Un drapeau de l'union européenne.
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Le marché du crédit privé, fort dynamique ces dernières années, pourrait bientôt faire l’objet d’une surveillance renforcée. Ainsi, 79 % des dirigeants du secteur s’attendent à un durcissement réglementaire significatif dans les 12 à 18 prochains mois, selon une étude récente menée par Nordic Trustee, filiale du groupe Ocorian spécialisé dans les services sur les marchés de capitaux.

Cette enquête, qui a sondé des cadres supérieurs au Royaume-Uni, en Irlande, en Allemagne, en Suisse, dans le Benelux, les pays nordiques et l’Europe de l’Est, met en lumière un décalage : alors que la pression réglementaire s’intensifie, seul un tiers (33 %) des répondants considère que les gestionnaires de fonds sont « très bien préparés » pour y faire face.

« Une réglementation plus poussée du crédit privé contribuera à renforcer les standards du secteur et à accroître la confiance des investisseurs », affirme Cato Holmsen, PDG de Nordic Trustee.

« La réglementation devra cependant trouver un juste équilibre afin de ne pas freiner la croissance d’un marché qui répond à une forte demande, tout en assurant la protection des investisseurs. », prévient-il toutefois.

Le cadre réglementaire actuel ne fait pas l’unanimité parmi les professionnels interrogés. Plus de la moitié (56 %) estime qu’il nécessite des améliorations, que ce soit par des modifications ou un allègement, tandis que seuls 37 % le jugent adéquat en l’état. Fait notable, 7 % des répondants considèrent qu’il n’y a pas encore assez de réglementation dans leur juridiction.

Cette évolution s’inscrit dans un contexte plus large de surveillance accrue des investissements alternatifs, comme le confirme Abi Reilly, associée chez Bovill Newgate (une société Ocorian). « En Europe comme au Royaume-Uni, les régulateurs portent de plus en plus leur attention sur les secteurs d’investissement alternatifs comme le crédit privé. La directive AIFMD 2.0 en est l’un des signaux les plus clairs en Europe, tandis que l’activité de consultation de la FCA au Royaume-Uni laisse entrevoir des priorités similaires. »

Pour les gestionnaires d’actifs et investisseurs dans le crédit privé, l’enjeu est de taille : anticiper ces changements réglementaires tout en continuant à développer une classe d’actifs devenue incontournable dans un environnement de taux fluctuants. La capacité d’adaptation et d’anticipation pourrait bien devenir, comme le suggère l’étude, « un critère déterminant » pour les acteurs du marché dans les mois à venir.