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Arrivé depuis un peu moins d’un an chez IA Groupe financier pour occuper le poste de vice-président exécutif et chef de la gestion des risques, Philippe Sarfati a déjà échafaudé un plan de match structuré pour les trois prochaines années.

En septembre 2001, Philippe Sarfati entrait chez iA avec le mandat de faire évoluer la culture de risque de l’organisation. Un défi taillé sur mesure pour ce cadre supérieur possédant une longue expérience en gestion des risques et en conformité réglementaire dans les services financiers.

Il se dit animé par la volonté de « faire évoluer le seuil de maturité de l’entreprise ». « La culture de risque chez iA est déjà très saine, mais elle a besoin d’être davantage intégrée aux pratiques d’affaires afin de mieux répondre aux attentes des investisseurs. »

Sous sa gouverne, le groupe responsable de la gestion des risques passera de quelque 40 à 70 employés « afin d’aligner les pratiques d’iA avec celles des autres grands joueurs de l’assurance au Canada ».

Le nouveau système de contrôle permettra au conseil d’administration d’avoir « une photo du profil de risque de l’entreprise à travers toutes les catégories de risques, notamment les risques émergents », afin de pouvoir prendre des mesures d’atténuation au besoin.

« C’est plus facile à dire qu’à faire dans une organisation complexe comme iA qui possède de nombreuses lignes d’affaires », concède-t-il.

Nouveau cadre de gouvernance

Pour mettre en place ce cadre de gouvernance, il a commencé par créer des comités de gestion distincts pour chaque type de risque : risque financier, risque de marchés, de crédit et de liquidité, risque opérationnel et risque lié aux technologies de l’information, qui comprend la gestion des données, la sécurité de l’information et la fraude.

Un groupe d’affaires règlementaires a été constitué pour se concentrer sur la relation avec l’Autorité des marchés financiers (AMF). Son rôle consiste à tenir le régulateur au courant régulièrement des progrès de l’organisation envers ses recommandations. « Sans cette cohérence, il y a des risques de contradiction qui peuvent démontrer que l’on n’a pas un système de contrôle efficient », dit Philippe Sarfati.

Par ailleurs, un comité exécutif chargé de la gestion des risques a vu le jour pour recevoir la reddition de compte de chacun des sous-comités chargés des risques spécifiques. La création de ce comité exécutif sera soumise à l’approbation du conseil d’administration d’IA, précise Philippe Sarfati.

Un autre pilier de la stratégie réside dans l’amélioration du cadre de gouvernance des politiques corporatives. « C’est un outil essentiel, car ses principes et ses limites dictent ce que le management peut et ne peut pas faire à la suite de la délégation d’autorité du CA. »

Former la relève en gestion des risques

Philippe Sarfati prépare également un plan de succession en vue de former sa relève. Le candidat pour ce poste n’a pas encore été identifié. Le passage du flambeau devrait se faire d’ici 3 à 5 ans, déclare le dirigeant, qui ne se voit pas raccrocher les gants de sitôt. « Prendre ma retraite, ce n’est pas dans mon ADN ! » lance-t-il. Une fois sa mission chez iA terminée, il souhaiterait continuer à siéger à des conseils d’administration, à diriger des organisations ou à enseigner.

Passionné par la formation et le coaching, Philippe Sarfati a été chargé de cours pendant 9 ans à HEC Montréal, où il a suivi un MBA en finance internationale. Il considère que l’accompagnement de la relève est un élément clé dans la gestion du talent. « La gestion de la relève doit se faire de façon volontaire et structurée, et non pas sur un coin de bureau », assène-t-il. Pour se démarquer dans la course aux talents, il estime qu’il est essentiel d’offrir des plans de développement et de donner des opportunités de croissance aux employés à l’interne.

De l’Afrique à l’Amérique du Nord

Multiculturel et multilingue, Philippe Sarfati roule sa bosse depuis près de 35 ans dans l’industrie des services financiers. Son expertise englobe la banque commerciale, la banque d’entreprise et la banque internationale, ainsi que la gestion du crédit, du marché et du risque opérationnel.

Né en Afrique du Nord, il est arrivé à l’âge de 9 ans à Montréal avec sa famille, dans la foulée de l’indépendance de la Tunisie. Après des études au Collège Stanislas puis à l’Université McGill, il a débuté sa carrière en 1978 à la Banque de Montréal, où il a travaillé pendant 26 ans, jusqu’à occuper le poste de vice-président, Politique de risque intégrée. Il a ensuite été directeur de la pratique en gestion de risque chez EDS, puis vice-président et responsable des solutions bancaires et commerciales mondiales à la CIBC. Il a œuvré chez PMI et à l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada.

Au Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), de 2015 à 2017, il a été responsable d’un groupe de 130 spécialistes en gestion du risque. Auparavant, il dirigeait Promontory Financial Group Canada, où il conseillait les institutions financières sur la gestion du risque et la conformité réglementaire. Il a également été directeur général de Coast Capital Savings et a siégé au conseil de PACE Credit Union. Avant de se joindre à iA, il travaillait chez Concentra.

« Je me sens à l’aise dans toutes les cultures, qu’elles soient canadienne, italienne, française ou québécoise », dit-il. Passionné de jazz et de musique classique, œnophile averti, il a été un athlète élite au 100 mètres et au 200 mètres dans sa jeunesse. « Le sport m’a apporté une discipline de vie que je continue à maintenir aujourd’hui », assure-t-il. Père de deux fils, l’un psychiatre et l’autre entrepreneur en construction, grand-père de 5 petits-enfants, il mord dans la vie à pleines dents. Sa maxime favorite : « Ne vous enfermez pas dans des boites ! Apprenez de tout ! » Un principe qu’il dit mettre lui-même en application aussi souvent que possible.