Des fonds pour garnir le plat de résistance
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Quatre autres principes, très interreliés, dirigent ses interventions : discipline, patience, maîtrise des émotions et perspective. Cela en entraîne un autre : écarter le bruit médiatique, «qui est souvent négatif, incorrect et incohérent, complète-t-il. Ce sont les attitudes que j’essaie d’instaurer chez mes clients dans toutes nos rencontres, tous nos échanges, et dans un blogue que j’écris depuis cinq ans.»

Paradoxalement, malgré une approche résolument conservatrice, Antonio Tiberio s’oppose à l’idée reçue selon laquelle la teneur en risque d’un portefeuille tient à l’âge du client. «C’est une fausse idée imposée par l’industrie, lance-t-il. L’horizon est plus important que l’âge. Un client de 40 ans et un autre de 60 ans peuvent avoir le même horizon.»

Au centre de ses portefeuilles, le conseiller donne la priorité aux fonds gérés, ou fonds de fonds, par exemple le Portefeuille Équilibre 2203 de Fidelity, composé à 60 % d’actions, ou encore le Portefeuille Croissance 2205, composé à 75 % d’actions. «Activement gérés et rééquilibrés, ces portefeuilles procurent aussi une certaine protection à la devise pour la portion étrangère. Pour un client au profil équilibré, ces fonds seront mes choix de préférence dans une proportion de 75 % à 80 % des portefeuilles.»

Autour de ce centre, Antonio Tiberio a recours à divers fonds au caractère plus accusé pour accentuer le risque et la croissance ou pour accentuer le conservatisme. C’est dans cette périphérie que loge sa sélection de trois fonds dont il nous a entretenus.

Fidelity marchés émergents

Manufacturier : Fidelity

Création : décembre 1994

Actif sous gestion (ASG) : 1,01 G$ (au 31 mai)

Ratio des frais de gestion (RFG) : 2,34 % (série B)

Rendement annualisé depuis 10 ans : 0,66 % (au 30 avril)

«Ce qui m’attire ici, ce n’est pas tant ce fonds particulier de Fidelity, mais le secteur lui-même, qui s’avère très payant par les temps qui courent, affirme Antonio Tiberio. Je le détiens moi-même, pour ajouter du piquant à mon portefeuille.»

Attention, ce n’est pas pour tout le monde, car il peut être à risque élevé, avertit le conseiller. «Il faut être capable d’endurer les fluctuations de Bourses et de devises !» ajoute-t-il. Ainsi, il insère ce fonds dans un portefeuille, mais dans la partie périphérique, où il ne dépasse pas une pondération de 10 %.

La performance historique a été décevante, reconnaît-il ; par contre, des changements récents d’allocation d’actifs, notamment un virage vers les pays d’Europe de l’Est, l’ont revigoré, ce qui lui a permis d’atteindre un rendement de 26,38 % depuis un an.

Fonds immobilier (CIGWL)

Manufacturier : Great West

Création : avril 1989

ASG : 3,96 G$

RFG : 3,27 %

Rendement annualisé depuis 2005 : 6,62 %

Un autre instrument auquel Antonio Tiberio a recours à la périphérie, il s’agit ici d’un fonds distinct dont l’intérêt principal tient à sa corrélation neutre à la Bourse. «Il a sa propre tête, commente le conseiller. Alors que tous les titres baissent en Bourse, il peut être le seul à monter.»

Prenant place dans la catégorie des placements alternatifs, ce fonds investit au Canada directement dans des immeubles, par exemple le High Park Village – West Tower, à Toronto, et le Crestwood Corporate Centre, à Vancouver. Ses revenus proviennent de deux sources : les loyers et le gain en capital au moment de la vente d’un immeuble.

Il arrive qu’Antonio Tiberio ait recours à cet instrument à la place d’un fonds obligataire. «J’ai eu des résultats supérieurs, commente-t-il, et il est moins sensible aux taux d’intérêt qu’un fonds obligataire.»

Antonio Tiberio assigne habituellement ce fonds à ses clients au profil très conservateur, quoique pas nécessairement, car il a déjà fourni des rendements de 15 % dans ses très bonnes années.

Catégorie Fidelity Vision stratégique

Manufacturier : Fidelity

Création : janvier 2017

ASG : 877,8 M$ (au 31 mai)

RFG (série B) : 2,43 % (estimé)

Rendement annualisé depuis sa création : 12,3 %

Ce fonds est la réplique canadienne, tout récemment lancée, du célèbre Contrafund géré par Will Danoff, considéré comme un des meilleurs gestionnaires de sa génération.

Antonio Tiberio lui accorde sa faveur pour deux raisons : la pondération américaine du fonds, à hauteur de 93 %, ainsi que l’approche et la réputation de Will Danoff.

Bien que Will Danoff ait été formé par le légendaire Peter Lynch, c’est la perspective d’un Warren Buffett qui inspire ici Antonio Tiberio. Les grands titres du portefeuille, comme Amazon, Apple, Google, Bank of America, obéissent au principe de «poste de péage» cher à l’oracle d’Omaha. Ces entreprises occupent une position dominante dans leur marché, de telle sorte qu’elles agissent comme des postes de péage où on n’a pas d’autre choix que de payer.

En mettant tous ces ingrédients ensemble, ce fonds risque de répondre aux attentes, ce que son départ vigoureux avec un rendement de 12,3 % laisser présager.