Une main posant une pièce sur laquelle pousse une plante sur une pile de pièce. Autour, un tas de pièces où on voit d'autres petites pousses vertes.
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Des centaines d’acteurs du secteur financier sont réunis pendant deux jours à Montréal pour participer au Sommet de la finance durable. La sauvegarde de la biodiversité, la lutte au changement climatique et le développement de produits financiers qui rendent l’économie plus durable sont au cœur des discussions.

Le monde de la finance vit des changements importants: la protection de la biodiversité et la lutte contre les changements climatiques doivent maintenant faire partie de l’équation lorsque les institutions financières, les gouvernements et les fonds d’investissement allouent du capital vers les entreprises.

C’est l’un des messages que le ministre des Finances, Éric Girard, a lancés aux centaines d’invités du Sommet de la finance durable à Montréal, lors de l’ouverture de l’événement mardi matin.

« Autrefois on maximisait l’économie sous contrainte de l’environnement, mais maintenant, en 2023, l’environnement est passé dans la fonction d’utilité », a indiqué le ministre en ajoutant que l’environnement doit toujours être « au cœur des décisions ».

Les ateliers et les discussions qui ont suivi le discours du ministre portaient sur les moyens de développer des produits financiers qui rendront l’économie plus durable.

Rediriger les capitaux vers des actions qui permettront de protéger la biodiversité et lutter contre les changements climatiques « n’est pas optionnel, c’est impératif », a souligné Megan Leslie, la directrice canadienne du Fonds mondial pour la nature (WWF).

Devant des centaines de décideurs et d’experts de la finance, la directrice du WWF a rappelé que le produit intérieur brut (PIB) dépend de la protection de l’environnement.

« Imaginez un terrible feu de forêt qui détruit une communauté. Cette communauté devra alors investir dans sa reconstruction plutôt, peut-être, qu’acheter les produits de vos clients. Imaginez qu’une autre communauté vit à répétitions des inondations, cette communauté ne sera plus assurable. Ou alors, imaginez une communauté qui doit se remettre de glissements de terrain, les habitants ne pourront pas se rendre au travail pendant un moment. Alors vous voyez les impacts négatifs que les changements climatiques et la perte de biodiversité peuvent avoir sur des secteurs entiers de l’économie? », a souligné Megan Leslie.

Quatre ingrédients pour une finance durable

Une autre panéliste, la présidente-directrice générale de Fondaction, a proposé « quatre ingrédients » pour réformer le système financier et le rendre plus durable.

Selon Geneviève Morin, le premier ingrédient correspond au développement de l’expertise, afin de comprendre notamment les nouvelles normes, comme les critères ESG (Environnement, société et gouvernance).

Le deuxième ingrédient est le « catalyseur », qui, souvent, provient des instances gouvernementales, a expliqué Geneviève Morin. Le marché du carbone, les subventions pour les projets à faible émission ou encore les lois et règlements qui visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre sont des exemples de catalyseurs.

« Ce sont des signaux pour dire que c’est dans cette direction-là qu’il faut s’en aller et on en a besoin parce que la tendance naturelle humaine, c’est de rester dans l’état où on est et si on veut qu’il y ait du changement, il faut qu’il y ait cette poussée supplémentaire. »

Le troisième ingrédient est la mise à l’échelle des solutions.

« Quand on travaille sur un petit projet, il faut se demander si on est capable de le développer plusieurs fois et lui permettre de prendre de l’ampleur », a expliqué la présidente du Fondaction.

« Par exemple, l’agriculture générative, l’économie circulaire, ce sont des solutions qui, en ce moment, sont souvent à petite échelle, il y a des financiers qui voudraient embarquer là-dedans, mais ils ne savent pas comment faire, alors il faut aider les projets eux-mêmes à être capable de grossir, mais aussi il faut trouver des façons de les mettre ensemble, de les « packager ». »

À ce sujet, elle a donné l’exemple de grandes institutions financières qui, parfois, s’intéressent peu aux « petits projets » à un million de dollars, mais lorsqu’un fonds d’investissement comme Fondaction réunit plusieurs de ces « petits projets », ceux-ci peuvent devenir attrayants pour les grands bailleurs de fonds.

L’ingrédient final pour encourager une finance durable, selon la PDG du fonds d’investissement Fondaction, est « la collaboration » entre les milieux financiers, les universitaires, les entreprises, le gouvernement et la société civile.

Soulignant l’importance de la collaboration, la directrice canadienne du WWF Megan Leslie a donné l’exemple du travail que son organisation accomplit avec un producteur de bœuf canadien.

L’entreprise en question souhaite diminuer son empreinte carbone et elle a fait appel au WWF pour comprendre comment elle peut y parvenir.

L’organisation vouée à la protection de l’environnement a développé une carte géographique qui révèle les emplacements où il y a beaucoup de carbone stocké dans les écosystèmes. Elle s’est donc servie de cette carte pour guider l’entreprise dans ses choix d’emplacement pour produire son bœuf en minimisant l’empreinte de ses activités.

Un fonds durable d’un milliard

Mardi matin, Innocap et Finance Montréal ont profité du sommet pour annoncer leur intention de lancer un fonds d’investissement durable d’un milliard de dollars. L’objectif est de renforcer l’expertise montréalaise en finance durable en confiant des capitaux à des gestionnaires établis à Montréal.

Le Sommet de la finance durable se poursuit mercredi dans la métropole. Il est notamment prévu que l’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney, qui est maintenant Envoyé spécial des Nations unies pour le financement de l’action climatique, s’entretienne avec Guy Cormier, le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins.