Hélène Marquis (Crédit photo: Martin Laprise)

Hélène Marquis est toujours aussi heureuse et touchée lorsque des jeunes lui disent avoir fait leurs classes en assurances en consultant ses écrits, ou que des clients lui confirment avoir appris quelque chose dans leurs échanges qui les a aidés à trouver une solution positive à une situation qui paraissait d’abord insurmontable.

«Le principal élément qui a guidé ma carrière et toute chose que j’ai faite dans ma vie, c’est la curiosité, et invariablement, peu importe le poste que j’occupais, j’ai passé une grande partie de mon temps à former les gens et à vulgariser des concepts», explique la directrice régionale, planification fiscale et successorale chez Gestion privée de patrimoine CIBC.

Active dans plusieurs associations vouées à la fiscalité et à la planification financière et successorale, par exemple l’Association de planification fiscale et financière (APFF), au conseil d’administration de laquelle elle a siégé de 2004 à 2012, et la Society for Trust and Estate Practitioners (STEP Canada) dont elle a présidé le Chapitre de Montréal de 2012 à 2014, Hélène Marquis a donné de multiples conférences et formations au fil des ans, en plus de publier de nombreux articles pour leurs membres.

«J’admire énormément Hélène, sa généreuse implication et sa curiosité insatiable», témoigne Anne-Marie Girard-Plouffe, associée chez Option Fortune, qui l’a connue d’abord à l’Institut québécois de planification financière (IQPF), où elles ont collaboré pendant plusieurs années au comité de publication et comme formatrices, puis à divers comités à l’APFF.

«Par l’étendue de ses connaissances pointues du milieu fiscal et financier, et grâce à ses compétences exceptionnelles de communicatrice, elle a su et sait toujours partager son savoir et son expérience avec ses pairs par de nombreuses conférences et publications, dit-elle. Peu importe la charge de travail bénévole, elle affiche une joie de vivre qui fait d’elle une personne de grande valeur dans ce monde juridique et fiscal en constante évolution.»

Parcours peu conventionnel

Hélène Marquis est diplômée en droit de l’Université de Montréal. Admise au Barreau du Québec, elle a pratiqué pour différents cabinets pendant une quinzaine d’années comme avocate plaidante en droit commercial et familial.

«Je voulais être comédienne», explique Hélène Marquis, qui a grandi à Rivière-du-Loup, dans la région du Bas-Saint-Laurent. Elle s’était même liée avec une troupe à laquelle appartenait Michelle Rossignol, qui l’incitait fortement à aller passer des auditions.

«Lorsque tu as 17 ans, tu ne sais pas trop ce que tu veux faire. J’en ai parlé à mon père et il n’était pas très content, raconte Hélène Marquis, sourire en coin. Alors, je suis allée en droit.»

Il faut dire qu’Hélène Marquis a grandi au sein d’une famille dont le père, un entrepreneur, a aussi été conseiller municipal, puis maire, et s’est impliqué au sein de nombreuses organisations, comme des fondations caritatives. Quant à sa mère, elle avait travaillé en comptabilité avant son mariage, puis a continué à aider son conjoint par la suite.

Hélène Marquis a d’abord étudié un an à l’Université Laval, puis s’est mariée. Puisque son conjoint étudiait à l’Université de Montréal, elle a déménagé dans la métropole où elle a terminé son parcours académique.

Une fois diplômée, elle a travaillé auprès de différents ministères, notamment celui des affaires municipales, avant de se joindre à un cabinet d’avocats spécialisé dans le droit administratif et municipal. «C’était une époque où les femmes apportaient le café et faisaient ce que les hommes ne voulaient pas faire, par exemple le droit familial et le petit droit commercial, celui lié aux petites entreprises», évoque-t-elle.

Les avocates étaient alors encore en minorité dans les cabinets et même que certains d’entre eux n’engageaient pas de femmes, se rappelle Hélène Marquis. «J’ai été chanceuse, car mon patron de l’époque, Mario Du Mesnil, trouvait les femmes efficaces et il en a engagé plusieurs. De plus, il ne nous reléguait pas aux chiens écrasés. Il nous impliquait réellement dans de bons dossiers qui étaient stimulants intellectuellement.» Il aurait même été le premier avocat à Montréal à s’associer avec une femme, selon elle.

Hélène Marquis ajoute : «Il nous faisait travailler fort, mais ce fut une véritable école. Toute la base de généraliste en droit que je possède aujourd’hui, c’est là que je l’ai apprise». Elle déplore d’ailleurs le fait qu’aujourd’hui, les gens se spécialisent trop tôt dans leur carrière et n’ont plus le temps d’acquérir une base, ce qui les empêche d’avoir le recul pour bien saisir la globalité d’une situation.

