Notamment, les comptes à honoraires devraient être de plus en plus répandus, alors que les exigences en matière de divulgation des frais et des rendements s’imposeront. «Le MRCC 2 favorisera encore davantage la conversion à des services à honoraires», affirme Howard Atkinson, président de Horizons ETFs Management (Canada).

Les comptes à honoraires prennent de plus en plus d’importance depuis au moins 10 ans. Selon Investor Economics, 37 % de l’actif des services de courtage de plein exercice des six grandes banques est maintenant administré dans des comptes à honoraires dégroupés, en hausse par rapport à 16 % en 2005. Investor Economics définit les comptes à honoraires dégroupés comme des programmes discrétionnaires gérés par des conseillers, des programmes non discrétionnaires de comptes gérés séparément, et des programmes non discrétionnaires de comptes de courtage à honoraires.

À la différence des banques, les services de courtage traditionnel indépendants administrent 26 % de leurs actifs dans des comptes à honoraires dégroupés, en hausse par rapport à 7 % en 2005. Les conseillers indépendants qui vendent des fonds communs ne représentent que 2 % des comptes à honoraires dégroupés. La possible interdiction des frais de gestion intégrés, comme les commissions de suivi, pourrait aussi pousser davantage de clients et de conseillers vers les FNB. Ces frais ont déjà été bannis au Royaume-Uni et en Australie, et les organismes canadiens de réglementation envisagent de prendre des mesures semblables.

En conséquence, des conseillers pourraient adopter une pratique à honoraires, les FNB constituant une composante importante de ce virage. Patricia Dunwoody, directrice générale de l’Association canadienne des FNB, mentionne que les FNB, à l’instar des fonds communs de série F, peuvent «très bien s’intégrer» dans un modèle à honoraires.

Un autre facteur déterminant tient au fait qu’un compte à honoraires contenant des FNB peut s’avérer moins coûteux qu’un portefeuille traditionnel de fonds communs de placement. Par exemple, un conseiller exigeant des honoraires qui représentent 1 % de l’actif à investir peut recommander un FNB, alors qu’un conseiller à commission recommanderait un fonds commun de placement et recevrait une commission de suivi de 1 %. Puisque les FNB comportent habituellement des frais de gestion inférieurs à ceux d’un fonds commun de placement, il en coûterait légèrement moins pour le client de retenir les services d’un conseiller exigeant des honoraires. Bien entendu, il ne s’agit que d’une option et, dans d’autres cas, un conseiller pourrait facturer un honoraire supérieur à 1 % de l’actif à investir du client. Ou encore, il pourrait recommander un FNB plus complexe comportant des frais de gestion plus élevés.

Certains pays remarquent déjà une corrélation entre les exigences de divulgation et l’utilisation de FNB et de comptes à honoraires. Horizons et la division iShares de BlackRock Asset Management Canada ont tous deux constaté la croissance rapide de leur actif sous gestion dans les pays ayant entrepris un important remaniement de la réglementation visant à informer les investisseurs à l’égard des frais.

«Alors que le secteur devient de plus en plus transparent au sein de tous les marchés, nous constatons que les FNB et iShares s’imposent comme instruments de prédilection pour les conseillers, et je m’attends à ce que cela se produise ici», indique Warren Collier, directeur général et responsable des fonds iShares, chez BlackRock Canada.

Toutefois, ce ne sont pas tous les intervenants de l’industrie qui voient la mise en oeuvre de MRCC 2 comme un avantage pour les services conseils à honoraires et les FNB. Selon Greg Pollock, président et chef de la direction d’Advocis, la croissance des actifs des FNB fait partie de «l’évolution naturelle» du marché canadien alors que les conseillers et les clients se familiarisent davantage avec ces produits. «Ils connaîtront un essor, mais je ne peux affirmer plus particulièrement que les [services conseils à honoraires] seront à l’avant-plan d’une croissance phénoménale sur le marché.»

L’intérêt grandissant à l’égard de la rémunération à honoraires a aussi retenu l’attention de l’Institut des fonds d’investissement du Canada. Toutefois, sa présidente et chef de la direction, Joanne De Laurentiis, n’est pas convaincue qu’il découle directement du MRCC 2. À son avis, le MRCC 2 permettra d’approfondir les conversations avec les clients à l’égard de leurs objectifs, ce qui les aidera à choisir les produits de placement les plus appropriés, qu’il s’agisse d’un fonds commun ou d’un FNB. «Ce que le MRCC 2 aidera à peaufiner [et] peut-être à améliorer et à rehausser, c’est la qualité de cette conversation, dit Joanne De Laurentiis. Le produit devient presque secondaire, mais à ce stade, la décision est plus facile à prendre.»