Un homme d'affaire au milieu d'un enchevêtrement de route.
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Aristote sépare les problèmes en trois catégories qui demandent chacune un mode de pensée différent. Avant de tenter d’apporter une résolution à un obstacle, il est important d’analyser ce dernier pour être sûr de ne pas répondre au problème de manière erronée, note le Harvard business Review France dans un article récent.

Aristote distingue ainsi trois différents modes de réflexion :

1)      Technè : il s’agit d’un savoir d’ordre pratique ou technique. La capacité à utiliser les outils et méthodes disponibles pour construire quelque chose. Ce savoir vient de la pratique, de l’habitude.

2)      Epistémè ou la science des vérités éternelles, le savoir scientifique. Ce savoir peut être appris.

3)      Phronesis : la sagesse pratique ou le jugement éthique. Ce dernier fait référence à la sagacité requise pour prendre les décisions. Ce savoir intervient lorsque la réponse n’est pas absolue et demande un certain jugement de valeur.

Cela signifie que si le problème est de nature technique, il serait peu judicieux de se tourner vers un penseur épistémique pour le résoudre.

Un entrepreneur est souvent confronté à des défis relevant de chacun de ces domaines. Tout ce qui touche aux outils efficaces pour ses opérations sont du domaine de la technè, ainsi une réponse unique devrait pouvoir y répondre.

Tout ce qui est de l’ordre du stratégique comme les fusions ou le lancement de nouveaux produits qui impliquent des compromis et diverses possibilités est davantage du domaine de la phronesis.

Le travail d’un bon entrepreneur est de s’assurer que chaque problème est dans les mains du bon décideur, celui qui sera le mieux à même de le résoudre. De là découle le principal enjeu : identifier la nature du problème.

La COVID-19, une mauvaise gestion

Ces différents faits expliquent la gestion de la COVID-19 et la dévastation sanitaire et économique qui s’en est suivi, estime le Harvard Business Review France.

Les dirigeants ont peiné à déterminer la nature du problème, ce qui explique selon les journalistes la gestion inégale de la crise.

Au tout début, la COVID-19 a été traitée comme un problème scientifique, appartenant donc au domaine épistémique. Les scientifiques pensaient que des réponses incontestables seraient apportées au problème dès qu’on déterminerait sa nature, son mode de transmission et son origine.

Cependant, il est apparu très vite que d’autres facteurs, reposant sur de multiples dimensions, auraient dû être pris en compte. La phronesis aurait également dû intervenir dans la prise de décision.

Les sociétés avaient besoin de processus pour déterminer l’équilibre entre différents facteurs de bien-être humain, bien trop disparate pour être intégrées dans le mode de pensée épistémique. La réponse à la crise ne devrait pas seulement être basée sur un défi de type collecte et analyse de données. Cela aurait permis de se préoccuper plus rapidement des défis sociétaux, assure le Harvard Business review.

Une gestion plus réfléchie

En faisant appel à différentes sortes de connaissances, la réponse à la pandémie aurait sûrement été plus rapide et adaptée, suggère le journal. Il aurait fallu faire comprendre que le problème était plus large qu’un problème uniquement médical.

Pourquoi ne pas intégrer le savoir des individus épistémiques avec le mode de pensée de personnes plus proches du Phronesis? Avec ce mode de pensée, les politiciens auraient pu plus rapidement prendre des décisions concernant le port du masque, les rassemblements, les fermetures, etc.

Cette gestion de crise offre un bel exemple pour les entrepreneurs. Une partie de leur travail est de définir la nature des problèmes à résoudre et déterminer la manière dont ils devraient être abordés.

Il n’est pas bon de demander l’avis de chacun sur un problème qui relève davantage de l’analyse de données. Il faut renvoyer le problème à la bonne personne-ressource pour éviter la paralysie ou la frustration.

Pour cela, il est nécessaire de comprendre les différents types de savoir et de déterminer le mode de pensée de chaque membre de votre équipe. Il est toutefois important de noter que la nature de chaque problème tend à changer au fur et à mesure de la croissance de l’entreprise.