Je ne connais aucun chef ou agent de conformité qui se lève le matin, le sourire aux lèvres et se frottant les mains, en pensant aux pauvres représentants qu’il aura la chance de faire souffrir aujourd’hui en ajoutant un formulaire ou une directive à la quantité déjà appréciable qui nous incombe tous.

Je ne connais aucun chef ou agent de conformité qui souhaite volontairement compliquer les opérations en vous demandant de passer par Chibougamau pour aller à Gaspé.

Je ne connais aucun chef ou agent de conformité qui, au moment d’aller au lit, implore le ciel qu’un nouveau règlement entre en vigueur afin de lui assurer du travail pour les mois à venir.

J’en connais tout un tas par contre qui ont à cœur la réussite de nos entreprises, l’établissement de saines normes professionnelles, mais surtout et par-dessus tout : le succès de nos clients et leur protection.
Bien entendu, rien n’est parfait et des erreurs peuvent être commises. Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre…

Il peut arriver qu’un formulaire soit plus ou moins utile, plus ou moins efficace. Il peut arriver qu’une procédure nous force à changer nos façons de faire et nous oblige à travailler différemment. Il peut arriver qu’une bonne idée soit en fait une bonne mauvaise idée.

Comme dans tous les domaines, certaines personnes ou entreprises ont plus de facilité à innover ou à s’adapter. Certaines parviennent à faire d’importants changements sans tout chambouler. La taille, la philosophie et l’intégration de votre courtier peuvent, à cet égard, jouer un rôle primordial et permettre qu’une même règle soit appliquée différemment d’un endroit à un autre de manière tout à fait légale.

Les professionnels de la conformité ont pour tâche de veiller à la protection des clients, du courtier, du représentant et, dans un sens plus large, du système dans son ensemble. Ce système repose sur un ensemble de principes auxquels nous adhérons tous : transparence, communication et imputabilité.

Nous devons mettre en place des systèmes qui garantissent le respect de ces principes et permettent de protéger tout le monde des pommes pourries.

Encore une fois, nous pouvons déplorer que la majorité paie pour une minorité d’escrocs et de fraudeurs. Je me joindrai à vous.

Mais gardons en mémoire qu’il existe également des limites de vitesse pour ceux qui ne savent pas être raisonnables, des peines de prison pour ceux qui ne respectent pas les règles élémentaires de la vie et une mention dans le manuel de l’utilisateur de votre voiture disant que le régulateur de vitesse (cruise control) n’est pas un pilote automatique.

Nous sommes humains et nous devons nous protéger de nous-mêmes, ou de certains de nous-mêmes…

Oeuvrer dans l’industrie des services financiers implique la détention d’un permis et l’obtention d’un tel permis demeure un privilège qu’il faut mériter. Nous avons tous tendance à nous coller à notre quotidien et à oublier cette réalité. Nous avons tous tendance à prendre les choses pour acquises. Mais un privilège ne vient pas seul : « À grands pouvoirs, grandes responsabilités ». Même les bandes dessinées de notre jeunesse nous le rappellent…

Il nous incombe donc, en tant qu’acteurs de l’industrie, de nous questionner sur notre rapport à celle-ci et à ses règles. De nous questionner sur nos motivations profondes et notre désir d’aider nos clients. D’agir en professionnels ou en « peddler ».

Notre industrie se transforme et se professionnalise au bénéfice de nos clients. Nous pouvons certainement débattre de la manière dont cela est conduit ou de la destination vers laquelle nous allons. C’est sain et absolument nécessaire. Toutefois, grogner, bouder, se croiser les bras et réclamer le statu quo n’apporte rien de constructif.

Il est tout à fait possible de respecter les règles et les procédures et d’avoir une pratique conforme tout en gagnant bien sa vie. La méthode y est pour beaucoup. Le respect des principes de transparence, de communication et d’imputabilité aussi.

Oui, cela nous demande parfois de changer nos habitudes et de travailler différemment. Mais différemment ne veut pas dire que c’est pire. Le verre peut être à moitié plein, vous savez…

Il est impossible de régler le sort d’une question aussi complexe en quelques lignes. Cette chronique n’est que l’amorce d’une pensée plus large qui vous invite à considérer les défis de la conformité sous un autre angle. De faire de la conformité votre alliée. Car, en réalité, c’est ce que nous sommes.