Implication sociale: quelques précautions
Bloomberg

Dans ce deuxième article d’une série de deux sur le sujet, trois conseillers d’expérience nous parlent des facteurs à prendre en compte avant de décider de s’impliquer dans un organisme.

Bien évaluer sa disponibilité

Avant de s’engager dans une organisation, il est important d’évaluer ses disponibilités personnelles. « Ça demande beaucoup de temps et d’énergie, rappelle Manon Lévesque planificatrice financière et représentante en épargne collective pour Desjardins Cabinet de services financiers inc. basée à Charlesbourg. Parfois, j’ai eu presque l’impression de travailler plus pour la Jeune chambre de commerce que pour mon employeur! »

C’est pourquoi celle qui est actuellement membre du c.a. de l’Association des gens d’affaires de Lebourgneuf estime que « pour donner une valeur ajoutée à notre implication, vaut mieux se limiter à un ou deux organismes ».

« Quand je m’implique, je ne fais pas du présentéisme, renchérit Maxime Gauthier, chef de la conformité et représentant en épargne collective chez à Mérici Services Financiers à Sherbrooke. Et si je manque de temps pour bien faire les choses, je cède ma place à quelqu’un de plus disponible. »

S’assurer de ne pas se placer en conflits d’intérêts

Il n’existe pas « formellement » de limites à l’implication sociale d’un conseiller. Toutefois, la prudence est de mise pour s’assurer de ne pas contrevenir au Code de déontologie de la Chambre de la sécurité financière. « Il faut faire attention aux liens possibles entre nos implications et les entités que nous acceptons comme clients », précise Maxime Gauthier.

« Il ne faut pas se mettre en position de conflit d’intérêts, car notre intégrité professionnelle est l’un des éléments les plus importants de notre pratique », poursuit Manon Lévesque, qui conseille de valider ses actions auprès de son employeur. « S’informer à son département de conformité, c’est le meilleur réflexe qu’un conseiller peut avoir! », approuve M. Gauthier, lui-même chef d’un tel service.

Surtout, être patient

« C’est long, même très long, avant de voir les bénéfices professionnels ou financiers d’une implication », rappelle madame Lévesque. Le conseiller doit donc s’armer de patience.

« Je comprends que c’est une nécessité pour un jeune qui commence de vouloir développer sa clientèle, mais même si tu tires sur la fleur, elle ne poussera pas plus vite, illustre Maxime Gauthier. Quand je m’implique, je pars du principe que je viens de semer une graine. En agriculture, pour avoir une récolte qui a de l’allure, il faut en semer vraiment beaucoup, et attendre pour voir celles qui vont germer, puis pousser. C’est la même chose pour les relations d’affaires. »

Si tu t’impliques avec comme premier objectif faire de la business, tu n’en feras pas, avertit Louis Khalil, premier vice-président et gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale à Rimouski. Mais si tu t’engages parce que tu en as le goût, tu vas finir par faire de la business, parce que les gens vont te voir aller et finiront par avoir confiance en toi. »

« Tu ne t’impliques pas dans le but de te faire connaître ou de réseauter, ajoute Maxime Gauthier. Quand tu choisis de t’impliquer, tu le fais parce que tu le désires, que tu es prêt à t’engager à y mettre du temps, du cœur et même de l’argent quand c’est nécessaire. Si tu fais un bon travail et que tu es chanceux, les clients, ça pourra devenir un avantage marginal. »


Ne pas négliger les activités sportives

Les passionnés de golf, de tennis ou de hockey ne doivent pas hésiter à s’inscrire dans un club. Ou même à en fonder un, comme l’a fait Louis Khalil, avec Les Pionniers du Cégep de Rimouski pour « permettre une certaine rétention de nos jeunes passionnés de football en région, tout en luttant contre le décrochage ».

Le gestionnaire de portefeuille oeuvre aussi depuis de nombreuses années à l’organisation du tournoi de golf de l’Auberge du Coeur Le Transit. « Nous invitions une centaine de nos clients à y participer, qui en apprennent plus sur un organisme qui vient en aide aux jeunes tout en passant une belle journée. C’est gagnant pour tout le monde! »

Encore une fois, l’important pour y développer un bon réseau est d’être sincère et assidu, mais pas trop insistant. « Il ne faut pas essayer de vendre tes services à tes coéquipiers à chaque partie, avertit Manon Lévesque. Parce qu’un moment donné, ça ne leur tentera plus de jouer avec toi! »