Hélène Marquis a choisi de développer sa pratique en se concentrant sur une approche assez nouvelle à l’époque : la médiation. «Personne ne faisait ça et j’étais l’une des premières à m’y intéresser. Ça correspondait assez à ma personnalité : je suis très patiente avec les humains.» Elle estime que le fait d’être une femme peut l’avoir avantagée, «parce qu’effectivement, on va être très souvent davantage portée à l’écoute».

Cette spécialisation, en la familiarisant avec des questions touchant par exemple le partage du patrimoine familial et des régimes de retraite, lui a permis de développer deux expertises, soit dans le domaine du droit familial et dans celui de la fiscalité des particuliers.

Moment clé

«Puisque je suis bien curieuse et que je dois toujours comprendre les choses, un moment est venu où j’ai voulu en apprendre davantage sur la fiscalité en assurance de personnes, car si on savait qu’il y avait une loi, seuls les actuaires la maîtrisaient réellement», raconte Hélène Marquis.

De manière fortuite, quelqu’un lui a alors parlé d’une ouverture à la Sun Life, pour un poste de soutien aux conseillers et de formateur. «J’ai pensé que mon expérience en droit familial et en droit des successions pourrait pallier ce que j’ignorais dans le domaine de la finance. Alors n’écoutant que mon courage et ma témérité, j’ai foncé, en imaginant passer deux à trois ans dans ce poste avant de revenir dans le droit et de peut-être enseigner, car j’avais aussi commencé à faire de la formation sur la réforme du Code civil, à l’École du Barreau. Je suis demeurée 17 ans à la Sun Life et je ne me suis jamais ennuyée.»

Malgré tout, Hélène Marquis en convient, elle a dû apprendre beaucoup de choses en arrivant dans le secteur de la finance. Elle s’est notamment inscrite à la formation de planificateur financier, recevant son titre de l’IQPF en 1997, puis a obtenu en 2001 son diplôme de deuxième cycle en fiscalité de l’Université de Sherbrooke.

«Avoir pratiqué seulement le droit, je n’aurais probablement pas trouvé mon compte», estime Hélène Marquis. Avec le recul du temps, elle est d’avis que le moment clé de sa carrière est sans doute la journée où elle a décidé de quitter les cabinets d’avocats pour aller travailler dans une institution financière.

Son passage à la Sun Life a permis à Hélène Marquis de mieux comprendre des produits financiers tels qu’une assurance vie. «Je peux vous dire que si j’avais su, au moment où je pratiquais le droit, ce que je sais aujourd’hui de ces produits financiers, bon nombre de mes clientes auraient eu des rentes ou une autre structure financière pour garantir leur situation financière.»

Seule à Montréal pour développer le secteur et répondre aux journalistes, Hélène Marquis a rédigé un grand nombre de conférences et d’articles au cours de cette période. «Je relevais de gens qui étaient à Toronto. Ils me faisaient une confiance aveugle. Lorsque je suis arrivée dans ce domaine, il n’y avait à peu près rien d’écrit, ou un peu en anglais. Alors, je suis partie de zéro et j’en ai fait beaucoup.»

En 2011, en marge de changements structurels à la Sun Life, Hélène Marquis choisit de répondre favorablement à une offre de la CIBC et de traverser littéralement le Square Dorchester qui sépare l’édifice Sun Life et la tour CIBC. «Ça faisait une éternité qu’ils me faisaient des offres et on faisait des farces à ce sujet, puisque la direction de CIBC a une vue directe sur nos bureaux à la Sun Life et que plusieurs personnes avaient déjà « traversé le parc »».

Au sein de Gestion privée de patrimoine CIBC, le rôle d’Hélène Marquis se bonifie du volet investissement, bien qu’elle ne se considère pas comme une spécialiste.

«Tout ce que j’ai fait dans mes autres vies en droit familial, en droit des successions, en droit des affaires, dans le domaine de la finance, en assurance et en fiscalité, me sert quotidiennement, car ici je travaille avec les clients à valeur élevée. Des clients bien nantis qui ont réussi leur vie et ont de belles histoires de succès à raconter, mais qui connaissent parfois aussi des difficultés», explique-t-elle.

Le rôle d’Hélène Marquis consiste en grande partie à aider ces clients à préparer le transfert de leur entreprise, soit à leurs enfants ou à un tiers, à les aider à préparer leur testament ou à le refaire, puis à vérifier que les conventions d’actionnaires et les mandats de protection soient conformes. «Ce rôle me permet de mettre à profit toute l’expérience acquise dans le passé et j’aime beaucoup ça.»

Pour Hélène Marquis, le domaine de la finance en est un qui est bien varié, qui est évolutif et qui fait entièrement partie de la vie des gens. «On pense que les questions financières se limitent à ce qui se passe dans des grandes tours de verre, dans des villes comme Toronto et New York, mais ce n’est pas vrai. C’est présent dans la vie de tout un chacun, dans leur compte de banque, leur REER, leur régime de retraite – lorsqu’ils ont la chance d’en avoir un – et cela, chaque jour, et c’est ce qui rend mon travail aussi intéressant.»