Elle tiendra d’ailleurs une consultation avec les membres de cette industrie le 7 juin prochain afin d’évaluer les adoucissements à faire.

« La valeur des actifs des Québécois augmente, mais on voit l’érosion de notre gestion active vers Toronto. C’est facile de délocaliser la gestion d’actif », a noté Hugo Lacroix, directeur principal des fonds d’investissement à l’AMF, lors du 11e colloque de conformité du Conseil des fonds d’investissement du Québec, mercredi.

« On va ouvrir un dialogue avec les gestionnaires d’actif pour que la gestion de fonds se fasse dans un environnement règlementaire le plus efficace possible, qui ne freine pas l’émergence des firmes », a-t-il ajouté.

Parmi les allègements envisagés, Hugo Lacroix a noté l’obligation de fournir des états financiers aux investisseurs institutionnels. Par exemple, lorsque la Caisse de dépôt et placement du Québec donne un mandat à un gestionnaire, l’institution effectue une vérification diligente exhaustive. « Est-ce que la Caisse de dépôt a besoin d’état financier qui coûte quelques milliers de dollars? » a-t-il dit.

L’AMF évalue l’ensemble de sa tarification aux gestionnaires de portefeuille, y compris celle qui touche l’inspection.

« Une inspection, c’est riche pour une petite firme, surtout au début. Ça l’aide à développer une culture de conformité, a mentionné Hugo Lacroix. La facture de 25 000 $, quand tu fais déjà une perte, ça a un effet », a-t-il affirmé, soulignant qu’il souhaite avoir une discussion rapide et agir rapidement.

Concentration préoccupante

Lors du colloque, Hugo Lacroix a cité des chiffres illustrant les risques de concentration dans la gestion de l’actif en fonds d’investissement. De 2000 à 2016, le nombre de gestionnaires de fonds d’investissement est passé de 138 à 115. En 2016, 75 % de l’actif en fonds est géré par le Top 10 des plus importantes firmes de ce secteur. Et 78 % de l’actif en fonds est géré par des groupes intégrés.

Selon l’écho qu’il a eu durant une tournée de gestionnaires d’actif qu’il a faite, la consolidation n’est pas encore terminée.

« Une consolidation comme on a vécu en gestion de fonds est un peu l’ennemi de la compétitivité de l’industrie », a indiqué Hugo Lacroix.

La concentration moindre dans le marché plus étendu de la gestion d’actif, lequel inclut aussi la gestion pour les investisseurs institutionnels est porteuse d’espoir et d’occasions, selon lui.

Les six plus grandes banques et les assureurs canadiens ont une part de marché de la gestion d’actif étendue respectivement de 31 % et 12 %, selon l’AMF, citant Strategic Insight. Les groupes de fonds « majeurs » ont une part de marché de 17 %, ce qui laisse 40 % pour les autres gestionnaires d’actif.

De plus, 44 % de l’actif des investisseurs institutionnels est géré à l’externe par rapport à 16 % pour l’actif de fonds offerts aux clients particuliers.

« Pour moi, elle est là la niche pour préserver la compétitivité du secteur québécois », a souligné Hugo Lacroix.

Cette position devrait plaire aux différents groupes qui visent à faire la promotion de la gestion d’actif en sol québécois, dont Finance Montréal et le Conseil des gestionnaires en émergence.