CDPSF et CSF: le mouvement associatif peut passer à autre chose
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« Je ne suis pas juste content, je suis bien content! Quand j’ai lancé le cri d’alarme, c’est parce que je voulais que ça se règle. Je pousse un grand soupir de satisfaction parce que tout le monde peut maintenant se concentrer sur sa mission », s’exclame Daniel Guillemette, président de Diversico et ancien membre du conseil d’administration de la CSF.
Même son de cloche chez Frédéric Perman et Hugo Neveu, tous les deux représentants régionaux du CDPSF.

« Je suis content que cette guerre de clocher se termine, lance Frédéric Perman, vice-président développement des affaires chez la Financière S_Entiel. La CSF n’aimait peut-être pas perdre certaines responsabilités face à un organisme totalement indépendant comme le CDPSF. Ça a peut-être contribué à créer une certaine insécurité, je pense que c’était à la base du conflit au départ. Une fois que la CSF a été sécurisée et que le CDPSF a pu positionner sa mission, le conflit s’est éteint.»

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« C’est de bonne augure et c’est une très bonne nouvelle», indique pour sa part Hugo Neveu, président du cabinet Hugo Neveu Services financiers, qui estime que la prochaine priorité du CDPSF devrait être de prendre contact avec l’ensemble de ses membres.

Recruter

Bien qu’il n’ait pas encore été informé du contenu de l’entente survenue entre le CSF et le CDPSF, Hugo Neveu croit que le CDPSF aura obtenu la liste complète des 32 000 professionnels membres de la CSF.

«Si le CDPSF se dit satisfait de l’entente c’est qu’il a nécessairement obtenu cette liste, dit-il. Maintenant, ça prend un communiqué clair, net et précis qui expliquera la mission, le mandat et la vision du CDPSF. Je crois que ça devrait être fait par vidéo versus par écrit que les conseillers ne liront pas. »

Frédéric Perman pense également que le recrutement des membres du CDPSF a pâti du conflit avec la CSF: « Aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de gens qui sont membres du CDPSF. Pour des motifs de communication, mais aussi en raison du conflit avec la CSF, le CDPSF n’a jamais pu s’épanouir à travers des communications efficaces. Pourtant, des choses ont été faites, comme Unité 10 qui est un élément préventif permettant non seulement au conseiller d’être conforme, mais aussi d’utiliser la conformité comme outil de développement des affaires.»

Il faudrait ensuite s’attarder à la protection des indépendants, rappelle Daniel Guillemette: « Il faut remonter de plusieurs crans le professionnalisme dans l’industrie et aider les conseillers à traverser la tempête technologique. Les plus vulnérables sont décidément les indépendants. Ils n’ont pas les moyens de s’équiper technologiquement et, pourtant, le public a besoin d’eux! Je crois que la voie de l’avenir pour le conseil indépendant est une coopérative dont le CDPSF pourrait être un des aidants.»

Voix discordantes

Le mouvement associatif doit-il miser sur une voix unique pour se faire entendre? Les intervenants interrogés par Finance et Investissement pensent que non. Selon eux, le CDPSF et l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF) ont des missions complètement différentes.

« Je vois ça un peu comme une situation de « bon cop » et de « bad cop », estime Daniel Guillemette. Le « bon cop » c’est le CDPSF et le « bad cop » c’est l’APCSF. En parlant fort, l’APCSF peut faire des gains que le CDPSF ne pourrait jamais faire parce qu’ils n’ont absolument pas les mêmes méthodes.»

Frédéric Perman abonde dans le même sens : « L’APCSF va davantage opérer comme un syndicat dans une optique de revendication tandis que le CDPSF est davantage un mouvement associatif qui vise à apporter un tronc commun efficace pour aider l’industrie à s’orienter pour mieux faire face au marché d’aujourd’hui et de demain.»

« Politiquement parlant, ça serait bien de dire qu’il devrait y avoir unification, mais pour faire cela on devrait créer un consensus qui abaisserait les forces des deux organismes. L’APCSF et le CDPSF sont des organisations qu’on a tendance à mettre en opposition alors que, quelque part, elles n’ont simplement pas la même mission», ajoute Frédéric Perman.

Hugo Neveu souligne que le CDPSF n’a pas une mission de contestation. Selon lui, l’organisme doit livrer des outils et une certaine protection aux membres de l’industrie.

« Dans une perspective plus large, on souhaite à l’industrie un ordre professionnel ou du moins quelque chose qui s’y apparente beaucoup, soutient-il. Nous voulons une voix qui nous représente et, surtout, y être bien représenté. Ça exige donc une implication des conseillers qui s’y intéressent et qui, le jour du vote, vont élire quelqu’un qui les représente. On veut la réussite du CDPSF et sa survie au courant des prochaines années. Est-ce que j’imposerais une adhésion obligatoire? Il doit y avoir des modifications non négligeables faites à la structure, mais après avoir fait ces changements, je l’imposerais.»