Un homme d'affaires qui contemplent un mur avec des flèches dessinées dessus.
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Diplômé en économie, Stéphane Beauchemin aime analyser ses placements et la Bourse en utilisant les grands cycles économiques comme toile de fond. Cette formation «me permet d’analyser les cycles économiques et boursiers dans lesquels nous nous trouvons et de créer mes portefeuilles en conséquence», dit ce représentant en épargne collective chez Services d’investissement Quadrus.

Deux autres facteurs influent sur ses investissements. D’abord, son profil de clientèle, formée en grande partie d’entrepreneurs et de personnes de plus de 40 ans. Ensuite, un impératif qui combine à la fois croissance et préservation du capital, mais où la croissance prime. «Il ne faut pas négliger la croissance, dit-il. On vit de plus en plus longtemps et on a besoin de revenus pendant plus longtemps. La préservation du capital, ce n’est pas suffisant, sinon on risque de manquer de ressources avec l’âge.»

Nous sommes encore en phase économique d’expansion, juge Stéphane Beauchemin, mais elle tire à sa fin. Sans parler de récession, un ralentissement économique et boursier s’annonce à l’horizon, résultat de la hausse de taux d’intérêt déjà amorcée. «Dans un cycle d’expansion, le style croissance est le plus efficace pour les clients, mais à la fin du cycle, c’est le style valeur qu’il faut privilégier.»

La sélection de fonds que le conseiller met de l’avant combine justement ces deux styles de gestion, parfois de façon très contrastée.

Portefeuille mondial de fonds de revenu et de croissance

Manufacturier : EdgePoint Wealth Management

Offre initiale du fonds : novembre 2008

Actif sous gestion (ASG) (30 septembre 2018) : 8,4 G$

Ratio de frais de gestion (RFG) : 2,0 %

Rendement annualisé depuis la création : 13,5 %

C’est un produit qui affiche «un rendement exceptionnel, dit Stéphane Beauchemin, tout particulièrement pour un fonds équilibré», dont la première caractéristique qu’il note est la grande concentration de titres, qui ne dépasse pas 40.

Malgré cette concentration, «les titres sont peu corrélés entre eux», dit-il. Par exemple, dans le secteur industriel, vous allez avoir un Shiseido, en cosmétiques et, par ailleurs, un fabricant de génératrices de secours. L’équipe de gestion, dont le style marie valeur et croissance à un prix raisonnable, «appelle ça la diversification par concept d’affaires», note le conseiller.

Cette équipe achète des entreprises, pas des titres en Bourse, rappelle Stéphane Beauchemin : «Ils se disent qu’à moins d’être prêts à acheter l’entreprise en totalité, ils ne mettront pas un sou dedans». Cette perspective prend un tour inattendu : toute la part obligataire du portefeuille est composée de titres des mêmes entreprises dont l’équipe achète aussi les actions.

Le fonds d’EdgePoint exige un investissement minimum de 20 000 $, ce qui n’est pas un problème pour une majorité de clients de Stéphane Beauchemin. Il n’hésite d’ailleurs pas à en faire un fonds de base de ses portefeuilles. «Je n’ai pas de problème avec 10 % ou 15 %, et même parfois jusqu’à 30 % d’un portefeuille,» affirme-t-il.

Catégorie Fidelity croissance et valeur mondiales

Manufacturier : Placements Fidelity

Offre initiale du fonds : juin 2018

ASG (30 septembre 2018) : 416 M$

RFG : n. d.

Rendement annualisé depuis la création : n. d.

Aucun des trois fonds de cette sélection n’illustre mieux le mariage valeur/croissance que privilégie Stéphane Beauchemin. Ce fonds de Fidelity réunit deux gestionnaires à la réputation légendaire dont on ne retrouve habituellement pas les approches dans un même portefeuille : d’un côté, Will Danoff, champion du style croissance ; de l’autre, Joel Tillinghast, champion du style valeur. «Une tête chaude, une tête froide», comme les caractérise Stéphane Beauchemin.

Bien qu’il soit de création très récente, rappelons que ce fonds est une continuation, d’une part, de la version canadienne du Contra Fund que gère Will Danoff aux États-Unis et, d’autre part, de la version canadienne du Low-Priced Stock Fund que gère Joel Tillinghast. Le premier, depuis sa création en 1967 affiche un rendement annuel moyen de 12,7 %, le second, de 13,6 %.

«C’est une bibitte particulière», dit Stéphane Beauchemin du fonds de Joel Tillinghast, «car les fonds de petite et moyenne capitalisation sont en général axés sur la croissance, mais on se retrouve ici avec un écart-type extrêmement bas et un style qui est presque « valeur profonde ». L’approche de Danoff est complètement contraire : croissance, écart-type beaucoup plus élevé, beaucoup de rotation et de titres technologiques».

À cause de sa structure particulière, ce fonds ne prend pas place à la base des portefeuilles de Stéphane Beauchemin. «Je le réserve pour une part plus « croissance » de mes portefeuilles, pour des clients qui ont un penchant croissance plus accusé, mais dans une portion qui ne dépasse pas 20 %.»

Fonds Combiné de dividendes stratégique – série conseil

Manufacturier : Investissements Manuvie

Offre initiale du fonds : août 2015

ASG (30 septembre 2018) : 1,58 G$

RFG : 2,29 %

Rendement annualisé depuis la création : 6,40 %

Ici encore, on se retrouve avec un fonds combiné qui a réuni, à partir de 2015, divers portefeuilles de Manuvie : le Fonds de revenu de dividendes, à hauteur de 40 % du portefeuille, le Fonds de revenu de dividendes Plus, à 20 %, le Fonds à revenu stratégique Manuvie, à 20 %, puis le Fonds d’obligations mondiales sans restriction, à 10 %.

Le style privilégie la valeur à un prix raisonnable, juge Philippe Beauchemin. «J’aime qu’il soit axé sur la protection du capital, mais tout en captant très bien les remontées boursières, note-t-il. Il donne plus de résistance aux baisses que le fonds d’EdgePoint, avec un écart-type très bas de 3,32 sur trois ans.»

Contrairement au fonds d’EdgePoint, la sélection de 648 titres est très large. Côté actions, le fonds donne préséance aux titres canadiens, mais les titres obligataires vont piger partout sur la planète.

Ce fonds, comme celui d’EdgePoint, prend place dans la partie de base du portefeuille, mais «pas autant que le EdgePoint, ajoute Philippe Beauchemin, même si le EdgePoint est plus risqué en termes d’écart-type, mais il a l’avantage d’offrir plus de potentiel de croissance. Je trouve que les deux fonds ensemble se complètent très bien.»