Un homme d'affaire devant un mur où on peut voir un graphique de croissance.
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Les conseillers que nous interrogeons pour cette chronique ont souvent un fort biais de préservation de capital, notamment parce que beaucoup de leurs clients sont âgés. Dans le cas de Maxime Gauthier, chef de la conformité et représentant en épargne collective chez Mérici Services Financiers, à Sherbrooke, l’orientation est franchement tournée vers la croissance.

«Mes clients sont surtout des professionnels et des gens d’affaires dans la quarantaine, dit le conseiller, qui a la particularité d’avoir une formation en droit. Et la plupart des retraités que je sers ne sont pas encore à l’étape du décaissement. Ma clientèle cherche donc surtout la croissance, et a tendance à être mieux informée que la moyenne des investisseurs.»

Pour l’heure, les perspectives de croissance sont assez claires dans les marchés, juge-t-il. «Je suis raisonnablement optimiste. Je crois que les prix ont intégré la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis. La tendance des taux est connue, l’emploi et la consommation demeurent positifs en Amérique du Nord. Il reste cependant un élément d’imprévisibilité avec l’élection américaine, sans oublier qu’on est dans une fin de cycle économique.»

Ce contexte le conduit avant tout vers des gestionnaires aguerris et des firmes qui ont démontré une fidélité à leur style et à leur mandat, «des gens qui ont su conserver de la valeur à long terme, mais qui ont aussi montré leur capacité à rebondir après un creux de marché», fait-il ressortir. Il est donc paré pour un repli, mais «sans rester en coulisse quand la reprise va se manifester».

FONDS SÉLECT MONDIAL AGF

Manufacturier : AGF

Offre initiale du fonds : février 1996

Actif sous gestion (ASG) : 282 M$ (31 octobre 2019)

Ratio de frais de gestion (RFG), série OPC : 2,62 %

Rendement annualisé depuis 10 ans : 12,1 %

Ce fonds illustre bien les qualités que cherche Maxime Gauthier. Son gestionnaire, Tony Genua, est un vieux routier «qui a vu neiger» et qui dirige le fonds depuis 1996. De tels parcours ne sont pas fréquents. «Sa feuille de route a une grande régularité, commente Maxime Gauthier. Il ne panique pas quand ça chauffe et il génère une valeur supérieure.»

De plus, c’est un gestionnaire qui a de fortes convictions : il ne détient habituellement qu’une trentaine de titres. «Si on veut des centaines de titres en portefeuille, aussi bien aller dans des fonds indiciels», fait remarquer le conseiller.

Il aime particulièrement le fait que ce fonds d’AGF soit un fonds mondial d’actions, «parce qu’on ne peut plus rechercher la croissance seulement dans le marché nord-américain», dit-il. Et ce mandat mondial est d’une grande flexibilité, sans limites géographiques.

«En ce moment, la pondération est plus forte aux États-Unis et en Europe, mais c’est une situation qui change au gré des conditions de marché, précise Maxime Gauthier. Tony Genua dispose de toute la liberté pour manoeuvrer, et j’ai confiance qu’il va le faire.»

De plus, la disponibilité de Tony Genua est remarquable. Maxime Gauthier se rappelle une visite que le gestionnaire d’AGF a faite à Sherbrooke, chose rare, visite que ce dernier avait lui-même réclamée lors d’un passage à Montréal, «de façon à obtenir un point de vue plus régional, hors des grands centres», évoque le conseiller.

Ce fonds n’est pas à la base des portefeuilles de Maxime Gauthier. «On ne peut pas prendre un fonds mondial pour en faire le coeur d’un portefeuille, juge-t-il. Mais dans une allocation pour les actions, je recommande souvent une position de 10 % à 15 %.»

FONDS CROISSANCE QUÉBEC BNI

Manufacturier : Banque Nationale Investissements

Offre initiale du fonds : mars 2002

ASG : 198 M$ (31 octobre 2019)

RFG, série F : 2,52 %

Rendement annualisé depuis 10 ans : 14,2 %

Ce fonds géré par Fiera Capital constitue «un des secrets les mieux gardés dans les fonds d’actions canadiennes, juge Maxime Gauthier. J’ai d’ailleurs pensé à ne pas en parler ici, parce qu’en raison de sa concentration au Québec, sa capacité d’actifs est plus limitée.»

Il s’agit d’un success story qui satisfait son penchant nationaliste et celui de bon nombre de ses clients. «Plusieurs clients sont fiers d’investir chez nous», dit-il.

Ce fonds est représentatif de l’économie québécoise très diversifiée et ne ressemble pas à un fonds canadien classique. Ainsi, les titres d’énergie et de finance y occupent une faible place. Le secteur industriel domine et compte pour 40 % du portefeuille, tandis que la consommation discrétionnaire et les technologies de l’information sont bien représentées.

«J’aime placer ce fonds dans mes portefeuilles, mais avec parcimonie, à cause de sa concentration géographique», dit Maxime Gauthier.

FONDS VALEUR INTERNATIONAL MFS

Manufacturier : Placements mondiaux Sun Life

Offre initiale du fonds : octobre 2010

ASG : 1,7 G$ (31 octobre 2019, toutes les séries)

RFG, série A : 2,45 %

Rendement annualisé depuis la création : 10,9 %

«Les fonds mondiaux ont l’avantage de ne pas restreindre le champ d’action du gestionnaire, mais ils sont souvent très présents aux États-Unis, souligne Maxime Gauthier. Si on a le malheur d’aller chercher d’autres fonds américains, on se retrouve vite dans une position de forte surpondération.»

Ce fonds de Sun Life permet d’éviter ce piège, en plus d’offrir deux autres caractéristiques distinctives : il s’agit d’un fonds de style valeur et, de façon très cohérente avec ce style, la présence au Japon, à 20 % du portefeuille, y est prépondérante.

Cela plaît particulièrement au conseiller : «On a ici une approche prudente fortement influencée par la vision institutionnelle d’un assureur, une prévisibilité de la performance, une reproductibilité du processus d’investissement. Le fonds tend à sous-performer dans les bonnes années, mais tient bien la route dans les années difficiles.»