Investir à l'ère du populisme
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D’ailleurs, la principale conséquence de la montée du populisme est la recrudescence du protectionnisme.

Miser sur les infrastructures

Les investisseurs peuvent toutefois tirer profit de cette situation en augmentant ou en réduisant leur exposition à certains secteurs.

En outre, les partis populistes mettent tous l’accent sur l’économie nationale. Cette stratégie se traduit par une hausse des dépenses en infrastructures. Le programme économique de Donald Trump en est un bon exemple.

C’est pourquoi Serge Pépin, spécialiste des actions européennes chez BMO Gestion mondiale d’actifs, juge qu’investir dans les entreprises liées aux travaux d’infrastructures peut être une bonne stratégie offensive.

«Ce domaine prendra de l’ampleur si Donald Trump donne suite à ses promesses», dit-il.

Aux États-Unis, trois secteurs devraient attirer l’attention des épargnants, selon Michel Doucet, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins : les infrastructures ; les banques et les assureurs (en raison de la hausse anticipée des taux d’intérêt) ; et les soins de la santé.

«La volonté de l’administration Trump d’accroître les investissements en infrastructures devrait être bénéfique à court et moyen terme pour les sociétés d’ingénierie comme WSP», dit-il.

À long terme, les industrielles comme Caterpillar, Cummins et General Electric devraient aussi en profiter, selon lui. Une accélération de l’activité économique aux États-Unis sera également bénéfique aux transporteurs ferroviaires tels que Canadien National, Canadien Pacifique et Union Pacifique Corporation.

D’autres secteurs gagnants

Par ailleurs, la hausse prévue des taux d’intérêt sera une bouffée d’oxygène pour les assureurs vie comme Financière Manuvie, Financière Sun Life et MetLife.

«L’accentuation de la pente des rendements ainsi que l’accélération de l’activité économique devraient stimuler les résultats des banques américaines et des banques canadiennes qui ont une bonne présence américaine», souligne Michel Doucet.

Parmi les institutions américaines, il estime que JPMorgan Chase, Wells Fargo ou Bank of America sont bien positionnées. Côté canadien, il recommande des banques comme la TD, la Royale et BMO.

Quant au secteur de la santé, les modifications projetées à l’Obamacare pourraient nuire à des fournisseurs de soins, tels que les hôpitaux, selon Michel Doucet.

«Nous privilégions donc des distributeurs et des biotechs», dit-il. Investir dans un fonds indiciel comme le Guggenheim Invest S&P 500 Equal Weight Health Care ETF (RYH) peut aussi être une bonne stratégie, dit-il.

Pour sa part, Guy Côté, gestionnaire de portefeuille et premier vice-président à la Financière Banque Nationale, croit que le secteur américain de la défense offre un bon potentiel. Donald Trump a l’intention de doubler le budget militaire à 1 000 G$ US.

«C’est certain que ce secteur-là va devenir extrêmement intéressant», affirme Guy Côté, qui croit que Lockheed Martin est bien placée pour profiter de cet essor.

Selon lui, le secteur industriel américain sera également favorisé par la politique de l’administration Trump visant à maintenir – et même à rapatrier – des emplois manufacturiers aux États-Unis.

«Les petites capitalisations et le secteur industriel bénéficieront des mesures Trump, c’est sûr et certain», affirme le gestionnaire.

Il cite l’exemple du fabricant d’équipements d’air climatisé Carrier, en Indiana. À la fin de novembre, Donald Trump a convaincu l’entreprise de ne pas délocaliser 1 000 emplois. Guy Côté prévoit que d’autres entreprises essaieront d’obtenir des aides de l’État (crédit à la R-D, fiscalité, etc.) comme Carrier.

Pour s’exposer à ce secteur, il suggère d’investir dans un fonds négocié en Bourse qui reproduit l’indice des sociétés de petite capitalisation Russell 2000.

Stratégies défensives

En ce qui a trait aux stratégies défensives, Serge Pépin juge que les sociétés de commerce de détail et les entreprises de services publics peuvent bénéficier d’un certain niveau de protectionnisme.

Par contre, si des pays fixent des barrières commerciales trop contraignantes (comme des tarifs douaniers élevés), cela aura un effet négatif, assure-t-il.

«La mondialisation apporte des bénéfices aux citoyens. Si une économie se referme et diminue ses relations, elle pourrait connaître des problèmes économiques assez sérieux», soutient-il.

Pour Michel Doucet, d’un point de vue défensif aux États-Unis, les épargnants devraient réduire leur exposition aux secteurs particulièrement sensibles à la remontée des taux d’intérêt, tels que les fonds de placement immobilier, les services publics et la consommation de base.

Par ailleurs, si les multinationales peuvent pâtir de mesures protectionnistes, les petites capitalisations – concentrées sur leur marché national – de l’indice Russell 2000 devraient «profiter d’un environnement plus clément», affirme Michel Doucet.

Pour sa part, Guy Côté estime que les épargnants en mode défensif doivent tenir compte du fait que les politiques économiques de l’administration Trump favoriseront l’inflation et l’appréciation du dollar américain. Il recommande donc d’avoir plus d’actifs en dollar américain.

Selon lui, les épargnants devraient miser sur des obligations à plus courte duration (cinq ans maximum) en raison de la hausse anticipée des taux d’intérêt (quand les taux d’intérêt augmentent, le prix des obligations diminue).