«Des professeurs venaient de publier une recherche qui démontrait que les grands fondements de la gestion du risque des obligations peuvent s’appliquer aux actions», raconte Fiona Frick, qui a gravi les échelons de la société jusqu’à en être aujourd’hui PDG.

«Le fait de gérer des actions respectait donc l’ADN d’Unigestion – alors gestionnaire obligataire -, qui mise sur la prudence et sur la gestion du risque», remarque la femme âgée d’une quarantaine d’années.

11 paramètres analysés

Depuis, la société helvétique a développé sa propre mesure du risque, dite à 360 degrés.

«Nous ne mesurons pas le risque en fonction d’une seule donnée, explique Fiona Frick. Nous avons un processus qui s’appuie sur 11 paramètres, soit les critères ESG (impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance), la valorisation, le contexte macroéconomique, l’actualité, les marchés émergents, la taille, la liquidité, le taux d’intérêt, la corrélation, la volatilité et la popularité.

«En résumé, nous avons établi ce qui représentait un risque, puis nous avons créé un tableau de bord qui permet de le mesurer en continu», ajoute-t-elle.

Une particularité de cette méthode : elle n’est pas statique. La société de gestion poursuit ses recherches en vue de la peaufiner, en plus d’adapter son approche en fonction de l’évolution du contexte.

«Par exemple, durant la crise de la dette souveraine en Europe, la nationalité était importante. C’est pourquoi les titres grecs baissaient fortement. Aujourd’hui, c’est la politique monétaire qui a un effet important sur l’évolution des placements.»

Éviter les accidents

En mettant ainsi l’accent sur la préservation du capital, Unigestion a prouvé qu’elle peut générer de la valeur ajoutée.

Au 31 mars 2014, la surperformance annualisée de ses stratégies «actions», depuis leur création et par rapport à l’indice de référence, variait de 1,2 à 5,2 %, avec une volatilité inférieure de 20 à 36 %.

«Dans un portefeuille, les accidents font mal, explique Fiona Frick. Si les actifs chutent de 30 %, c’est difficile de retourner au point de départ. Il est donc avantageux de limiter le potentiel à la baisse.»

Cette gestion du risque des actions a aussi poussé la société de gestion à offrir d’autres stratégies, comme les placements privés, les investissements alternatifs et les solutions d’investissement multi-actifs.

«Aujourd’hui, nos différentes expertises en gestion nous permettent de bâtir des solutions sur mesure et adaptées aux plans d’allocation d’actifs de nos investisseurs, dit la PDG. Nous avons en effet acquis une expérience dans la façon d’appréhender les problématiques de nos clients et de concevoir pour eux des solutions originales.»

Faire sa place au Canada

Convaincue que ses services d’investissement répondent aux besoins des investisseurs institutionnels canadiens (comme les fonds de pension, les fonds de dotation et les fondations), Unigestion a franchi une autre étape majeure dans son expansion à l’étranger.

En février dernier, elle a ouvert un bureau à Toronto dans le but de recruter les investisseurs institutionnels et les familles fortunées du Canada.

La société gère déjà 500 M$ d’actif au Canada et compte quatre clients.

«Sans faire la fine bouche, nous avons une préférence pour les investisseurs institutionnels qui comprennent plus facilement ce que nous faisons et qui, comme nous, investissent à long terme, souligne Fiona Frick.

«Nous aimerions avoir des discussions intéressantes avec une dizaine d’entre eux au cours de la prochaine année.»

Pour les séduire, Unigestion compte sur un fonds d’actions mondiales lancé au Canda en juin dernier, qui nécessite un investissement minimum de 5 M$. Elle mise aussi sur le placement privé dans le marché disparate de l’Europe et sur les actions des pays émergents.

Il reste que pour percer au Canada, la firme devra se frotter aux géants déjà bien établis. Fiona Frick croit que l’offre sophistiquée et à valeur ajoutée d’Unigestion lui permettra de se tailler une place.

«Nous avons aussi une taille suffisante pour avoir les structures opérationnelles nécessaires pour donner un niveau de service comparable à celui des grands acteurs», affirme la PDG.