Un homme d'affaire tendant son bras pour une poignée de main
f8studio / 123rf

C’est pourquoi, quelques fois par année, j’essaie de prendre un temps d’arrêt et de revenir à ce que sont les fondements de mon action professionnelle. Pourquoi ai-je choisi ce domaine? Ce travail? Cette entreprise? Est-ce que je serais prêt à refaire ce choix aujourd’hui? Demain?

Suis-je capable d’expliquer ce choix à mes enfants avec passion et conviction?

L’idée n’est pas de constamment douter. Simplement de revenir à la base et de refaire un choix conscient et assumé. De vivre ce choix. De s’assurer qu’il ait un sens.

Il serait facile de simplement me dire que ce sont mes pas qui m’ont mené jusqu’ici, que telle invitation a tout changé ou encore que je ne suis pas à plaindre et ne devrais pas perdre de temps sur de telles questions.

Et pourtant… Ce faisant, je risquerais de perdre l’essentiel et de désincarner l’idéal de notre profession.

Car au-delà du chemin que nous avons tous, il y a tous ces carrefours où il a fallu faire un choix. Je ne sais pas pour vous, mais sur un itinéraire, je considère que le carrefour est pas mal plus important que la portion où le GPS vous dit de continuer tout droit pendant 152 km!

Mais pourquoi tout ce préambule? Où tu t’en vas avec tes skis, Maxime?

C’est à la lecture de cet article que j’ai réalisé à la fois que je ne suis pas seul à chercher un sens à mes actions, mais également que nous semblons échouer lamentablement, comme industrie, à communiquer ce sens, cet objectif, ce but.

En effet, si une carrière en finances semble intéressante pour plusieurs jeunes diplômés, c’est avant tout pour des raisons pécuniaires et de stabilité. On repassera pour la passion, la volonté d’innover et d’aider son prochain!

Je ne suis pas naïf. Bien sûr que le fait de connaître du succès dans notre domaine permet de bien gagner sa vie et que cela peut être un objectif pour plusieurs.

Pourtant, on oublie là encore le réel objectif et on met le focus sur le moyen. À moins d’être une réincarnation de Séraphin Poudrier, l’accumulation de richesse n’est pas en soi un objectif pour la plupart d’entre nous. C’est ce que cette richesse nous permet de faire : réaliser des rêves et des projets.

Personnellement, j’ai toujours considéré que c’était là l’essence de mon travail : permettre à mes clients de réaliser leurs rêves et leurs projets. Les aider à mettre en place un plan, identifier leurs moyens, faire fructifier leurs atouts, prendre des décisions éclairées et être en contrôle de leur destinée financière.

Tout le reste de mon quotidien, les formulaires, les rapports, la conformité, la réglementation, etc. ne représente que la structure nécessaire à l’accomplissement de ma mission.

Pourquoi donc les étudiants sondés, dont faisait mention l’article précité, ne perçoivent-ils pas la finance comme un vecteur de changement positif pour la société? Je veux dire, j’assume être un idéaliste mais si seulement 8% perçoivent ce qui nous motivent moi et de nombreux collègues tous les jours, c’est que nous échouons collectivement à le communiquer.

Dans un contexte où la relève se fait rare et la main d’œuvre, encore plus, nous ne pouvons accepter le statut quo à ce sujet. Il nous faut repenser la manière dont nous communiquons notre essence, repenser certains choix d’industrie qui peuvent heurter cette essence.

Prenons un exemple : cette course vers les ménages fortunés dans laquelle s’est engagée notre industrie.

Bien sûr qu’un ménage fortuné est plus intéressant commercialement parlant. Plus d’actifs à gérer, plus de besoins de protection, plus de complexité ce qui ouvre la porte à une rentabilité accrue pour une même unité de travail.

C’est un fait que je ne conteste pas et, comme tout le monde, je suis heureux et honoré de la confiance que ces ménages très en demande placent en moi lorsqu’ils retiennent mes services professionnels.

Par contre, je me refuse obstinément à ne me consacrer uniquement qu’à eux pour une raison extrêmement simple : il est rare de naître avec une cuillère d’argent dans la bouche.

Des milliers de ménages plus modestes ont besoin de nos conseils et de nos services pour améliorer leur sort et réaliser leurs projets. Choisir de les écarter serait oublier que nous vivons en société, que cette vie en société implique une forme de devoir civique et qu’en tant que privilégiés (nous sommes éduqués, financièrement avantagés, détenteurs d’un droit de pratique délivré par l’État) nous devrions accomplir ce devoir avec honneur et enthousiasme.

Voilà une conviction qui m’anime et qui peut faire la différence dans notre société.

Il y en a d’autres. J’en ai d’autres. Sans doute que vous aussi.

Mais nous échouons collectivement, comme industrie, à les incarner ou à les communiquer et il faudra tôt ou tard s’y attarder si nous ne voulons pas nous condamner à stagner.

Il faut être cohérent avec nos valeurs plutôt que de rechercher simplement à maximiser les profits. C’est ainsi que nous attirerons des talents de choix qui pourront nous aider à changer le monde.