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À l’heure actuelle, la firme de gestion de portefeuille OpenMind Capital affiche près de 10 M$ en actif sous gestion. Onze clients fortunés, principalement du Québec, sont de la partie.

« Nous travaillons à obtenir un mandat de gestion institutionnelle de 20 M$. Comme nous sommes les seuls finalistes, les probabilités de succès sont bonnes. D’ici la fin 2018, nous voulons atteindre le cap des 50 M$ en actif sous gestion », dit Karl Gauvin, président et chef des investissements de la firme.

Cependant, c’est l’énoncé des objectifs à long terme qui force réellement l’attention. « Nous voulons avoir 7,5 G$ en actif sous gestion d’ici 2028. Notre technologie de réduction de risque, qui repose principalement sur les options, est unique », affirme le cofondateur de ce gestionnaire alternatif fondé en juillet 2014.

OpenMind Capital entend s’inscrire dans les stratégies de décaissement des nombreux baby-boomers du continent. « Nos produits réduisent la volatilité et se positionnent très bien dans ce contexte. Par ailleurs, nous envisageons la venue d’éventuels partenaires stratégiques qui favoriseront notre croissance », dit Karl Gauvin.

Loin des miettes de table

Avec ses 25 ans d’expérience dans l’industrie, Karl Gauvin, qui est également professeur à temps partiel à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM), n’a pas le profil d’un rêveur. Formé à l’école de Jean-Guy Desjardins, il a l’ambition chevillée au corps ainsi que la passion d’entreprendre.

« J’ai fait mes premiers pas dans l’industrie de la gestion d’actif sous la direction de Jean-Guy Desjardins, un visionnaire doté de beaucoup d’énergie et d’ambition. C’est un mentor en entrepreneuriat. J’y ai beaucoup appris, entre autres choses qu’on ne se lance pas en affaires pour récolter les miettes de table », explique Karl Gauvin.

Alors qu’il étudiait à HEC Montréal au début des années 1990, Karl Gauvin décide de faire un stage d’été chez TAL Gestion d’actif, une société pilotée par le quasi-inconnu qu’était alors Jean-Guy Desjardins. « À l’époque, la Caisse de dépôt et placement du Québec était l’alpha et l’oméga des étudiants en finance », se souvient Karl Gauvin.

Plutôt insolite pour l’époque, cette décision de stage allait l’amener à passer 12 ans chez TAL, dont les 4 dernières (3 ans et 9 mois) en tant que chef adjoint des placements.

« On apprend énormément à côtoyer un entrepreneur d’exception comme Jean-Guy Desjardins. Il a déclenché une croissance phénoménale. Il voit grand. Il sait inspirer ses troupes. Ce type d’expérience ne s’enseigne pas à l’école », dit Karl Gauvin.

« Je suis un quantamental »

OpenMind Capital se présente comme un spécialiste de la construction de portefeuilles équilibrés à faible volatilité.

« Nos clients n’ont pas envie de revivre la crise de 2008. Ils veulent que leur capital leur survive. On vise à détecter les zones de turbulence et à favoriser les rendements absolus. À l’aide de produits dérivés, on diminue le risque et on évite les fortes corrections des marchés », explique Karl Gauvin.

OpenMind Capital chasse sur l’immense territoire des grandes capitalisations américaines, canadiennes et mondiales. « Nous ne sommes pas limités par rapport aux occasions de placement », constate Karl Gauvin.

Le processus d’investissement conjugue les approches fondamentale et quantitative. « Le dosage entre données fondamentales et algorithmes ainsi que la façon de les combiner constituent notre sauce secrète. Nous n’avons pas de données ésotériques et le jugement humain garde toute sa pertinence. Je me définis comme un quantamental », précise Karl Gauvin, ce terme étant une contraction des adjectifs anglais quantitative et fundamental.

« On y croit »

Les trois fondateurs et propriétaires d’OpenMind Capital ont placé leurs billes dans l’entreprise. Le président, Karl Gauvin, ainsi que le directeur scientifique, Paul Turcotte, y ont misé « la totalité de leurs actifs financiers ». Le gestionnaire de portefeuille Dino Mastroianni y a investi « un pourcentage significatif de ses actifs financiers, dont ceux de sa conjointe ».

« On croit en nos chances », dit Karl Gauvin.

L’investissement d’initiés constitue d’ailleurs l’un des facteurs de succès des fonds alternatifs. Une récente recherche menée par la NYU Stern School of Business et la Columbia Business School, intitulée « Skin or Skim ? Inside Investment and Hedge Fund Performance », signale que les rendements peuvent alors augmenter de 36 points de base par mois, ou 4,3 % sur une base annualisée.

Karl Gauvin finance également le fonds de roulement, qui représenterait près de 0,5 M$, depuis le démarrage de la firme. Inutile de le préciser : jusqu’ici, personne chez OpenMind Capital ne touche de salaire.

L’actif minimal que doivent investir les clients dépend des stratégies retenues. Il se situe à 100 000 $ dans le cas de la stratégie diversifiée à faible volatilité. Pour sa part, la stratégie rendement absolu d’actions américaines exige un investissement initial de 0,5 M$. La grille d’honoraires se situe à 0,75 % pour la stratégie diversifiée à faible volatilité, et à 1 % plus 10 % en frais de performance pour la stratégie rendement absolu d’actions américaines.

D’ici la fin de l’année 2018, OpenMind Capital compte lancer, à l’intention des investisseurs qualifiés, son premier fonds d’investissement dit de rendement absolu d’actions américaines. Il pourra alors être distribué par des conseillers inscrits à titre de représentants-conseils ou de gestionnaires de portefeuille en vertu du Règlement 45-106 sur les dispenses de prospectus.

« Ce sera l’une des voies de la croissance d’OpenMind Capital », signale Karl Gauvin.

« Un des très grands défis de la gestion privée consiste à automatiser le processus d’ouverture de comptes. C’est long et fastidieux, notamment en raison des exigences de la règle de connaissance des clients, le Know Your Client. Beaucoup de clients potentiels finissent par laisser tomber », indique Karl Gauvin.

Afin de résoudre ce problème, OpenMind Capital est en train de développer un système automatisé d’ouverture de comptes. « On veut que ça devienne aussi simple qu’avec les Wealthsimple de ce monde », ajoute le président et chef des investissements d’OpenMind Capital.

À l’aide d’un assistant virtuel (chatbot), les programmeurs d’OpenMind Capital ont réussi à automatiser une « grande portion » du processus. « D’ici deux ans, toutes les firmes de gestion privée seront en mesure d’offrir, à cet effet, une expérience hors pair », dit Karl Gauvin.