
Les épisodes majeurs de stress sur les marchés, comme la crise financière mondiale et la pandémie, ont suscité des inquiétudes parmi les régulateurs internationaux quant au rôle que jouent les fonds du marché monétaire dans l’aggravation de ces tensions. Or, de nouvelles recherches de la Banque du Canada indiquent que les fonds du marché monétaire canadiens se comportent différemment.
Dans une note de recherche publiée cette semaine, les économistes de la banque centrale présentent les résultats d’un examen du secteur canadien des fonds du marché monétaire, lequel conclut que, contrairement à d’autres marchés, ces fonds n’ont pas été une source de stress supplémentaire au Canada.
À l’échelle mondiale, on a observé que les fonds du marché monétaire pouvaient parfois accentuer les tensions financières lorsqu’une forte demande de rachats les obligeait à vendre des actifs dans des marchés en repli. Cette dynamique avait pour effet d’amplifier les pressions de liquidité sur les marchés du financement à court terme et de réduire la capacité des fonds à soutenir le financement des gouvernements et des entreprises.
Étant donné le rôle important et croissant des fonds du marché monétaire canadiens dans les marchés du financement de gros, les chercheurs se sont demandé si le Canada était exposé aux mêmes risques de liquidité que d’autres grandes économies.
L’étude a révélé que le secteur des fonds du marché monétaire a considérablement grandi au Canada, les actifs ayant augmenté de 180 % depuis 2019. Ces fonds jouent aussi un rôle significatif dans certains segments du marché : ils détiennent environ 5 % des bons du Trésor gouvernementaux et 11 % du papier à court terme.
Cependant, le secteur canadien s’est comporté différemment en période de stress.
Alors que les fonds mondiaux ont subi d’importants retraits au cours des récentes périodes de tension, les fonds canadiens ont plutôt enregistré des entrées nettes, et n’ont donc pas ajouté de pression sur la liquidité, note la Banque du Canada.
Par exemple, au début de la pandémie, en mars 2020, les fonds du marché monétaire canadiens ont enregistré environ 4 milliards de dollars de créations nettes.
« L’absence de retraits d’investisseurs alors que les conditions de financement à court terme se détérioraient suggère que les sorties [de fonds du marché monétaire] n’ont pas amplifié ces tensions, contrairement à ce qui a été observé dans d’autres juridictions », indique la note.
Les chercheurs avancent que cette stabilité relative pourrait s’expliquer par la plus forte proportion d’investisseurs de détail dans le secteur canadien, comparativement à d’autres pays. En 2024, les investisseurs institutionnels ne représentaient que 14 % des actifs des fonds du marché monétaire canadiens, contre 80 % à 90 % ailleurs.
Cette distinction est importante, selon la Banque du Canada, car les investisseurs de détail sont moins susceptibles de liquider rapidement leurs placements par besoin de liquidités, tandis que les grands gestionnaires d’actifs peuvent être amenés à vendre pour répondre à des appels de marge ou renforcer leurs coussins de liquidité afin de respecter leurs limites de risque.
« Notre analyse est conforme aux travaux antérieurs du Conseil de stabilité financière, selon lesquels le Canada n’a pas été identifié comme une juridiction où les vulnérabilités des fonds du marché monétaire pourraient poser d’importants risques pour la stabilité financière », conclut la note.
La Banque du Canada ajoute que ses équipes continueront de surveiller périodiquement le secteur.