuite de cette indication. Parfois, il peut être judicieux de faire preuve d’un peu plus de prudence, avancent Zach Pringle, associé chez Babin Bessner Spry LLP, et Ellen Bessner, avocate plaidante de premier plan au sein du même cabinet, dans un article d’Investment Executive.

Les deux avocats estiment ainsi que la tolérance au risque définie dans les formulaires n’est pas assez détaillée et ne prend pas en compte sufisamment de facteurs.

Depuis la mise en œuvre des réformes axées sur le client, le concept de « profil de risque du client » comprend également la « capacité de risque », soit « la capacité d’un client à supporter une perte financière potentielle » et plus seulement la tolérance au risque.

Bien que les avocats considèrent ce point comme une amélioration, ils jugent que ce n’est peut-être pas encore assez.

Selon eux, même si le profil de risque du client est 100 % moyen, son portefeuille pourrait être un mélange d’investissements à risque moyen et faible, du moment qu’il atteint les objectifs à long terme du client. Cela permettrait de ne pas chambouler le portefeuille lorsque de la volatilité apparait sur le marché et que le client panique.

Ils comparent ainsi cela à la limite de vitesse. Celle-ci ne devrait jamais être dépassée, comme la tolérance maximum au risque du client, mais il est parfois bon de rouler un peu plus lentement en raison des conditions de la route ou des conditions climatiques. Évidemment, ils ne recommandent pas de rouler à 50 km/h quand la limite est de 100 km/h!

Selon eux, vouloir respecter absolument le profil de risque du client serait comme de lui dire « Je ne t’ai pas donné la pleine mesure de la volatilité que tu as dit que tu étais prêt à accepter. Et si nous passions à un portefeuille plus volatil ? ».

Attention aux régulateurs

Bien que ce raisonnement paraît rempli de bon sens, les régulateurs pourraient considérer qu’une telle décision de la part du conseiller est inadaptée au profil de son client puisqu’elle ne correspond pas à son profil de risque.

Les conseillers doivent donc faire preuve de prudence lorsqu’ils empruntent cette voie.

Pour éviter tout problème avec les régulateurs, les deux avocats recommandent aux conseillers d’avoir un dialogue continu avec le client pour qu’il comprenne son approche de son conseiller et surtout, de consigner les conversations dans le dossier client pour se protéger.

À long terme, les régulateurs sont enclins à recommander de lever l’obligation qui force les conseillers à faire correspondre parfaitement le profil de risque d’un client à la cote de risque de chacun des investissements dans son portefeuille – tant que les investissements ne dépassent pas le profil de risque indiqué par le client.

Selon eux, si les objectifs du client sont atteints, voire dépassés avec un profil de risque plus bas que celui indiqué, les régulateurs devraient sûrement applaudir plutôt que réprimander le conseiller pour ne pas avoir fait correspondre précisément chacun des investissements de son client à son profil de risque.

Si la possibilité d’atteindre les objectifs demandés en prenant moins de risque est bien réelle, le client sera certainement plus heureux de cette avenue.