En janvier 2006, l’IQPF a décidé d’imposer une exigence minimale de formation : désormais, il faudrait un baccalauréat pour obtenir le titre. C’est alors que le nombre de diplômés s’est mis à dégringoler.

«C’était dur à vivre, mais nous savions que c’était un virage majeur qu’il fallait prendre. Le fait d’exiger un baccalauréat allait faire baisser de beaucoup le nombre de diplômés, mais nous préférions en avoir moins, pourvu qu’ils soient mieux formés», dit Jocelyne Houle-LeSarge.

«Quand je suis entrée à l’IQPF en 2002, environ 65 % des gens réussissaient l’examen, maintenant, ce pourcentage est de 75 % à 78 %. Les candidats sont plus forts et mieux préparés», ajoute la PDG.

Grâce à une image rehaussée et aux efforts menés sur les campus, le nombre de diplômés de l’IQPF a recommencé à grimper lentement, et était de 236 diplômés en 2015. Selon le registre de l’Autorité des marchés financiers (AMF), on compte 752 cabinets de planification financière.

C’est sans compter les grandes institutions financières qui accueillent la plupart des nouveaux diplômés en planification financière. Au Groupe Investors, où l’on prévoit que 30 % des conseillers actuels prendront leur retraite dans les 5 à 10 prochaines années, l’abréviation du titre, pl. fin., est même devenue un critère d’embauche et de rétention.

Groupe Investors veut amener 100 % de ses conseillers à obtenir le titre d’ici 2021, et l’entreprise est prête à financer le coût de la formation (environ 3 000 $) pour y arriver.

«On sait que d’ici les cinq à sept prochaines années, la grande majorité des conseillers détiendront le titre de pl. fin. chez nous, dit Claude Paquin, président, Services financiers Groupe Investors.

Ce n’est qu’une question de temps, mais tous les conseillers qui entrent chez nous s’engagent à aller chercher le titre».

Actuellement, Groupe Investors compte 250 planificateurs financiers, et l’entreprise prévoit doubler ce nombre d’ici 2017.

D’autres, comme la Banque de Montréal (BMO), rendent le titre alléchant pour leurs employés en fournissant certains outils et en réservant certaines pratiques aux planificateurs financiers. Naviplan est un des logiciels que la banque met à la disposition des détenteurs du titre seulement.

«Quand j’étais un spécialiste en investissement, je ne pouvais pas réellement produire un plan financier pour un client. BMO exige que je sois un planificateur financier pour avoir le droit d’utiliser le logiciel et de signer un plan», dit Boyan Ivanov, planificateur financier chez BMO.

Si le titre est devenu une porte d’entrée pour les promotions, il n’en a pas toujours été ainsi, constate Jean Paquin, planificateur financier, conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective au Groupe Investors. «Le titre aide aujourd’hui plus qu’avant. Dans les années 1990, n’importe qui pouvait l’avoir, alors ça avait plus ou moins de valeur. Maintenant, avec des jeunes qui ont déjà une formation universitaire, ça commence à avoir de l’allure», dit-il.

Selon lui, il faudra encore quelques années pour que le titre de planificateur gagne ses lettres de noblesse, le temps que certains conseillers pour lesquels il n’y avait aucune barrière à l’entrée cèdent peu à peu la place aux plus jeunes. «Je viens d’un domaine où l’on a tellement étudié fort que le fait de voir des gens obtenir le titre sans les mêmes exigences peut être frustrant», dit ce comptable de formation, également expert en fiscalité.

Un titre à la croisée des chemins

L’IQPF avance prudemment qu’il existe deux catégories de planificateurs : ceux d’avant 2006 et ceux d’après. «Toutes les professions s’améliorent et rehaussent leurs normes, nous ne sommes pas les seuls. Et il ne faut pas oublier qu’ils doivent tous passer l’examen pour obtenir le permis», précise Jocelyne Houle-Lesarge.

Ce qu’elle déplore, c’est que le titre soit utilisé parfois à toutes les sauces. «Il est protégé dans la Loi, malheureusement, un grand nombre d’autres titres similaires et défendus sont utilisés tous azimuts et nous n’avons aucun contrôle là-dessus. Le pire, c’est « conseiller financier » qui n’existe même pas !»

L’IQPF, fondé en 1989, souhaite depuis longtemps la création d’un ordre professionnel des planificateurs financiers afin de centraliser l’encadrement de la profession et de mieux protéger le public. Actuellement, la profession est encadrée par cinq organismes : l’IQPF, l’AMF, la Chambre de la sécurité financière (CSF), l’Ordre des comptables professionnels agréés (CPA) et l’Ordre des administrateurs agréés (Adm.A.)

«Nous nous sommes donné un code de déontologie ainsi que des règles de gouvernance et de pratique. Nous publions aussi nos normes d’hypothèse de projection pour appuyer le planificateur dans sa pratique. Pour nous, la création d’un ordre est la prochaine étape», dit Jocelyne Houle-LeSarge.